Deux Israéliens inculpés de meurtre et complicité de meurtre d’une famille palestinienne
Amiram Ben-Uliel, 21 ans,est accusé d'assassinat, un seconde mineur de complicité; trois autres accusés inculpés dans d'autres affaires de terrorisme
Le parquet israélien a déposé dimanche des actes d’accusation contre deux suspects juifs, Amiram Ben-Uliel, 21 ans, de Jérusalem et un mineur dont le nom n’a pas été rendu public, pour un attentat dans lequel ont péri trois membres d’une famille palestinienne en juillet dernier.
L’incendie du 31 juillet à Duma avait coûté la vie à un bébé palestinien Ali Dawabsha de 18 mois et à ses deux parents Riham et Saad qui ont succombé à leurs blessures les jours suivants. Avant l’aube, des individus avaient lancé des engins incendiaires à l’intérieur de la petite maison où les Dawabsha dormaient les fenêtres ouvertes. Ahmed, 5 ans, le frère d’Ali, grièvement brulé, est hospitalisé en Israël et fait face à une longue rééducation.
Les actes d’accusation marquent une percée importante dans l’affaire, qui avait choqué la société israélienne et conduit à des mesures sans précédent contre des suspects de terrorisme juif, notamment un vote du cabinet étendant aux citoyens israélienns des pratiques antiterroristes telles que la détention sans procès.
Un embargo imposé par le tribunal demeure sur l’enquête de Duma.
Ben-Uliel est accusé d’assassinat dans l’attaque de Duma, et le mineur de complicité dans le meurtre. Trois autres personnes ont également été inculpées dimanche pour des attaques racistes sur les personnes ou les biens arabes. Tous les cinq sont également accusés de terrorisme.
Les procureurs avaient demandé la détention provisoire des suspects pendant la durée de l’enquête. Les avocats des accusés ont déclaré au tribunal qu’ils devraient être libérés en résidence surveillée, en faisant valoir qu’une surveillance étroite des services de sécurité les empêcheraient de constituer un danger pour le public.
Le tribunal a également entendu les arguments sur l’embargo, et pourrait lever certaines restrictions sur les médias à la fois dans le cas de Duma et dans les autres incidents mentionnés dans les actes d’accusation de dimanche.
Un avocat de plusieurs des suspects, Itamar Ben Gvir, lui-même un militant extrémiste bien connu, a déclaré que les témoignages des suspects avaient été obtenus par torture illégale.
« L’acte d’accusation n’est pas la fin de l’histoire, mais l’ouverture de la boîte de Pandore pour le Shin Bet … Mes clients sont innocents. Mon client n’a avoué que parce qu’il a été brisé lors de l’interrogatoire du Shin Bet », qui a, a insisté Ben Gvir, inclus « de graves abus ».
Le Shin Bet a vivement rejeté les critiques de ses méthodes, en disant qu’au cours des dernières semaines ses interrogatoires avaient été menés avec l’approbation complète et sous la supervision du procureur général et de la Haute Cour de justice, ainsi que des dirigeants politiques. Les suspects ont subi des « pressions physiques modérées » légales dans ces enquêtes terroristes, a indiqué le service, mais n’ont jamais été soumis à des passages à tabac, à des agressions sexuelles et d’autres mesures extrêmes alléguées par Ben Gvir et d’autres partisans.
Une autre critique, notamment de l’extrême-droite, portait dimanche sur les suspects eux-mêmes.
Tout en notant que le cas de la Duma est « unique, » le député Moti Yogev (HaBayit HaYehudi) a insisté sur le fait que les suspects inculpés dimanche représentent « une vision du monde tordue selon lequel l’assassinat d’enfants va déstabiliser et détruire l’Etat et apporter la rédemption. Ceci est une vue qui ne vient pas de la Torah, une vue qui a abandonné la foi, la nation et l’Etat « .
Yogev a défendu le Shin Bet, en disant que « la douleur des interrogatoires découle des auteurs eux-mêmes, qui, malheureusement, ont rejeté toute autorité légale, parentale ou rabbinique. Dans cette affaire il n’y a que de la douleur et de la tristesse. Tristesse pour la famille Dawabsha assassinée; tristesse pour les parents des auteurs, qui n’ont pas eduqué de leurs enfants à cela, ressenti la douleur de leurs interrogatoires et perdu tout espoir pour leur avenir; et tristesse et douleur pour notre communauté sioniste religieuse, qui n’a pas su comment influencer sur nos fils [vers un meilleur résultat] », a déclaré Yogev dans un communiqué.
פרשת הרצח בדומא, פרשה קשה וכואבת.תפישת העולם המעוותת, לפיה רצח ילדים יערער ויחריב את המדינה ויביא לגאולה, זו תפישה…
Posted by מוטי יוגב – Moti Yogev on Saturday, January 2, 2016
Les services de sécurité israéliens avaient annoncé début décembre l’arrestation d’extrémistes juifs liés à l’incendie ayant décimé la famille Dawabsha et qui passe pour l’un des déclencheurs de l’actuelle vague de violences israélo-palestiniennes qui se poursuit depuis début octobre.
L’attaque meurtrière avait profondément choqué les Palestiniens. Elle a aussi suscité une large réprobation parmi les Israéliens et réveillé les démons de l’extrémisme juif dans un climat déjà tendu.
Après l’attaque, les autorités avaient lancé une vaste opération d’arrestation contre les militants de la droite radicale. Selon une liste établie par un groupe de partisans sur Facebook, près de 100 Juifs orthodoxes présumés d’extrême-droite sont actuellement soit interrogés par le service de sécurité du Shin Bet, soit font face à une action en justice, en prison ou sous des ordres de restriction.
Les respronsables israéliens de la sécurité ont averti que des dizaines d’orthodoxes d’extrême-droite – impliqués prétendument dans une série de crimes de haine, dont l’assassinat de la famille Dawabsha – cherchent à détruire l’Etat d’Israël et à le remplacer par une monarchie religieuse.