Sahara occidental : un projet de « partition » présenté au Conseil de sécurité
Vaste étendue désertique située au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est le dernier territoire du continent africain dont le statut post-colonial n'a pas été réglé
Un projet de « partition » du Sahara occidental que se disputent depuis un demi-siècle le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, a été présenté mercredi soir devant le Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-on appris jeudi.
« J’ai, en toute discrétion, repris et réactivé avec toutes les parties concernées le concept de partition du Territoire », a déclaré l’émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental Staffan de Mistura lors d’une session à huis clos du Conseil, selon des propos qui n’ont pas été rendus publics mais dont l’AFP a pris connaissance.
Vaste étendue désertique de 266 000 km2 situé au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est le dernier territoire du continent africain dont le statut post-colonial n’est pas réglé : le Maroc en contrôle plus de 80 % à l’ouest, le Front Polisario moins de 20 % à l’est, le tout étant séparé par un mur de sable et une zone tampon sous contrôle de Casques bleus de l’ONU.
Le conflit dans cette région au riche sous-sol minier et aux côtes poissonneuses dure depuis 1975.
Cette ancienne colonie espagnole est considérée comme un « territoire non autonome » par les Nations unies. Rabat propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, tandis que les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger, exigent un référendum d’autodétermination prévu par l’ONU lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé.
M. de Mistura, diplomate italo-suédois de 77 ans, est depuis trois ans l’envoyé personnel du secrétaire général Antonio Guterres pour ce territoire. Depuis novembre 2020, des hostilités de basse intensité ont repris entre le Polisario et le Maroc à la suite du déploiement de troupes de Rabat dans la zone tampon pour en déloger des indépendantistes.
Ce projet de « partition », a expliqué M. de Mistura, « permettrait, d’une part, de créer un Etat indépendant dans la partie sud, et d’autre part, d’intégrer le reste du Territoire comme une partie du Maroc sur laquelle sa souveraineté sera reconnue internationalement ».
Il a toutefois prévenu que « ni Rabat, ni le Front Polisario » n’avaient exprimé le moindre « signe de volonté » d’aller plus loin dans les consultations.
« Je le regrette », a conclu celui qui avait été il y a plus de dix ans émissaire de l’ONU pour trouver un règlement à la guerre civile et internationale en Syrie.
Nommé en octobre 2021 sur le dossier du Sahara occidental, il était encore au début du mois dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie, avec des responsables du Front Polisario.
Mais le processus politique reste bloqué.