Plus d’un millier de participants à la conférence pour un nouveau gouvernement
Organisée par des militants en quête de changement, la conférence de Haïfa, dans le nord du pays, est l’une des 14 initiatives de ce type lancées ces derniers mois
HAIFA – Plus d’un millier de personnes ont répondu à l’appel d’activistes réclamant un changement de gouvernement et ont participé à une conférence vendredi à Haïfa, dans le nord du pays, visant à définir les priorités pour l’avenir.
Cette initiative, qui compte parmi ses organisateurs sont l’ancien candidat du parti Avoda, Yair (Yaya) Fink, la professeure en sciences de l’information Karine Nahon et le journaliste Tomer Avital, est l’une des 14 rencontres organisées ces derniers mois au sein des camps du centre et de la gauche.
Elles ont pour but d’élaborer le programme législatif d’un gouvernement de centre-gauche qui, espèrent-ils, remplacera la coalition de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
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L’idée est de donner à ce futur gouvernement les outils dont il aura besoin pour pouvoir fonctionner rapidement.
Yaya Fink a contribué à la création de plusieurs des plateformes de démocratisation les plus connues d’Israël, notamment Lobby99, un lobby public financé par le biais d’un crowdfunding, et DemocratTV.
Il a expliqué au Times of Israel que l’événement visait à permettre aux citoyens ordinaires de faire des propositions « à partir de la base ». Il a ajouté que les organisateurs avaient récolté 150 000 shekels pour l’événement grâce à des donateurs locaux et étrangers et à des droits d’entrée discrétionnaires.
« Je crois en la construction d’infrastructures à long terme et en un avenir meilleur, plutôt que de me focaliser sur la dépression et les préoccupations du moment », a indiqué Fink, en référence au pogrom perpétré dans le sud d’Israël par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre dernier, et à la guerre qui s’en est suivie. Ce jour-là, les terroristes ont assassiné plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et enlevé 251 personnes pour les emmener dans la bande de Gaza. 101 d’entre elles seraient toujours en captivité, mais un tiers ne serait plus en vie.
Netanyahu répète régulièrement que toute discussion sur la tenue de nouvelles élections ne devrait pas être menée en pleine guerre de Gaza, tout en rappelant qu’une date avait été fixée à cet effet, à savoir octobre 2026.
Planifier le Futur
L’événement de vendredi, présenté comme la « Conférence de demain », s’est tenu au Centre de conférence de Haïfa, dans le nord d’Israël. De brèves présentations ont été suivies de discussions autour de quelque 80 tables, correspondant toutes à des ministères préalablement sélectionnés par les participants.
Fink a expliqué aux participants que les experts à la tête de chaque table transformeraient les idées en propositions concrètes. Il a expliqué que celles-ci seraient envoyées à Naama Schultz, collaboratrice de Yair Lapid, à l’ancien directeur général du ministère de la Sécurité intérieure, Tomer Lotan, ainsi qu’à d’autres groupes chargés de rédiger des textes législatifs pour le nouveau gouvernement espéré.
Schultz, qui a occupé de hautes fonctions, dont celle de chef du cabinet du Premier ministre, pendant la brève période où Yair Lapid (Yesh Atid) a dirigé le pays en 2022, dirige aujourd’hui Bonim MeHadash [Reconstruire de zéro], une organisation à but non lucratif qui se consacre au renforcement de la démocratie et de la participation citoyenne.
« Les propositions seront présentées aux partis politiques et aux instances chargées de les mettre en œuvre », a expliqué Nahon. Spécialiste de l’information, de la technologie et de la société à l’université Reichman de Herzliya et à l’école de l’information de l’université de Washington, Nahon s’est fait connaître en créant, immédiatement après le pogrom du Hamas du 7 octobre, une unité high-tech chargée d’aider à l’identification des personnes disparues.
Avital, journaliste indépendant et fondateur du site web Shakuf [Transparent], a parlé du « besoin de décentralisation pour encourager l’engagement civique et la démocratie ». Il a ajouté que 1 500 villes dans le monde impliquaient les citoyens dans la préparation des budgets nationaux. « Vous faites partie d’un projet pilote qui montre que cela est également possible en Israël », a-t-il déclaré en s’adressant aux personnes présentes.
Avital a souligné que c’était le pouvoir exécutif et non le pouvoir législatif qui prenait les décisions politiques. « La Knesset est presque toujours vide. Ce n’est pas là que les décisions sont prises », a-t-il déclaré.
L’éducation a été l’un des sujets les plus populaires, avec 10 tables se concentrant sur différentes questions. Cinq tables représentaient la santé. Les ministères de l’Intérieur et des Transports en avaient trois, les ministères des Finances, de la Justice et de l’Environnement deux chacun, et il y avait une table pour le « système législatif » et une autre pour la Knesset.
En passant d’une table à l’autre, cette journaliste a entendu de nombreux appels à une plus grande transparence du gouvernement, à une réflexion et une planification à long terme, à une coordination interministérielle, à une dévolution des pouvoirs aux autorités locales et à une répartition plus équitable des ressources entre les autorités locales.
Concernant la décentralisation, un participant à une table du ministère de l’Intérieur a critiqué ce qu’il a appelé « la bureaucratie sans fin », accusant que « tout nécessite une permission de Jérusalem » (où se trouvent les ministères). Une femme a souligné qu’une plus grande partie du budget d’une autorité locale devrait être laissée à la discrétion de cette autorité, à condition qu’il y ait un contrôle.
La coercition religieuse et la nécessité de prévoir la possibilité de mariages et d’enterrements civils sont des sujets qui ont également été abordés à maintes reprises. Pour certains, la décentralisation des pouvoirs vers les autorités locales permettrait aux municipalités dont la population est très majoritairement laïque d’autoriser les mariages et enterrements civils, ainsi que les transports publics le jour du Shabbat, ce qui représenterait mieux leur population. Les décisions sur ces questions sont actuellement entre les mains du rabbinat, soutenu par les partis haredim de la coalition gouvernementale.
Un participant a parlé du manque de coordination entre les ministères, soulignant qu’il y avait cinq ministres qui s’occupaient de la problématique sérieuse de l’insécurité alimentaire. Un autre a souligné la nécessité de réduire le nombre de ministères.
Aux tables du ministère des Finances, les participants ont souligné que si le ministère était responsable de l’élaboration des budgets, il n’était pas responsable des valeurs du pays.
Les propositions spécifiques comprenaient l’orientation des fonds de pension pour qu’ils investissent davantage en Israël plutôt que dans des « centres commerciaux à Varsovie », l’établissement d’un système d’éducation unique (remplaçant le système laïque, le système religieux national et le système Haredi indépendant), ou la création d’un plus grand nombre d’écoles intégrant les différentes populations du pays ; l’adoption de lois fondamentales (semblables aux lois constitutionnelles en Israël) pour définir les relations entre la Knesset et les tribunaux, et pour consacrer le droit à l’égalité. D’autres ont discuté de la fixation de dates butoirs pour les affaires judiciaires et de la mise en place de mesures visant à encourager les employés à utiliser les transports publics, plutôt que de soustraire les indemnités de voiture privée des salaires de ceux qui ne possèdent pas de véhicule.
Les participants étaient principalement âgés d’une quarantaine d’années. Emi Palmor, ancienne directrice générale du ministère de la Justice, a dit qu’elle s’attendait à un public plus jeune et a appelé les participants à encourager leurs enfants et petits-enfants à postuler dans les services publics, y compris dans la bureaucratie ministérielle.
Parmi les autres intervenants figuraient Yair Golan, ancien chef adjoint de Tsahal et chef du nouveau parti de centre-gauche, Les Démocrates, et Michael Biton (HaMahane HaMamlahti), ancien maire de la ville de Yeruham, dans le sud du pays.
Le mois dernier, le quotidien économique The Marker a révélé (en hébreu) que des personnalités de haut rang ayant une expérience du gouvernement, dont d’anciens directeurs généraux de ministères, avaient participé à l’élaboration d’une série de propositions détaillées dans un langage permettant une mise en œuvre immédiate par l’échelon politique.
Parmi les personnes impliquées, l’article cite les anciens directeurs généraux du ministère de l’Intérieur (Mordechai Cohen), du ministère de la Sécurité intérieure (Tomer Lotan), du ministère de la Protection sociale (Sigal Moran) et du ministère de du Travail (Tair Revivo-Ifergan).
Karnit Flug, ancienne gouverneure de la Banque d’Israël, Manuel Trachtenberg, ancien chef du Conseil économique national, Ayman Saif, ancien économiste principal au bureau du Premier ministre et fondateur de l’Autorité pour le développement économique des secteurs minoritaires, Eyal Hulata, conseiller à la Sécurité nationale d’Israël et chef du Conseil de sécurité nationale d’Israël (NSC) jusqu’en janvier 2023, Sarit Dana, ancienne procureure générale adjointe, et Eyal Yinon, ancien conseiller juridique de la Knesset, figurent également sur la liste.
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