Pourquoi les Juifs français font-ils leur alyah ?
Depuis plusieurs années, les Juifs français sont de plus en plus nombreux à quitter la France pour Israël, mais pour quelles raisons ? Montée de l'antisémitisme ? Sionisme ?

Le chercheur israélien Yitzhak Dahan, interviewé par le quotidien Haaretz et cité par CourrierExpat, explique le boom de l’alyah française. Selon lui, les motivations des Juifs français « sont en grande partie religieuses et sionistes, entre autres en ce qui concerne l’éducation des enfants. Et il y a bien sûr les liens familiaux et l’amour de la plage.”
Les Français viennent aussi en raison de la montée de l’antisémitisme qui menace chaque jour la communauté juive « chaque attentat contre les Juifs déclenche une vague d’alyah. L’attentat de Toulouse de 2012, a été l’un des premiers facteurs à choquer la communauté et à la faire réfléchir. Les gens ont commencé à se demander s’ils avaient bien leur place en France. » a déclaré Dahan à Haaretz repris par CourrierExpat.
Il rappelle cependant que l’alyah n’est pas la panacée, « on ne vient pas en Israël pour améliorer sa situation économique ». Beaucoup font l’aller-retour entre la France et Israël. Il s’agit de l’alyah Boeing, car ils ne trouvent pas d’emploi satisfaisant en Israël, généralement le père de famille travaille en France la semaine et rentre le week-end.
Yitzhak Dahan souligne que les Français arrivent en Israël pleins d’ambition et d’enthousiasme mais ont finalement du mal à s’intégrer « même quand les gens travaillent ici, c’est en général en indépendant. Ils souhaitaient intégrer la société israélienne mais ils finissent par vivre proches les uns des autres. »
La barrière de la langue et des équivalences au niveau des diplômes français rendent difficile leur intégration » une proportion importante d’entre eux a beaucoup de mal à trouver un emploi parce que certains diplômes notamment médicaux ne sont pas reconnus en Israël » a-t-il déclaré à Haaretz.
L’alyah française apporte cependant beaucoup à Israël notamment en matière de culture et de patrimoine. » Elle a dans une large mesure restauré le patrimoine nord-africain. C’est un phénomène fascinant. À Netanya, il y a des synagogues pas simplement pour les Juifs d’Algérie mais pour les gens originaires d’une ville en particulier, Constantine ou Oran. Cela veut dire que, d’un côté, ces gens ont la culture française et, d’un autre côté, ils ont mieux préservé la culture d’Afrique du Nord que les Juifs qui sont venus en Israël dans les années 1950 et 1960, » a confié Dahan à Haaretz.
Les Juifs français contribuent à rétablir les traditions des Juifs d’Afrique du nord en Israël.
En 2015, 7 829 Juifs français ont fait leur alyah, contre 1 919 en 2012. Un record. Ils seront cependant moins nombreux à franchir le pas en 2016, environ 6 000, selon Le Monde.