Rivlin se prépare à aborder les sujets sérieux avec Biden
Le président devrait évoquer Gaza et l'Iran ; Jérusalem est conscient que si Washington revient dans l'accord nucléaire, elle n'entrera en jeu que pour la 2e phase des négociations
WASHINGTON — Le président Reuven Rivlin rencontrera le président américain Joe Biden lundi, pour la première rencontre officielle entre un haut responsable israélien et le dirigeant américain depuis son entrée à la Maison Blanche en janvier.
La rencontre, essentiellement protocolaire, qui aura lieu dans le bureau ovale de la Maison Blanche, est prévue vers 23 heures, heure d’Israël, soit 16 heures EST – après l’heure de grande écoute en Israël. Rivlin donnera un briefing à la presse à l’issue de la rencontre.
Le mandat de sept ans de Rivlin en tant que président doit prendre fin le 7 juillet, et la Maison Blanche a déclaré que la visite « honorera le dévouement dont il a fait preuve pour renforcer l’amitié entre les deux pays au cours de nombreuses années ». Mais au-delà des rituels et des poignées de main, Rivlin a l’intention d’aborder une série de questions de fond.
Avant de décoller de l’aéroport international Ben Gurion, M. Rivlin a déclaré aux journalistes : « Je pars, pour la dernière fois en tant que président et au nom de l’État d’Israël, pour une visite d’adieu au plus proche allié et ami d’Israël dans le monde – les États-Unis d’Amérique. »
« Lors de ma visite, je rencontrerai le président Joe Biden, un véritable ami de l’État d’Israël depuis de nombreuses années, et je le remercierai pour son souci sincère de la sécurité d’Israël et de ses citoyens », a-t-il poursuivi. « Je me rendrai également à des réunions à l’ONU pour discuter des questions régionales inscrites à notre ordre du jour et je rencontrerai la communauté juive américaine qui nous tient tant à cœur. »
Avant son voyage aux États-Unis, M. Rivlin a tenu des réunions avec le Premier ministre Naftali Bennett et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, coordonnant ainsi son message à Washington avec les dirigeants du nouveau gouvernement.
Lors des entretiens, qui se sont tenus à la Résidence du Président à Jérusalem, Rivlin et Bennett ont discuté des positions que Rivlin présentera à Biden concernant les questions régionales clés telles que l’Iran et l’objection d’Israël à un retour des États-Unis à l’accord nucléaire de 2015. Ils échangeront également au sujet de la bande de Gaza et de la Syrie.
Après le conflit de 11 jours du mois dernier entre Israël et le groupe terroriste du Hamas basé à Gaza, Rivlin et Biden devraient discuter de l’avenir de l’enclave et des efforts de reconstruction de son infrastructure civile.
Selon le bureau du président, Rivlin prendra note de la demande israélienne que tout accord de trêve à long terme comprenne le retour en Israël des corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin, tous deux tués au combat pendant la guerre de 2014 à Gaza, et des civils Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui ont été capturés après être entrés dans Gaza de leur propre chef et dont les familles disent qu’ils souffrent d’une maladie mentale.
Rivlin s’entretiendra également avec Biden au sujet des négociations en cours en vue d’un retour des États-Unis à l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran.
Comme le gouvernement précédent, le nouveau gouvernement dirigé par Bennett et Lapid est fermement opposé aux efforts de l’administration Biden pour réintégrer l’accord, connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA).
Toutefois, Bennett et Lapid ont tous deux souligné que, quels que soient leurs désaccords avec les États-Unis, ils prévoient de les aborder à huis clos, plutôt que par des prises de bec publiques comme l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a fait pendant l’administration Obama.
En Israël, on suppose que le nouveau gouvernement, malgré un changement de ton, n’a aucun moyen d’influencer le contenu de l’accord actuellement discuté à Vienne, qui verrait probablement un retour à l’accord sans changements significatifs.
Israël doit donc faire confiance aux Américains qui affirment qu’après le retour à l’accord, il y aura une deuxième phase de négociations dans laquelle des conditions visant à renforcer et à étendre l’accord actuel seront imposées, ont déclaré des sources ayant une connaissance directe de la question au Times of Israël.
Lors de sa rencontre avec des chefs d’organisations juives et des dirigeants communautaires à New York dimanche soir, Reuven Rivlin a fait référence aux récents résultats des élections en Iran et a déclaré que l’élection du partisan de la ligne dure Ebrahim Raissi était « une preuve supplémentaire du terrible danger que le régime iranien représente pour le peuple iranien, pour Israël, pour le Moyen-Orient et pour le monde entier. »
« J’ai l’intention d’en parler avec le président Biden lors de notre rencontre », a déclaré Rivlin.
Relations diplomatiques
Entre-temps, avec le changement de gouvernement en Israël et un nouveau président aux États-Unis, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Gilad Erdan, a annoncé dimanche qu’il quittera son poste dès qu’un nouvel envoyé sera nommé, et qu’il ne restera pas à son poste au-delà de la fin novembre.
Erdan a déclaré dans un communiqué qu’il estimait que le nouveau gouvernement devrait nommer son propre représentant à Washington. Toutefois, Erdan, ancien ministre du Likud, a déclaré qu’il avait l’intention de se maintenir à son poste d’envoyé d’Israël aux Nations unies.
Erdan est à l’ONU depuis l’été dernier et a également pris ses fonctions d’ambassadeur à Washington en novembre. Son équipe a poussé un soupir de soulagement : cette décision signifie moins de voyages de New York à Washington, et plus de temps à New York.
À Jérusalem, on s’accorde à dire que la nomination du nouvel ambassadeur à Washington sera faite conjointement par Bennett et Lapid. Aucun nom précis n’est encore à l’étude, mais le gouvernement recherche une personnalité de haut rang, éventuellement issue de l’armée de terre, selon des sources politiques.
Entre-temps, Erdan restera à New York, bien qu’il soit possible que, s’il constate que des changements tectoniques se produisent au sein de son parti, créant une chance de changement à la tête du parti, il décide de mettre fin prématurément à sa mission et de rentrer en Israël.
Erdan a été pressenti par le passé comme un successeur potentiel de Netanyahu à la tête du parti, avec l’ancien ministre de la santé Yuli Edelstein, l’ancien maire de Jérusalem Nir Barkat et l’ancien ministre des Finances Israel Katz.