Pour la justice espagnole, le BDS est anti-constitutionnel et discriminatoire
Citant des lois anti-discrimination, un tribunal spécial déclare que les efforts de boycott locaux "mettent en péril le droit fondamental à l'égalité"
Citant des lois anti-discrimination, un tribunal constitutionnel espagnol a recommandé l’abandon de la motion d’une municipalité appelant à un boycott contre Israël.
Le Ministerio Fiscal, une autorité judiciaire consultative chargée de garantir l’égalité dans la magistrature, a fait cette recommandation ce mois-ci, selon une déclaration d’ACOM, un lobby pro-israélien espagnol.
La recommandation est intervenue après qu’ACOM a poursuivi la municipalité du nord de Gijon qui s’était déclarée « espace libre de l’apartheid israélien ».
La motion, adoptée en janvier, a également déclaré que la ville ne payerait pour les services des entreprises impliquées dans « des violations des droits de l’homme » dans les territoires palestiniens.
Elle déclarait que la ville soutient le mouvement BDS, qui appelle au boycott, sanctions et désinvestissement contre Israël. Gijon, une ville de 270 000 habitants, est située à un peu moins de 500 kilomètres au nord de Madrid.
Mais le Ministerio Fiscal a déclaré dans sa recommandation non contraignante que les objectifs du boycott de Gijon « violent la Constitution, ainsi que la Convention européenne pour la protection des droits de l’homme ». Les clauses du mouvement, selon le tribunal, « mettent en péril le droit fondamental à l’égalité sans discrimination par rapport à l’apparence, à l’ethnicité ou à la religion ».
Une motion similaire à celle adoptée à Gijon a été rejetée la semaine dernière par la majorité des délégués à Tarragone, une ville espagnole orientale avec 130 000 habitants.
Tarragone est la cinquième municipalité espagnole où le mouvement BDS échoue au cours des dernières semaines, alors que les motions soutenant un boycott d’Israël sont passées dans quatre municipalités espagnoles.
Le gouvernement espagnol a exprimé à plusieurs reprises son opposition à BDS, ce qui est illégal en France, car cela est considéré comme discriminatoire. Le parti au pouvoir en Grande-Bretagne élabore une législation similaire, ont indiqué des officiels, plus tôt cette année.
Longtemps considérée comme une plaque tournante du lobbying anti-israélien en Europe, l’Espagne a récemment pris des mesures qui ont irrité les promoteurs de BDS, y compris, en janvier, une offre 96 000 euros de compensation pour les dommages causés à une université israélienne de Cisjordanie en raison de son exclusion d’un concours scientifique pour des raisons politiques.
Contrairement aux parlements de Grande-Bretagne, France et autres pays européens, qui ont promis un soutien inconditionnel à un Etat palestinien, le Congrès de l’Espagne, en 2014, a adopté une motion non contraignante disant qu’il ne soutiendrait qu’un Etat palestinien conclu par un accord de paix via des négociations avec Israël – discours qui a été salué comme une victoire diplomatique pour Israël et ses partisans.