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Portant un coup à Gantz, la n°1 de Gesher s’oppose au gouvernement minoritaire

Israël à l'aube de sa quatrième élection après qu'Orly Levy-Abekasis a déclaré qu'un gouvernement soutenu par la Liste arabe unie "viole les normes et valeurs fondamentales"

la leader du parti Gesher, la députée Orly Levy-Abekasis, durant un événement de campagne à Tel Aviv, le 5 février 2019 (Crédit :Flash90)
la leader du parti Gesher, la députée Orly Levy-Abekasis, durant un événement de campagne à Tel Aviv, le 5 février 2019 (Crédit :Flash90)

Le leader de Kakhol lavan Benny Gantz vient de subir un coup apparemment fatal dans ses efforts visant à former un gouvernement. La députée Gesher Orly Levy-Abekasis a fait savoir qu’elle refuserait de siéger dans un gouvernement minoritaire soutenu par la Liste arabe unie, plaçant Israël dans la perspective d’un quatrième scrutin en un peu plus d’un an.

Actuellement membre de l’alliance de gauche Parti travailliste-Gesher-Meretz, Orly Levy-Abekasis a écrit sur son compte Facebook qu’un gouvernement minoritaire soutenu par la Liste arabe unie « viole les normes et valeurs fondamentales », qu’elle ne voterait pas pour un tel gouvernement et qu’elle ne se considérait plus comme redevable à son alliance.

Sans nommer spécifiquement Gantz, elle l’a accusé de ne pas avoir tenu sa promesse aux électeurs et d’être « honteusement prêt à payer n’importe quel prix à n’importe qui pour former un gouvernement minoritaire ».

Sa déclaration est intervenue alors qu’il devenait évident que Gantz renforçait rapidement ses plans pour présenter à la Knesset, pour approbation, un gouvernement composé de Kakhol lavan (33 sièges), du parti Yisrael Beytenu (7 sièges) et de l’alliance Travailliste-Gesher-Meretz (7 sièges), la plupart ou la totalité des députés arabes de la Liste arabe unie (15 sièges) apportant leur soutien depuis l’extérieur de la coalition.

Ni le Likud de Benjamin Netanyahu ni Kakhol lavan n’ont obtenu la majorité des sièges à la Knesset lors des élections de lundi dernier, et aucun des deux ne dispose d’une voie claire vers une coalition majoritaire. Le Premier ministre est soutenu par 58 députés, et le Likud est le parti comptant le plus de sièges à la Knesset, qui en compte 120.

Si Yisrael Beytenu d’Avidgor Liberman et l’ensemble de la Liste arabe unie, qui a remporté 15 sièges, recommandaient au président Reuven Rivlin que Gantz forme la nouvelle coalition, il disposerait de 62 soutiens et pourrait obtenir le feu vert du chef de l’État.

Les dirigeants de Kakhol lavan ont rencontré le président Liberman mardi pour ce que les deux camps ont qualifié de séance « positive et substantielle ». Les quatre principaux députés – Gantz, Yair Lapid, Moshe Yaalon et Gabi Ashkenazi – ont pris la pose avec Liberman à la fin de la réunion et diffusé la photo sur les réseaux sociaux.

Le président d’Yisrael Beytenu Avidgor Liberman rencontre les dirigeants de Kakhol lavan, Benny Gantz, Yair Lapid, Gabi Ashkenazi et Moshe Yaalon le 10 mars 2020. (Autorisation : Elad Malka)

Mais avec le rejet d’Orly Levy-Abekasis et l’opposition de deux députés de l’aile droite de Kakhol lavan, Zvi Hauser et Yoav Hendel, qui ont également rejeté une coalition basée sur le soutien de la Liste arabe unie, Gantz n’aurait pas les 61 députés nécessaires pour être invité à bâtir un gouvernement, même si les 15 parlementaires arabes le soutenaient.

Cela pourrait condamner Israël à une quatrième élection en un peu plus d’un an, ou donner à Netanyahu une majorité si les trois réfractaires faisaient défection au profit du bloc de droite, ce qu’ils ont promis de ne pas faire.

Les blocs de la Knesset après les élections israéliennes du 2 mars 2020.

« Nous sommes tous témoins de dirigeants qui ont promis d’agir de manière digne de confiance et responsable, impliqués ces derniers jours dans un lobbying honteux et prêts à payer n’importe quel prix à n’importe qui afin de mettre en place un gouvernement minoritaire », a déclaré la présidente de Gesher.

« Il n’est pas moins alarmant que des décisions ayant une grande portée, comme la négociation avec la Liste arabe unie, y compris la sous-faction Balad, soient prises par un petit groupe qui a le sentiment de parler au nom de l’ensemble du bloc (centre-gauche) », a-t-elle écrit.

« Je ne soutiendrai pas un gouvernement qui s’appuie sur la Liste arabe unie et Balad et je ne me considère pas comme étant toujours redevable du partenariat avec Meretz », a-t-elle fait savoir, ajoutant que la fusion lui avait été imposée, ainsi qu’au chef du Parti travailliste Amir Peretz, par Kakhol lavan. Elle a affirmé avoir informé Amir Peretz de sa décision après les élections.

Toutefois, elle avait précédemment indiqué qu’elle ne s’opposerait pas à un gouvernement soutenu par les partis arabes.

« Je n’ai aucun problème avec le fait qu’ils soutiennent de l’extérieur sur des questions sociales », avait-elle assuré au site d’information Ynet le mois dernier. « Nous allons former un gouvernement dont les paramètres de base incluront des questions pour (tous) les citoyens ».

Ancienne membre de la Knesset avec le parti de droite Yisrael Beytenu, elle avait fait scission pour former son propre parti, Gesher, l’année dernière, mais n’était pas parvenue à entrer au Parlement suite au scrutin d’avril.

Elle a ensuite fusionné avec le Parti travailliste avant les élections de septembre, avant que cette alliance ne se joigne au parti Meretz pour celles de mars. Bien qu’elle se concentre principalement sur les questions sociales, la fille de l’ancien ministre des Affaires étrangères du Likud, David Levy, reste largement identifiée à la droite.

Le député de la Liste arabe unie Ahmad Tibi a réagi à son annonce en tweetant : « Au moins, nous n’avons pas de voleurs de mandats. »

L’ancienne cheffe du Meretz, Tamar Zandberg, a qualifié Orly Levy-Abekasis de « scandaleuse et raciste » et l’a appelée à démissionner.

« Le fait qu’elle ait été élue à la Knesset sur notre dos, avec les voix d’hommes et de femmes de gauche qui sont engagés dans un gouvernement Gantz et dans le partenariat judéo-arabe – l’oblige à abandonner son siège et à démissionner », a ainsi écrit Tamar Zandberg. « Elle n’a pas de mandat pour empêcher un gouvernement de gauche ».

La déclaration de la dirigeante de Gesher est intervenue quelques heures après que le quotidien Haaretz a rapporté que Gantz prévoyait de mettre rapidement en place un gouvernement minoritaire en fixant le 23 mars comme date limite, afin de ne pas laisser à Netanyahu le temps de tenter de semer la discorde et de rompre l’apparente trêve fragile entre Avidgor Liberman et les députés arabes.

L’article indique que le n°1 de Kakhol lavan a également prévu d’aller de l’avant malgré l’opposition des députés Hauser et Hendel, estimant qu’ils rentreront dans le rang une fois l’accord conclu.

Les membres de la Knesset Yoaz Hendel et Zvi Hauser de Kakhol lavan, le 29 avril 2019, avant l’ouverture de la session de la Knesset après les élections. (Crédit : Noam Revkin Fenton / Flash90)

Lapid a défendu mardi les projets de son parti de former un gouvernement minoritaire soutenu de l’extérieur par la Liste arabe unie, affirmant que c’était le seul moyen d’éviter la « catastrophe » d’un quatrième tour.

Une telle coalition, bien qu’elle ne soit « pas le gouvernement que nous voulions », est la seule façon de sortir de l’impasse politique dans laquelle nous nous trouvons depuis un an, a affirmé M. Lapid dans un message sur Facebook.

Yair Lapid (à gauche) et Benny Gantz, chef du parti Kakhol lavan, devant leurs partisans à Tel Aviv, le 20 février 2020. (Tomer Neuberg/FLASH90)

En dehors de l’opposition des trois députés, il n’est pas certain que la Liste arabe unie et Kakhol lavan puissent parvenir à un accord. L’une des exigences précédemment soulevées par l’alliance arabe a été le rejet par Gantz du plan de paix de l’administration du président américain Donald Trump, que l’ancien chef d’état-major de l’armée a approuvé.

« Contrairement aux mensonges que Bibi [Netanyahu] répand, la Liste arabe unie ne ferait pas partie de ce gouvernement », a écrit mardi Lapid. « Ils voteront une fois de l’extérieur [pour approuver le gouvernement], et ce sera la fin ».

Benjamin Netanyahu « a coopéré avec eux [la Liste arabe unie] un millier de fois auparavant. J’admets d’avance que ce n’est pas le gouvernement que nous voulions. D’un autre côté, il est de loin préférable à l’impasse actuelle. Un tel gouvernement pourrait établir un budget, les ministères se remettraient au travail, les commissions de la Knesset s’ouvriraient, nous aiderions les petites entreprises et empêcherions les licenciements massifs ».

Le Likud a tenté de présenter la Liste arabe unie comme étant hors des limites de la politique israélienne, en qualifiant ses membres de « partisans du terrorisme » et en citant leur opposition au sionisme et certaines positions anti-Israël extrêmes de membres de Balad, l’une des factions de la liste.

Ayman Odeh (C), leader du parti Hadash qui fait partie de l’alliance de la Liste arabe unie, intervient avec d’autres leaders au siège de Shefa Amr, le 2 mars 2020, après la fermeture des bureaux de vote. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

Le chef de Balad, Mtanes Shihadeh, a fait savoir mardi qu’il recommanderait que la Liste arabe unie s’abstienne de soutenir tout candidat au poste de Premier ministre lors de ses consultations avec le président. Il a déclaré à la radio Voice of Palestine que la Liste arabe unie attendait une proposition de Gantz et qu’aucune négociation n’était en cours.

Les députés arabes d’Israël refusent depuis longtemps de rejoindre un gouvernement pour des raisons idéologiques, enracinées dans leur soutien aux Palestiniens. Les parlementaires juifs ont, mutuellement, considéré que les partis arabes étaient inacceptables et se sont généralement abstenus de les inclure dans les tractations de coalition. Cependant, sous la direction de son dirigeant actuel, Ayman Odeh, certains segments de la Liste arabe unie ont apparemment atténué leur opposition à un tel partenariat. Après le précédent vote national en septembre, le parti a soutenu Gantz pour la formation d’un gouvernement, rompant avec son refus de longue date de soutenir les candidats aux postes de Premier ministre.

Les relations entre les députés juifs et arabes restent néanmoins très tendues, marquées par une méfiance mutuelle et des désaccords sur le conflit israélo-palestinien, la construction d’implantations et le sionisme. Les tensions ont été exacerbées par les commentaires des membres intransigeants de la Liste arabe unie qui ont semblé soutenir la violence contre les Israéliens, ainsi que par la rhétorique de plus en plus virulente des responsables politiques juifs, y compris Netanyahu, à propos de la Liste et de la communauté arabe israélienne en général.

Dans ses commentaires de mardi, Lapid a écrit que la seule alternative à une coalition votée par la Liste arabe unie serait une autre élection – la quatrième en un peu plus d’un an – qui serait une « catastrophe ».

« Nous irions vers une quatrième élection, comme le veut Bibi. Oui, c’est aussi terrible que ça en a l’air. Plus d’élections, plus de haine sans fondement, plus d’incitation, plus de violence, des milliards de shekels de plus gaspillés », a-t-il averti.

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