Pour les partisans de Bernie Sanders, pas question d’arrêter la campagne
Ils y croient plus que jamais. Pour ses fans, Bernie Sanders peut encore gagner la présidentielle et doit poursuivre sa campagne, même si sa rivale Hillary Clinton semble assurée d'emporter l'investiture démocrate
« Il me donne de l’espoir. Il a vraiment à coeur notre avenir », raconte Giovan Lunar, étudiant en biologie de 21 ans aux lunettes noires et à la fine moustache. Il sort d’un discours du sénateur du Vermont à Modesto, petite ville du centre de la Californie.
Trois mille personnes ont défié la canicule et ont patienté parfois plus de six heures afin de venir applaudir leur champion avant la primaire démocrate de mardi dans cet Etat de l’ouest américain, le plus peuplé du pays.
« S’il y a une forte participation nous gagnerons », a promis Bernie Sanders devant un parterre électrisé, où flottait par moments une odeur de cannabis – le candidat est pour sa légalisation.
Dans une salle où ont résonné chansons de Bowie et Prince, chauffée par l’actrice Susan Sarandon, l’assemblée multi-générationnelle et multiethnique a scandé « Bernie! Bernie! » ou « Feel the Bern », le slogan du candidat – jeu de mot sur « sentez la brûlure » et « ressentez l’effet Bernie ».
Bernie-mania
Beaucoup dans l’assemblée sont très jeunes et vont voter pour la première fois à la présidentielle de novembre. Ils sont nombreux à s’être inscrits sur les registres électoraux, poussés par une véritable « Bernie-mania », adeptes de son programme fondé sur un enseignement supérieur gratuit, une taxe carbone ou plus d’impôts pour les plus riches.
« Ce qu’il dit sur le poids de la dette étudiante, le chômage, résonne vraiment avec les jeunes. Il a dynamisé le parti démocrate », juge Misael Villeda 24 ans, étudiant en psychologie d’origine salvadorienne.
La primaire de mardi est particulièrement cruciale alors que la rivale du septuagénaire, l’ex-secrétaire d’Etat Hillary Clinton, semble assurée de remporter d’ici quelques jours le nombre de délégués lui garantissant l’investiture.
Le gouverneur de Californie Jerry Brown, tout en louant la campagne du sénateur très à gauche de l’échiquier politique, a appelé à voter Clinton et estime que poursuivre la bataille des primaires pourrait nuire au véritable enjeu : battre le milliardaire Donald Trump en novembre.
Mercredi pourtant, ni Sanders ni ses partisans n’envisageaient de jeter l’éponge. A commencer par Susan Sarandon, « amie de longue date ».
Hillary Clinton « est sur le point d’être formellement inculpée » dans l’affaire de ses emails professionnels envoyés depuis un téléphone non sécurisé lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, a lancé l’actrice rousse à l’AFP, assurant comme Bernie Sanders que les « superdélégués », des élus démocrates qui auront le droit de vote à la convention d’investiture, sont en train de se rallier à sa cause.
‘La peste et le choléra’
Si certains pro-Sanders comme Misael sont résolus à voter Clinton pour faire barrage à Donald Trump, d’autres ont du mal.
Artiste Booker, mère au foyer noire de 31 ans, la qualifie de « républicaine déguisée ». « Elle n’est pas honnête, regardez ce qu’elle a fait avec ses emails ». Avoir le choix entre Donald Trump et Hillary Clinton reviendrait à choisir « entre la peste et le choléra », juge-t-elle.
Mais quoiqu’il arrive, beaucoup pensent que Bernie Sanders a déjà gagné.
« Il a influencé tant de gens », montré qu’il fallait participer au processus électoral et qu' »Hillary a besoin de nous pour gagner », se réjouit Misael.
« Le parti démocrate va devoir étudier de près ce qu’il propose » et l’inclure en partie dans son programme officiel « sans quoi il risque de voir l’émergence d’un nouveau parti », avertit Artiste Booker.
Tom Spott, un retraité de 68 ans, pense également que si Bernie Sanders ne remporte pas la primaire il restera dans la course en créant « un troisième parti. Il a trop de soutien, il a une obligation envers ce mouvement ».
Quant à voter pour Trump pour faire s’ « écrouler le système » comme l’ont avancé les plus radicaux des « Sanders-maniaques » ? « Ce serait un peu comme d’appeler à voter pour Hitler« , estime Leroy Smith, barista de 26 ans à la coiffure afro.
En plus, « Trump est un mauvais homme d’affaires et c’est la dernière chose dont ce pays a besoin », conclut-il.