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Réfugiés syriens : en Jordanie, l’approche sécuritaire prime désormais sur l’humanitaire

Des éléments extrémistes tentent de s'infiltrer au milieu des réfugiés, déclare un général de l'armée jordanienne ; Amman a accueilli plus de 400 000 Syriens en 2012 et 2013

Des réfugiés syriens attendent au camp de fortune d'al-Roqban, sur la frontière avec la Syrie, avant d'être chassés par l'armée jordanienne de la ville orientale de Ruwaished où ils seront accueillis et contrôlés par les autorités jordaniennes le 10 septembre, 2015. Le dernier lot de réfugiés de la Syrie voisine sera envoyé à Ruwaished, à environ 380 km de la capitale Amman, à divers camps de réfugiés et des campements temporaires à travers le pays. (Crédit : AFP PHOTO / KHALIL MAZRAAWI)
Des réfugiés syriens attendent au camp de fortune d'al-Roqban, sur la frontière avec la Syrie, avant d'être chassés par l'armée jordanienne de la ville orientale de Ruwaished où ils seront accueillis et contrôlés par les autorités jordaniennes le 10 septembre, 2015. Le dernier lot de réfugiés de la Syrie voisine sera envoyé à Ruwaished, à environ 380 km de la capitale Amman, à divers camps de réfugiés et des campements temporaires à travers le pays. (Crédit : AFP PHOTO / KHALIL MAZRAAWI)

Après avoir ouvert les portes à des centaines de milliers de réfugiés syriens, la Jordanie a restreint l’accès à son territoire devant la montée en puissance des groupes djihadistes en Syrie voisine.

« Dès le déclenchement de la crise en Syrie, l’intérêt de l’armée était focalisé sur le volet humanitaire », a expliqué le chef des garde-frontières jordaniens, le général Saber Al-Mahayra.

« Mais après la montée en puissance des groupes extrémistes, comme l’organisation Etat islamique ou le Front Al-Nosra (branche d’Al-Qaïda en Syrie), et l’élargissement de leurs zones d’influence, nous nous concentrons sur la sécurité, sans oublier le volet humanitaire », a-t-il ajouté.

Installé au centre de commandement de Zarqa, à une trentaine de kilomètres à l’est d’Amman, le général évoque le risque que des éléments extrémistes tentent de s’infiltrer au milieu des réfugiés ou même que des réseaux criminels fassent passer des armes ou de la drogue.

A ce jour, la justice n’a toutefois fait état d’aucune affaire d’infiltration extrémiste. Le royaume jordanien a malgré tout renforcé sa vigilance et réduit les points de passage.

Après le déclenchement en mars 2011 du conflit en Syrie, lorsque le régime du président Bashar el-Assad réprima dans le sang des manifestations pacifiques pour davantage de démocratie, la Jordanie a accueilli plus de 400 000 Syriens en 2012 et 2013.

Le général Al-Mahayra ironise sur la crise que traverse l’Europe à cause de « quelques milliers » de réfugiés. « Que disons-nous alors, nous qui en avons accueilli des centaines de milliers ? »

Mais en 2014, alors que le conflit s’est mis à opposer une multitude d’acteurs dont des groupes extrémistes comme l’EI, seuls 90 000 Syriens ont trouvé refuge en Jordanie.

En 2015, ils ne sont que 10 323 ayant réussi à traverser la frontière, selon les chiffres de l’armée.

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) estime qu’au total, quelque 600 000 réfugiés syriens vivent en Jordanie tandis que le gouvernement affirme que leur nombre est de 1,4 million, soit 20 % de la population du royaume.

La baisse des arrivées de réfugiés s’explique principalement par la réduction des points de passage depuis la Syrie.

Selon le général Al-Mahayra, durant les deux premières années du conflit syrien, 45 points de passages étaient ouverts sur les 378 km de frontière séparant les deux pays. Aujourd’hui il n’y en a plus que trois dans l’est du royaume et les réfugiés y passent au compte-goutte.

A l’ouest, seuls les blessés peuvent franchir la frontière.

Les trois points de passage toujours ouverts aux réfugiés à l’est sont situés dans des no man’s land désertiques, loin des infrastructures routières.

Un choix qui vise à rendre plus difficile leur périple, selon des experts, mais qui permet quand même au général Al-Mahayra de marteler que « les frontières de la Jordanie sont toujours ouvertes » aux Syriens.

Les contrôles renforcés aboutissent de fait à une limitation des entrées.

Avant d’arriver dans un des camps de réfugiés, les Syriens voient leur identité vérifiée et leurs bagages fouillés.

« Une commission sécuritaire effectue un enregistrement biométrique. Nous ne pouvons pas finaliser les procédures pour plus de 200 réfugiés par jour », a déclaré le commandant des gardes-frontières de la région de Rouiched (est), Mohamed Salim Al-Assahim.

Le représentant du HCR en Jordanie, Andrew Harper, affirme « comprendre » les préoccupations sécuritaires du gouvernement alors que la Jordanie est « située dans une zone difficile avec des extrémistes au nord et à l’est ».

Mais « nous voulons simplement faire en sorte que les réfugiés qui sont plus vulnérables soient en mesure d’entrer dans le pays », explique-t-il.

« Beaucoup de réfugiés sont coincés à la frontière orientale. La majorité sont des femmes et des enfants », a-t-il dit à l’AFP, sans pouvoir donner de chiffres précis.

Durant une visite de presse organisée par l’armée du côté des frontières est, les journalistes n’ont pas pu vérifier si des réfugiés étaient bloqués côté syrien.

Mais un Syrien rencontré côté jordanien a indiqué à l’AFP avoir attendu trois jours avant d’entrer dans le royaume.

« Notre situation était difficile mais quand nous sommes arrivés, l’armée jordanienne n’a pas démérité », a déclaré Ali, qui a fui les combats à Alep dans le nord syrien avec sa femme et son fils.

Orban pour un plan d’aide aux pays voisins de la Syrie

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’est prononcé samedi dans un entretien au quotidien allemand Bild en faveur d’un plan d’aide de 3 milliards d’euros pour les pays voisins de la Syrie afin de résoudre la crise des réfugiés.

« Nous avons un plan, que je vais présenter aux chefs de l’Union européennes lors de notre prochaine rencontre », et qui prévoit « un soutien financier massif des pays voisins de la Syrie », à savoir la Turquie, le Liban et la Jordanie, a indiqué M. Orban à Bild, selon des extraits de l’interview diffusés par le journal populaire.

Discours du Premier ministre hongrois Viktor Orban devant les membres de son parti après sa victoire aux élections législatives, le 6 avril 2014 à Budapest (Crédit photo: ATTILA KISBENEDEK / AFP)
Discours du Premier ministre hongrois Viktor Orban devant les membres de son parti après sa victoire aux élections législatives, le 6 avril 2014 à Budapest (Crédit photo: ATTILA KISBENEDEK / AFP)

Jusqu’ici, les réfugiés syriens, qui fuient la guerre, s’établissaient majoritairement dans ces trois pays frontaliers, qui en accueillent près de quatre millions.

Mais cette tendance a changé ces derniers mois, et de plus en plus tentent désormais un périple risqué vers l’Europe.

Le dirigeant populiste, partisan d’une ligne dure contre les migrants mais accusé par les observateurs d’avoir laissé prospérer une situation chaotique en Hongrie, a ainsi proposé un plan de « 3 milliards d’euros » à destination de ces trois pays.

« Et s’il faut plus d’argent, nous augmenterons l’aide, jusqu’à ce que le flux de réfugiés se tarissent. Cette procédure empêche que nous débattions sans fin sur des questions budgétaires. Car il faut une aide rapide, maintenant », a-t-il insisté.

« Ces migrants ne viennent pas de zones de guerre, mais de camps situés (dans ces pays frontaliers). Là, ils étaient en sécurité. Ces gens ne fuient donc pas le danger, ils ont déjà fui et ne devraient plus rien craindre pour leur vie », a affirmé M. Orban, jugeant que les réfugiés ne viennent pas en Europe « parce qu’ils cherchent la sécurité mais parce qu’ils veulent une vie meilleure que dans un camp. Ils veulent une vie allemande, peut-être une vie suédoise ».

« Mais c’est un fait : il n’y a pas de droit fondamental à une vie meilleure, seulement un droit à la sécurité et à la dignité humaine », a-t-il estimé.

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