Rencontre avec le duo Lola Marsh, le plus grand groupe indie d’Israël
Musiciens de Tel Aviv et ex-partenaires dans la vie, Gil Landau et Yael Cohen ont sorti leur second album "Someday Tomorrow Maybe", acclamé dans le monde entier
JTA — Gil Landau et Yael Cohen, les deux membres phares de Lola Marsh, ne semblent pas plus préoccupés que ça par la pression qui vient avec le fait d’être le plus grand groupe indie d’Israël – un titre qui s’accompagne parfois de l’étiquette « occupant israélien » dans certains des endroits où ils se produisent, ni même du stress de travailler avec son ex-petit(e)-ami(e).
Appelant sur des lignes téléphoniques séparées depuis Tel Aviv, ils ont l’air vraiment détendus, comme s’ils venaient de poser un livre après des heures de lecture. Gil Landau appelle sa camarade Yaeli en signe d’affection.
« Nous préférons nous occuper de la partie fun », indique Gil Landau. « Si on nous pose des questions sur les aspects qui ne sont pas fun, on tente de réorienter la conversation vers les aspects fun. »
Malgré les histoires qui circulent à leur sujet, le couple a connu ses moments de fun depuis leur rencontre à une fête, il y a six ans. Yael Cohen était serveuse, lui prof de guitare. Ils jouaient dans des groupes différents. Elle faisait partie d’un girl band et d’un groupe de reprises et lui jouait dans un groupe de rock psychédélique. Mais aucun de ces projets n’avait vraiment de perspective.
Ils se sont immédiatement entendus, aussi bien sur le plan personnel que musical, et ont décidé de s’investir sérieusement dans le projet Lola Marsh. Ils se retrouvaient chaque jour pour écrire et répéter. S’inspirant de vieilles bandes originales de films de western comme du rock indie moderne, ils composaient un style original mélangeant folk rock, pop et des sons orchestraux divers et variés. La voix de Yael Cohen est souvent comparée à celle de Lana Del Rey, pour ses inflexions vocales douces et sensuelles.
Le duo a rapidement signé avec une maison de disques indépendante, puis avec le géant Universal. Ils ont d’abord sorti un EP (extended play, un format musical plus long que celui du single mais plus court qu’un album), puis un album « Remember Roses », en 2017. Ils ont depuis joué dans de grands festivals à travers le monde, s’attirant un public international varié et accumulant plusieurs millions d’écoutes sur Spotify. Leur deuxième album, « Someday Tomorrow Maybe », est sorti vendredi.
L’album traite entre autres de la façon de surmonter les moments difficiles, notamment sur le plan personnel. Après la création du groupe, ses deux protagonistes ont commencé à se fréquenter intimement, mais cela n’a pas duré.
De façon assez miraculeuse, ils sont ressortis de cette relation encore plus amis que jamais, et Gil Landau pense que leur processus d’écriture s’en est retrouvé amélioré.
Cette fois-ci, ils se sont retrouvés tous les jours pendant trois mois, dans une salle pleine d’instruments et pour faire des expériences. Cela marquait un contraste certain avec leur premier album, qui est la somme d’anciennes idées et de chansons écrites au gré de leurs voyages.
Et assez inévitablement, les paroles regorgent de sentiments très forts.
« Je pense que nous nous sommes tous les deux remis de notre rupture avant de démarrer l’écriture du nouvel album, c’était simplement une source d’inspiration. ‘On a vécu ça ensemble’, ‘oui, tu t’en souviens’, ‘écrivons à ce sujet' », rapporte Gil Landau. « Nous étions comme deux amis qui, ayant vécu quelque chose ensemble, pouvaient partager leurs sentiments respectifs. »
« Bien sûr que c’était difficile… mais comment dire… nous avons gagné. C’est un succès pour nous deux », explique Yael Cohen. « En tant que musiciens, nous avons la chance de pouvoir partager nos sentiments en chanson, c’est un peu thérapeutique, une façon de boucler la boucle. »
Le produit de leurs efforts est inédit en Israël. Et même aux États-Unis et en Europe, en réalité. Le groupe donne parfois l’impression d’être issu de plusieurs décennies auparavant, peut-être parce qu’ils sont tous deux férus de crooners d’antan. (Cohen évoque, comme source d’inspiration, le chanteur israélien Eviatar Banaï ainsi que France Gall.) Ils sont également très portés sur les bandes-sons des western italiens. Lui équilibre tout cela en invoquant sa passion pour des artistes tels que Sufjan Stevens, Childish Gambino et Tame Impala.
La chanteuse ajoute que la scène musicale de Tel Aviv produit tous ces genres, et bien d’autres encore. Mais, comme le précise Landau, ils sont considérés comme « indie » en Israël parce qu’ils chantent en anglais.
« Je n’aime pas utiliser ces mots… mainstream, pop, indie.. Je pense que nous avons notre son, nos inspirations, certaines sont israéliennes, certaines viennent d’ailleurs, et nous essayons juste de faire ce que nous aimons entendre », dit-il.
Le fait qu’ils soient Israéliens, – une rareté sur la scène indie internationale – ne semble pas les perturber outre mesure.
« Nous ne disons pas : ‘hé, nous venons d’ici, et vous venez de là-bas’ et ‘nous croyons en ceci et en cela’. Nous essayons de faire en sorte qu’avec le public, nous fermions les yeux et ressentions quelque chose de nouveau, pendant une heure et demi », explique Gil Landau. « Je ne me considère pas comme étant à Berlin, à New York, à Paris. Non. On est simplement sur scène. »
Yael Cohen affirme qu’ils n’ont pas été harcelés en Europe dans des lieux propices au sentiment anti-Israël.
« Nous aimons dire que nous jouons devant des gens, pas devant des pays », ajoute-t-elle.
Mais il y a certains cas dans lesquels le duo peut parler de son pays de façon positive avec leurs fans, généralement quand on leur demande comment est la vie à Tel Aviv, souligne Gil Landau. Il s’est également souvenu, avec tendresse, d’un échange cordial avec un groupe iranien en coulisses d’un festival.
Mais généralement, il tente de ne pas songer à ce que les gens peuvent penser de lui : « Je m’occupe du prochain concert de la tournée ».
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