Pour divorcer, un époux a été condamné à payer 1 M de NIS au titre de sa ketouba
Le tribunal rabbinique a jugé le document traditionnel du mariage juif, généralement considéré comme symbolique, comme un contrat juridiquement contraignant
Un tribunal rabbinique de Jérusalem a ordonné à un homme de verser à son épouse un million de shekels conformément aux termes de leur accord de divorce, ont rapporté mardi les médias israéliens, au motif que le mari avait accepté ces termes en signant leur ketouba – le contrat de mariage traditionnel généralement considéré comme symbolique.
Le mariage qui a duré 34 ans a pris fin après des années de harcèlement et de surveillance de la part de l’époux qui soupçonnait sa femme, identifiée par les médias israéliens uniquement par la première lettre de son prénom, « Aleph », de le tromper.
Ces soupçons, que le tribunal a jugés sans fondement, sont survenus bien qu’Aleph ait pris soin de son époux pendant de nombreuses années alors qu’il souffrait de problèmes de santé, notamment d’un cancer, et qu’elle avait fait don de l’un de ses reins pour lui sauver la vie.
En réponse à « l’ingratitude sans précédent » de son époux, le tribunal l’a condamné à verser à Aleph la totalité de la somme prévue dans leur ketouba : un million de shekels, à payer sans délai.
« Pour la plupart des gens, une ketouba exigeant un million de shekels pourrait être considérée comme exceptionnelle et non contraignante », a déclaré Me Ohad Hoffman, un avocat spécialisé dans les questions de famille et d’héritage, cité par la Douzième chaîne. Mais, a-t-il ajouté, « ce jugement reflète l’approche de la Cour visant à protéger les femmes plus fermement ».
« Lorsqu’il est prouvé avec certitude que la faute du divorce incombe à l’époux, la femme peut percevoir la somme à laquelle elle a droit, notamment le montant spécifié dans la ketouba. »
En Israël, le mariage et les autres questions familiales sont traités par des tribunaux religieux et non civils. Bien que le pays reconnaisse les mariages célébrés à l’étranger et qu’il offre des protections similaires à celles d’un mariage de fait, il n’existe pas d’institution laïque pour les Israéliens qui souhaitent se marier à l’intérieur des frontières de l’État mais pas sous une houppa [dais nuptial juif].
La ketouba, qui visait à l’origine à dissuader les hommes de quitter leurs épouses, remonterait au Ve siècle avant notre ère et désigne une somme d’argent qu’un homme – ou son patrimoine – doit verser à son épouse dans le cas d’un divorce ou d’un veuvage.
La décision de la Cour cette semaine ne saurait toutefois être considérée comme représentative d’une approche générale. Dans une affaire datant du mois d’octobre 2023 couverte par les médias israéliens, un tribunal de Tel Aviv a décidé qu’une ketouba promettant 859 000 shekels devait être considérée comme purement « symbolique ».
Ce couple était parvenu à ce chiffre en utilisant la guematria – une pratique mystique juive qui attribue des valeurs numériques aux mots -, en prenant la valeur de leurs noms et en la multipliant par mille. Le marié, ont écrit les juges, « n’était vraisemblablement pas un expert en guematria », et ils ont donc déterminé que le rabbin officiant le mariage n’avait pas cherché à ce que la somme soit juridiquement contraignante.