Pessah 5784, revivre le passé
La haggadah nous commande de raconter l’exode comme si nous avions nous-mêmes été en esclavage. Cette fois, pas besoin de remonter des milliers d'années en arrière
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Depuis maintenant plus de six mois, depuis l’invasion et le massacre perpétré par le Hamas, Israël tente de faire libérer les otages que le gouvernement terroriste de Gaza garde en captivité.
En novembre dernier, un cessez-le-feu d’une semaine a permis d’en libérer un grand nombre, mais 129 d’entre eux sont encore aux mains du Hamas, dans des conditions épouvantables, après tous ces jours, toutes ces semaines, tous ces longs mois. Nombre d’entre eux ne sont plus en vie.
Lorsqu’Israël et le peuple juif tout entier, partout dans le monde, prendra place autour de la table du Seder de Pessah cette année, personne n’aura besoin de s’entendre rappeler la pertinence de l’exode et de sortie de l’esclavage. Personne n’aura besoin de s’entendre rappeler l’obligation que nous fait la haggadah de raconter, année après année, l’histoire de ce sauvetage comme si nous étions nous-mêmes réduits en esclavage puis libérés.
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Cette année, nous n’aurons pas à faire preuve de beaucoup d’imagination pour remonter le temps, tout au plus parcourir l’actualité.
Nous serons de tout cœur avec ceux qui nous manquent lorsque nous dirons : « Cette année, nous sommes là ; l’année prochaine, en terre d’Israël. Cette année, nous sommes des esclaves ; l’année prochaine, nous serons libres. Rarement ces quelques lignes auront été prononcées avec autant de ferveur nationale.
En outre, des dizaines de milliers d’Israéliens célébreront Pessah, cette année, avec un profond sentiment d’exil intérieur – forcés de quitter leur maison, dans le nord du pays, ou incapables de retourner chez eux dans le sud.
Nous commençons à peine à nous faire à l’idée de la mort de ceux qui ne reviendront jamais – ceux qui ont été massacrés le 7 octobre ou ceux qui ont perdu la vie dans la guerre qui fait rage. Nous ne pouvons pas rester indifférents à la mort de ces personnes prises entre deux feux – tout du moins, celles qui ne sont pas complices de l’invasion, non provoquée, de notre patrie juive ressuscitée.
Le peuple d’Israël moderne a rarement, sinon jamais, été confronté à ce point à la mort, au terrorisme psychologique et au risque de disparaître. Pour le meilleur ou pour le pire, nous n’avons jamais eu besoin de l’intervention directe d’autres pays pour déjouer une attaque ennemie – comme nous l’avons fait dans la nuit du 13 avril, lorsqu’une coalition remarquable, dirigée par les États-Unis avec le soutien de la Jordanie et de l’Arabie saoudite, nous a permis de sortir presque indemnes d’une attaque directe sans précédent de missiles et de drones lancés contre nous par le régime extrémiste islamique de l’Iran.
La nation d’Israël n’est pas, et ne veut pas, être seule au monde. Elle va avoir besoin de toute sa sagesse pour préserver et même faire fructifier des alliances littéralement vitales.
Elle aura besoin de toute sa sagesse, également, pour sortir de ces heures sombres, qui trainent en longueur. De sa sagesse, de sa résilience et de son unité. Et, à l’évidence, d’autorités intelligentes, expérimentées, avec du sang-froid.
L’intervention d’une puissance supérieure ? Eh bien, c’est peut-être ce qui aide le peuple juif, d’une manière réellement unique au monde, presque miraculeuse pour tout dire, et ce, depuis des générations, pour ne pas dire depuis les temps les plus reculés. Et peut-être, comme le suggère le Deutéronome 28 :8, que la puissance supérieure aide ceux qui s’aident eux-mêmes.
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Lundi soir, j’ai interviewé Giora Eiland, un général à la retraite et ancien chef du Conseil de sécurité nationale. Il a présenté des propositions assez radicales pour faire face à la crise – rien qui soit de l’ordre de la panacée, mais plutôt ce qui lui paraît être les moins mauvaises options.
Je partage son dernier euphémisme : « J’espère que l’année prochaine, à la veille de Pessah, nous nous parlerons à nouveau et que cela ira mieux. »
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