Raam reporte sa déclaration sur la loi de dissolution de la Knesset
Le parti cite la mort d'une journaliste palestinienne ; la décision est très attendue et elle devrait déterminer la présentation d'une mesure de dissolution par l'opposition
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Le parti islamiste Raam a annoncé qu’il annulait une conférence de presse qui était prévue, mercredi matin, lors de laquelle il devait annoncer sa décision d’éventuellement s’aligner aux votes de la coalition pour déjouer une attaque législative attendue de la part de l’opposition dans l’après-midi.
L’annonce de cette annulation a été faite suite à la mort d’une célèbre journaliste palestinienne, qui travaillait pour Al-Jazeera, au cours d’un raid israélien en Cisjordanie.
« Raam a décidé d’annuler la conférence de presse qui était prévue ce matin dans la ville de Kfar Qasim suite au meurtre de la journaliste d’Al-Jazeera Shirin Abu Aqleh, » a fait savoir un communiqué du parti.
Le moment choisi pour la tenue de cette conférence de presse était pourtant déterminant alors que le Likud et les partis de l’opposition réfléchissent actuellement à présenter mercredi en première lecture, en séance plénière, un projet de loi de dissolution de la Knesset, qui entraînerait l’organisation d’élections anticipées.
La décision que prendra au final l’opposition dépend largement de Raam – qui, avec ses quatre votes, pourrait bloquer le passage du projet de loi. Tandis que la potentielle lecture préliminaire de mercredi – c’est la première sur un total de quatre lectures – ne requiert qu’une majorité simple, l’opposition ne pourrait plus présenter de projet de loi de dissolution pendant six mois si elle ne devait pas obtenir le nombre de votes nécessaire.
Raam a gelé sa participation dans la coalition il y a trois semaines, citant les tensions accrues sur le mont du Temple de Jérusalem. Aile politique de la branche du sud du Mouvement islamique, Raam est conseillé par le conseil de la Shura de l’organisation. Une réunion du conseil, mardi soir, s’est terminée sans que Raam n’annonce la décision prise sur son éventuelle réintégration dans le gouvernement – et cette annonce était attendue mercredi matin.
La coalition actuellement en difficulté ne dispose plus que d’une égalité en nombre de sièges au Parlement face à l’opposition – 60 contre 60 – après le départ de la députée de Yamina Idit Silman, au début du mois d’avril. Sans les quatre sièges de Raam, la coalition ne représente que 56 votes. L’opposition, formée de son côté d’un bloc de droite et religieux de 54 fauteuils et de la Liste arabe unie, forte de six sièges, devrait pour sa part pouvoir compter sur 59 voix. Silman devrait s’abstenir.
Dans un entretien accordé à la radio militaire après l’annonce de la mort d’Abu Aqleh, le parlementaire de la Liste arabe unie, Ahmad Tibi, a confirmé que son parti prévoyait de voter en faveur de la dissolution du parlement si l’opposition présentait son texte mercredi.
Mercredi matin, la journaliste d’Al-Jazeera Abu Aqleh a été tuée à Jénine. Les circonstances de sa mort sont litigieuses : l’Autorité palestinienne affirme qu’elle est morte après avoir été blessée par un tir israélien et les militaires israéliens avancent l’hypothèse qu’elle ait pu succomber à une balle palestinienne dans le cadre d’un échange de coups de feu entre les deux parties.
Appelée par Tibi « le visage de la Palestine » offert au monde arabe, Abu Aqleh était une célèbre personnalité dans le monde arabe pour sa couverture des informations relatives à Israël et à la Cisjordanie.
En hommage à sa mort, Jénine a décidé que la journée serait une journée de deuil.