Israël en guerre - Jour 398

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Retour sur les dernières manifestations anti-Netanyahu

La police a arrêté plusieurs personnes soupçonnées de violences à Tel-Aviv, Haïfa et ailleurs ; des manifestants auraient été frappés, aspergés de gaz poivré, entre autres

Des manifestants rassemblés pour protester contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu près de sa résidence à Jérusalem, le 17 octobre 2020. (Menahem Kahana/AFP)
Des manifestants rassemblés pour protester contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu près de sa résidence à Jérusalem, le 17 octobre 2020. (Menahem Kahana/AFP)

Des manifestants antigouvernementaux ont été attaqués à plusieurs endroits samedi soir, alors que des dizaines de milliers de personnes à Jérusalem, Tel-Aviv et dans tout le pays réclamaient la destitution du Premier ministre Benjamin Netanyahu samedi soir.

Des manifestants à Tel-Aviv, Ramat Gan et Haïfa ont rapporté avoir été aspergés de poivre de Cayenne. Des agressions auraient également eu lieu à Kyriat Ata et à Jérusalem, la dernière en date d’une série de violences commises par des militants d’extrême droite présumés. Les soutiens des protestataires affirment que ces actes sont encouragés par les alliés de Benjamin Netanyahu, qui ont décrit les manifestants comme des anarchistes subvertissant la volonté du peuple.

Samedi soir a été le théâtre des premières grandes mobilisations depuis la levée d’une règle limitant les déplacements à un kilomètre de son domicile. Les organisateurs ont déclaré qu’ils ont évalué à environ 260 000 le nombre de personnes ayant participé aux rassemblements dans tout le pays, bien que leurs chiffres n’aient pas pu être confirmés de manière indépendante.

Selon la police, neuf manifestants ont été interpellés à Jérusalem.

La police a également rapporté avoir arrêté plusieurs personnes soupçonnées d’avoir agressé des manifestants, dont un jeune de 19 ans arrêté dans le centre de Tel-Aviv et soupçonné d’avoir ciblé un protestataire avec du gaz poivré. Une vidéo de la scène montre un chauffeur de l’entreprise de livraison de nourriture à vélo Wolt en train d’être interpellé.

Selon plusieurs médias, une jeune fille de 12 ans a été prise en charge par les secours à Tel Aviv après avoir été aspergée de gaz poivré au visage, alors qu’elle quittait une manifestation à laquelle elle avait assisté avec sa mère et son frère.

Deux suspects âgés de 20 et 17 ans de Bat Yam ont été arrêtés, soupçonnés d’avoir pulvérisé du gaz poivré sur des manifestants depuis une voiture passant dans la rue Yefet à Jaffa plus tôt dans la soirée.

Les autorités ont également indiqué avoir arrêté trois personnes à Haïfa pour les mêmes faits.

Les suspects, des résidents de la banlieue de Kiryat Yam âgés d’une vingtaine d’années, avaient dans leur voiture des « preuves les reliant » à l’incident, a déclaré la police.

Des Israéliens manifestent contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, sur la place Rabin à Tel Aviv, le 17 octobre 2020. (Tomer Neuberg/FLASH90)

À Ramat Gan, un homme a également aspergé des manifestants près de la place Rambam de gaz poivré, depuis sa voiture. La police a fait savoir qu’elle avait également procédé à l’arrestation d’un homme de 60 ans pour trouble à l’ordre public et refus de présentation de ses papiers d’identité.

Dans la rue Kaufman à Tel-Aviv, un homme de 54 ans a également été interpellé pour avoir insulté des protestataires et en avoir frappé un au visage. La victime n’a pas eu besoin de soins médicaux.

À Jérusalem, la police aurait arrêté un homme qui s’était infiltré dans un groupe de manifestants et les avait menacés en disant qu’il avait un couteau.

Des Israéliens manifestent à Jérusalem contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le 17 octobre 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)

Ailleurs dans la ville, un journaliste du Times of Israel a vu des individus jeter des œufs depuis un balcon sur des manifestants qui quittaient le rassemblement principal devant la résidence du Premier ministre et marchaient vers le centre-ville. La police a arrêté trois manifestants qui participaient à la marche pour avoir attaqué des officiers et troublé l’ordre public.

Une vidéo filmée sur les lieux montre une échauffourée, apparemment entre les manifestants et des militants de droite. « Les gauchistes rentrent chez eux », peut-on entendre une personne crier.

A Kiryat Ata, dans la banlieue de Haïfa, des manifestants ont rapporté que quelqu’un leur avait jeté une pierre, selon Haaretz.

Les mobilisations de ces derniers mois ont vu des dizaines d’attaques contre des manifestants anti-Netanyahu et des journalistes, notamment par un habitant de Sderot accusé d’avoir agressé un manifestant avec un objet tranchant. Il y a également eu deux incidents qui ont vu des véhicules foncer sur la foule.

Jeudi, un certain nombre de manifestants anti-Netanyahu à Holon ont été aspergés d' »une sorte de gaz » par des opposants qui se sont présentés pour les affronter, a fait savoir la police dans un communiqué. D’après des médias, il s’agissait de gaz lacrymogène.

Un photographe de Haaretz a tweeté une photo de militants d’extrême droite lors de la contre-manifestation de Holon, dont certains tenaient une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Un bon gauchiste est un gauchiste mort ».

Une vidéo partagée sur Twitter par la Douzième chaîne montre ce même photographe, Tomer Appelbaum, se faire agresser par des militants d’extrême droite peu après.

Les manifestants organisent des rassemblements hebdomadaires pour demander le départ de Netanyahu, qui est jugé dans trois affaires pour corruption, fraude et abus de confiance. Le Premier ministre nie les allégations et accuse la police, le système judiciaire et d’autres fonctionnaires de se livrer à une « chasse aux sorcières ». Les contestataires dénoncent également sa gestion de la pandémie de COVID-19.

La mobilisation de samedi à Jérusalem était la première grande manifestation dans la capitale depuis l’expiration, mardi, des mesures sanitaires interdisant notamment les déplacements à plus d’un kilomètre de chez soi.

Les militants ont été contraints à de petits rassemblements aux ponts et aux intersections limités à 20 personnes chacun pour se conformer aux règles, que beaucoup ont accusées d’être politiquement motivés et de viser à étouffer les manifestations. Les responsables des manifestations affirment que ces mesures ont eu l’effet inverse, ce qui a conduit un nombre encore plus important de personnes à venir manifester contre le gouvernement.

Les critiques de Netanyahu disent que ses attaques contre le système judiciaire et les protestations contre lui, associées aux effets déstabilisateurs du virus, sont des causes majeures de l’atmosphère profondément polarisée qui s’est installée en Israël, et craignent que la violence ne devienne encore mortelle.

Les protestations ont eu lieu quelques heures avant qu’Israël ne soit censé atténuer de manière significative le confinement national en place pendant exactement un mois, lequel a permis de réduire les taux d’infection très élevés. La levée des restrictions mettra fin à l’interdiction de déplacement à plus d’un kilomètre et permettra l’ouverture d’écoles maternelles et d’entreprises non publiques.

Certains manifestants ont dénoncé les conséquences économiques de ce deuxième confinement. Moran Halperin, une résidente de Carmiel, a assisté à la manifestation de Jérusalem avec son mari.

« Nous possédons une petite entreprise, un studio de photographie. Nous vivons dans une ville où les taux d’infection sont faibles. Nous avons de jeunes enfants à la maison. Il n’y a aucune raison pour que nous soyons confinés – nous suivons les directives en matière de santé et de sécurité. Mais nous n’avons pas de clients. Zéro. Ils nous ont fermés », a déploré Moran Halperin au Times of Israel.

« Nous piochons profondément dans nos économies. Nous demandons de l’aide à nos familles. Et tout est fermé, donc nous ne pouvons même pas chercher un autre emploi », a-t-elle poursuivi.

D’autres se sont concentrés sur ce qu’ils considéraient comme un sentiment croissant de division dans le pays, dont ils ont rejeté la responsabilité sur Netanyahu.

« Ce pays se dirige vers la rupture et la division, et cela commence avec le Premier ministre… Je suis ici pour représenter mes quatre enfants et leur avenir. Ils sont à la maison. Ils m’ont d’ailleurs fait ma pancarte », a témoigné Eldad Miller, un ingénieur d’une petite ville en dehors de Beer Sheva.

De nombreux manifestants provenaient de la gauche et du centre, avec de grands blocs de militants tenant des pancartes en hébreu et en arabe. Mais les manifestants qui se sont adressés au Times of Israel ont soutenu que n’importe qui serait meilleur que Benjamin Netanyahu, même le responsable politique de droite Naftali Bennett, qui a connu une forte hausse dans les sondages ces dernières semaines.

« Je me fiche que le prochain leader vienne de la droite. [Netanyahu] a été inculpé. Laissez quelqu’un d’autre du Likud prendre les rênes », a déclaré Eldad Miller.

Interrogé sur un éventuel gouvernement Bennett, il a répondu : « Cela ne fait aucune différence – tant qu’il pense au pays et non à lui-même ».

« Je suis assurément opposé à Bennett et Ayelet Shaked d’un point de vue politique. Mais je crois aussi qu’ils sont meilleurs que Bibi, parce qu’au moins ils ne sont pas corrompus », a souligné Yuval, un manifestant d’âge moyen de la Basse-Galilée.

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