Pic de coqueluche chez les enfants des communautés haredi de Jérusalem
L'Association israélienne de pédiatrie et celle des sages-femmes demandent au ministère de la Santé de faire campagne pour la vaccination contre des maladies encore mortelles
Au moins de 215 cas de coqueluche ont été signalés au ministère de la Santé depuis le mois de janvier, soit 12 fois plus que durant la même période en 2022, qui n’avait enregistré que 17 cas.
La grande majorité des cas sont localisés à Jérusalem et parmi les haredim, dans des communautés où les taux de vaccination sont inférieurs à la moyenne des autres populations. Neuf cas ont été identifiés dans la région de Tel Aviv.
La coqueluche est une maladie très contagieuse, mais évitable, causée par des bactéries qui se propagent facilement via la toux ou les éternuements. Elle est particulièrement dangereuse pour les bébés, qui peuvent présenter une toux sévère et une respiration sifflante ainsi que des vomissements, de la fièvre et un écoulement nasal. Dans les cas les plus sévères, il peut y avoir des apnées (pauses respiratoires), une cyanose (bleuissement de la peau) voire la mort.
C’est pour cette raison que l’Association israélienne de pédiatrie a adressé une lettre, le 1er juin dernier, au ministre de la Santé, Moshe Arbel, et au directeur général du ministère de la Santé, Moshe Bar Siman Tov, leur demandant de prendre des mesures d’urgence contre l’épidémie en envoyant des unités de vaccination mobiles dans les quartiers en déficit de vaccination.
La vaccination contre la coqueluche se compose de plusieurs injections commençant dès l’âge de deux mois. Elle est également recommandée aux femmes enceintes durant le troisième trimestre de la grossesse.
« Cette épidémie est le résultat d’une sous-vaccination induite par la pandémie de coronavirus », explique au Times of Israel le professeur Zachi Grossman, président de l’Association israélienne de pédiatrie.
Grossman lie cette sous-vaccination à une forme de lassitude envers le vaccin contre la COVID.
« Si l’on considère les taux de couverture nationale – pas seulement la région de Jérusalem – on constate une baisse ces deux dernières années. Pas seulement en Israël. C’est le cas partout ailleurs en Occident… C’est probablement lié aux deux problèmes majeurs associés aux vaccins contre la COVID, à savoir l’accessibilité des centres de vaccination en raison des confinements et la peur de s’exposer au virus dans les hôpitaux et les cliniques, et la controverse sur l’innocuité des vaccins contre le coronavirus », explique Grossman.
« Tout cela a eu un impact sur ce que nous considérions jusqu’alors comme une confiance totale dans la vaccination infantile. Ce n’était manifestement pas le cas », ajoute-t-il.
Grossman a demandé au ministère de la Santé de ne pas oublier qu’il y avait traditionnellement davantage d’épidémies – coqueluche, poliomyélite ou rougeole – dans les quartiers haredi de Jérusalem. Certaines sont dues à une résistance de principe au vaccin et au système national de santé. Grossman y voit l’influence de la taille et des conditions de vie des familles haredi.
« Dans ces quartiers, les habitants – des familles nombreuses – vivent dans des conditions favorables aux contagions. Ce ne sont pas des personnes opposées par principe aux vaccins. Mai elles ont du mal à faire en sorte que tous leurs enfants se rendent aux consultations pédiatriques (à la Tipat Chalav) », explique Grossman.
« C’est là que les unités de vaccination mobiles ont un rôle important à jouer. Il faut rendre les vaccins accessibles. On peut se faire livrer de la nourriture, alors pourquoi pas des vaccins », propose-t-il.
L’Association israélienne des sages-femmes a également publié une déclaration conseillant aux femmes enceintes, dans leur 27e à leur 36e semaine, de se faire vacciner contre la coqueluche.
« Il est essentiel de se faire vacciner à la fin de la grossesse de façon à protéger le bébé lorsqu’il vient au monde. Il est alors protégé par les anticorps contre la coqueluche, qui traversent le placenta, et lui assurent des défenses efficaces durant les quatre premiers mois de sa vie.
« La vaccination est sans danger pour la mère et le bébé », précise le communiqué.