Plastique: moins de 10% recyclé, l’OCDE veut une réponse « mondiale coordonnée »
Le plastique a été à l'origine en 2019 de 3,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, à 90 % pour sa production à partir d'énergies fossiles, souligne le rapport
Moins de 10 % du plastique produit dans le monde est recyclé, avertit mardi l’OCDE en appelant à une réponse « mondiale et coordonnée », à une semaine d’une conférence de l’ONU qui pourrait lancer des négociations sur un traité international contre cette pollution.
Selon un rapport « perspectives mondiales du plastique », compilé par l’Organisation de coopération et de développement économiques, sur 460 millions de tonnes (Mt) produites en 2019 dans le monde, la production de déchets s’est établie à 353Mt.
Mais, « seuls 9% des déchets plastiques ont été en fin de compte recyclés, tandis que 19 % ont été incinérés et près de 50 % ont fini dans des décharges contrôlées. Les 22 % restants ont été abandonnés dans des décharges sauvages, brûlés à ciel ouvert ou rejetés dans l’environnement », souligne le rapport.
La pandémie de Covid-19 a entraîné une légère baisse de l’utilisation (-2,2 %) en 2020, mais une hausse de la consommation de plastiques à usage unique. Et la consommation mondiale « devrait repartir à la hausse » avec le rebond de l’économie.

Outre la pollution induite, le plastique a été à l’origine en 2019 de 3,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, à 90 % pour sa production à partir d’énergies fossiles, souligne le rapport. Gaz qui sont responsables du réchauffement climatique qui s’accélère selon les scientifiques.
Pour faire face à ces doubles conséquences en matière de pollution et de climat « il sera primordial que les pays répondent par des solutions mondiales et coordonnées, » écrit Mathias Cormann, patron de l’OCDE.
Les experts de l’organisation basée à Paris proposent donc une série de « leviers », à commencer par le développement des marchés de plastiques recyclés, qui ne représentent encore que 6 % des matières utilisées, notamment en raison d’un coût souvent supérieur à celui d’une production primaire. Ils suggèrent notamment de multiplier les filières à « responsabilité élargie du producteur » sur la gestion des déchets, ou d’imposer des seuils minimaux d’utilisation.
Il recommandent également de développer l’innovation « pour rendre le cycle de vie des plastiques plus circulaire », soulignant que seules « 1,2 % des innovations en rapport avec les plastiques présentent un intérêt environnemental ».

Mais selon eux les politiques publiques doivent également viser à « contenir parallèlement la consommation globale de plastiques ».
Le rapport plaide enfin pour un renforcement de la coopération internationale face à un marché du plastique partie intégrante de la mondialisation, avec « un alignement des approches en matière de conception et de réglementations ». Une harmonisation qui suppose également « d’investir massivement dans les infrastructures élémentaires de gestion des déchets », avec une aide internationale « pour en financer le coût, estimé à 25 milliards d’euros par an dans les pays à revenu faible et intermédiaire ».
Le travail de l’OCDE est publié moins d’une semaine avant l’ouverture de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement, le 28 février à Nairobi, qui devrait lancer officiellement des pourparlers en vue d’un futur traité sur les plastiques, dont l’étendue exacte reste toutefois sujette à discussions.
Interrogé sur les priorités d’un tel accord, Shardul Agrawala, chef de la Division de l’intégration de l’environnement et de l’économie à l’OCDE, a relevé lors d’un point de presse qu’il « y a des problèmes urgents de gestion des déchets responsables de la grande majorité de la pollution ». Mais « il ne faut pas nous limiter aux solutions en aval, il y a un plus grand besoin à long terme de forger une coopération internationale pour un alignement des normes pour promouvoir la circularité et éliminer les déchets en amont », a-t-il insisté.

Selon un sondage rendu public mardi par ailleurs, réalisé pour l’ONG WWF par l’institut Ipsos dans 28 pays sur tous les continents, en moyenne 88 % des personnes interrogées considèrent « assez important » (23 %), « très important » (31 %) ou « essentiel » (34 %) la conclusion d’un traité international pour lutter contre la pollution plastique. La sensibilisation va de 96 % au Mexique ou 95 % en Chine, à 78 % aux Etats-Unis et 70 % au Japon.
Israël est le deuxième plus grand consommateur par habitant de plastique à usage unique dans le monde et 90 % des déchets de ses plages sont en plastique. L’Etat hébreu a pris des mesures au 1er janvier pour réduire sa consommation.
Tel Aviv a la troisième plus grande quantité de pollution plastique sur son littoral parmi les villes de 22 pays méditerranéens, selon le Fonds mondial pour la nature, avec une moyenne de 21 kilogrammes de débris plastiques par kilomètre de côte.
Les plastiques qui finissent dans les mers et les océans sont un problème de plus en plus courant, qui tue la vie marine, contamine les poissons et les fruits de mer entrant dans la chaîne alimentaire, et entraîne des centaines de millions de dollars de pertes dans le tourisme et les industries liées à la mer.
Selon un sondage réalisé par l’Institut israélien pour la démocratie en novembre 2019, les Israéliens sont désireux de changer leurs habitudes, la plupart étant favorables à une interdiction par l’État de la vaisselle jetable.

En l’absence de législation nationale sur la question, certaines autorités locales ont pris des mesures pour éliminer progressivement les plastiques à usage unique dans les écoles et les jardins d’enfants, et un certain nombre de magasins privés ont également cessé volontairement d’utiliser des articles en plastique jetables.