Pourquoi tant d’acharnement à l’égard de George Soros ?
Il est accusé d'avoir soutenu un coup d'Etat en Macédoine et des manifestations en Hongrie, quand ce n'est d'avoir fabriqué la crise migratoire vers l'Europe : le financier juif américain est devenu le bouc émissaire privilégié d'un nombre croissant de dirigeants aux penchants autoritaires
Du Kremlin à Skopje, la capitale macédonienne, en passant par les coulisses du pouvoir à Washington, le milliardaire d’origine juive hongroise George Soros, âgé de 86 ans, est la cible idéale de nationalistes et souverainistes en tout genre avec ses organisations destinées à promouvoir une « société ouverte ».
Dernier avatar en date : le vote mardi par le Parlement hongrois d’une loi controversée renforçant le contrôle sur les ONG bénéficiant de financements étrangers, qui le vise tout spécifiquement.
« Soros est présenté comme le responsable de tous les bouleversements politiques. Il fait un excellent bouc émissaire pour des régimes de plus en plus autoritaires », relève l’expert allemand Ulf Brunnbauer.
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« Il représente le capitalisme » aux yeux de ses détracteurs et est de fait « le parraineur financier de nombreuses organisations », ajoute ce spécialiste de l’Europe de l’Est et du Sud-Est.
Classé 29e fortune mondiale par le magazine Forbes, George Soros agit à travers sa très active fondation OSF (Open society Foundations), créée en 1984 et accusée par ses détracteurs d’ingérence politique via la défense d’une société libérale et multiculturelle.
Les pays de l’ancien bloc communiste sont depuis l’origine le champ d’action privilégié de l’OSF, qui y a déversé des milliards d’euros au profit de réformes de la finance, de la santé, de la justice et de l’éducation, de la promotion du droit des minorités et de la lutte contre la corruption.
Grand marionnettiste
Les attaques se sont intensifiées depuis le début de l’année en Hongrie, son pays natal, où le Premier ministre Viktor Orban l’accuse sévèrement dans chacun de ses discours.
Dès avril, le dirigeant hongrois avait fait voter à la hâte une première loi menaçant le maintien à Budapest de l’université d’Europe centrale (CEU) cofondée par l’homme d’affaires en 1991 pour former les élites post-communistes.
Les attaques contre George Soros sont devenues plus frontales encore, avec une campagne gouvernementale d’affichage présentant le financier sous la forme d’un marionnettiste tirant les ficelles d’un responsable politique de l’opposition, dans un visuel qui rappelle fortement les caricatures antisémites.
« Ses origines [religieuses, ndlr] n’ont aucun rapport avec le problème central, qui est qu’un nombre croissant de gouvernements […] voient les réseaux de Soros comme une menace pour la démocratie », a assuré Zoltan Kovacs, le porte-parole du gouvernement hongrois, dans un texte intitulé « Mythes et faits sur la Hongrie et George Soros ».
Viktor Orban, qui bénéficia d’une bourse Soros lorsqu’il était un étudiant anticommuniste, a récemment accusé son ancien bienfaiteur d’utiliser des ONG « prédatrices » pour inonder l’Europe de réfugiés musulmans et créer un « empire transnational ».
Né à Budapest en 1930, Georges Soros a survécu aux nazis et fui l’occupation soviétique avant de faire fortune aux Etats-Unis dans la finance spéculative. Non sans s’attirer les critiques.
En 1992, il est devenu « l’homme qui fit sauter la Banque d’Angleterre » en déclenchant une attaque spéculative d’ampleur contre la livre sterling. Dix ans plus tard, il est condamné en France pour délit d’initié.
‘Stop Opération Soros’
Ses ennemis se recrutent en Macédoine, que l’ex-Premier ministre nationaliste Nikolas Gruevksi a voulu « désorosiser » ; en Pologne, où le chef de la droite, Jaroslaw Kaczynski, lui a reproché de vouloir créer des « sociétés sans identité » ; en Roumanie, où la majorité sociale-démocrate a allégué que le magnat avait téléguidé l’hiver dernier des centaines de milliers de manifestants contre un allègement de la législation anticorruption.
La Russie a interdit en 2015 sur son territoire la fondation OSF, dont le créateur a soutenu les « révolutions de couleur » en Europe centrale et orientale, comme en Ukraine.
De l’autre côté de l’Atlantique, le site internet d’information Breitbart, dont le cofondateur, Steve Bannon, est un proche du président américain Donald Trump, publie des mises en cause quasi-quotidiennes de George Soros.
La crise migratoire qui a touché l’Europe en 2015 et 2016 a encore accentué le clivage, plusieurs organisations financées par l’OSF ayant des activités de soutien aux réfugiés.
Directeur de l’OSF pour la région Europe/Asie, Leonard Benardo constate « la férocité » sans précédent des attaques.
Une preuve selon lui que « vous pouvez avoir des élections en grande partie libres et équitables tout en nourrissant de grandes angoisses vis-à-vis de l’idée de société ouverte ».
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