Qui sont ces dessinateurs, assassinés pour leurs dessins ?
Parmi les victimes des terroristes figurent de nombreuses célébrités du milieu pamphlétaire
Jean Cabut, plus connu sous son nom de dessinateur Cabu, était sûrement le plus célèbre d’entre eux.
Artiste incontournable du monde satirique, celui qui avait à son actif plus de 35 000 dessins en 60 ans de carrière, commença sa carrière de dessinateur à 16 ans.
Il fit ses classes chez Hara-Kiri dans les années soixante avant de rejoindre le Canard Enchaîné et Charlie Hebdo en tant que « pourfendeur des religions et de la bêtise nationale » comme se plaît à le décrire La voix du nord. Assassiné à l’âge de 76 ans, ses caricatures de Mahomet étaient considérés comme les plus acerbes.
Cabu déclarait encore récemment que « les dessinateurs vivent de la bêtise et ça ne régresse pas. Le but, disait-il, c’est avant tout d’essayer de faire rire. Il faut voir ça du côté ensoleillé de la vie. »
Le caricaturiste Georges Wolinski, dont le père était juif, était lui âgé de 80 ans. Il venait de Tunisie et avait déménagé en France dans son adolescence. Il était aussi un dessinateur de c… et était connu pour son style cynique et parfois vulgaire. Après être entré dans le journalisme dans les années 1960, il a travaillé pour des journaux français comme l’Humanité, le Nouvel Observateur, Paris Match ou Hara-Kiri, l’ancêtre de Charlie Hebdo.
Un des dessins de Wolinski, publié dans une compilation de ses œuvres, montre une fille musulmane marchant avec sa mère dans une rue ravagée par la guerre au Moyen Orient. La fille demande ce que cela signifie d’être une femme libre. La mère répond en présentant à sa fille une copie d’un livre intitulé Bonjour tristesse [titre de l’oeuvre de Françoise Sagan].
« Georges n’était pas conscient, parce que mon mari n’était pas conscient de ce genre de choses, il allait de l’avant, il fallait se battre, il se battait avec ses dessins, avec son crayon penché sur sa table à dessin (…) Mon mari est tombé au champs d’honneur de sa profession (…) Pour lui, je veux faire front », a confié Maryse Wolinski, la veuve du dessinateur, sur RTL.
Stéphane Charbonnier, dit Charb, était directeur de publication de Charlie Hebdo. Il collaborera, au cours de sa carrière, à une dizaine de titres de la presse française tels que l’Humanité, Libération, le Monde Libertaire, Télérama, Mon Quotidien, l’Hebdo, le Monde des Ados, Fluide Glacial ou l’Echo des Savanes.
Celui dont l’humour était reconnu comme militant et corrosif, avait reçu de nombreuses menaces de morts, notamment d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique, ce qui avait entraîné la mise à sa disposition d’une protection rapprochée (le policier en charge de sa protection a été également assassiné).
Idéaliste, militant et défenseur infatigable de la liberté d’expression, il se plaisait à déclarer : « Ça fait sûrement un peu pompeux, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux ». Son dernier dessin, à la légende tragiquement prémonitoire, lui survivra.
« Toujours pas d’attentat en France » ; ce à quoi un djihadiste répond : « Attendez, on a jusqu’à fin janvier pour présenter ses vœux. »
Philippe Honoré, dit « Honoré », était âgé de 73 ans. Autodidacte, Honoré publie son premier dessin de presse à 16 ans dans le journal Sud-Ouest, selon le Magazine Littéraire, l’un des nombreux médias où l’on pouvait croiser ses dessins en noir et blanc au style suranné. Il collaborait avec Charlie Hebdo depuis 1992.
Bernard Verlhac, dit « Tignous », était quant à lui âgé de 57 ans. Caricaturiste et auteur de BD caustique et engagé, Tignous dessinait pour la presse depuis 1980, traquant la folie du monde avec un humour percutant et un peu désespéré.
Il publiait régulièrement dans Charlie Hebdo et l’hebdomadaire Marianne. Il collaborait également à des émissions télévisées, dans lesquelles ses dessins accompagnaient les débats.
AFP a contribué à cet article.