Sanctions américaines contre les financiers du Hamas
Le Trésor cible notamment l’ancien et l’actuel gestionnaires d’un fonds d’investissement secret utilisé pour soutenir le groupe terroriste gazaoui
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le département du Trésor américain a annoncé, mardi, avoir sanctionné un responsable du Hamas ainsi qu’un réseau de soutiens du groupe terroriste.
Le réseau est supervisé par le Bureau d’investissement du Hamas, qui brasse plus de 500 millions de dollars d’actifs, avec des entreprises au Soudan, en Turquie, en Arabie saoudite, en Algérie et aux Émirats arabes unis. Les individus ciblés sont sanctionnés par le Département du Trésor en vertu d’un décret de 2001 permettant de bloquer les avoirs financiers d’individus ou groupes désignés afin d’endiguer le financement du terrorisme.
« Cette décision vise les individus et entreprises que le Hamas utilise pour dissimuler et blanchir des fonds », a déclaré depuis Israël Elizabeth Rosenberg, secrétaire adjointe au Trésor chargée du financement du terrorisme et des crimes financiers, venue évoquer la question du financement du terrorisme.
« Le Hamas génère des revenus considérables grâce à son portefeuille d’investissements secrets tout en déstabilisant Gaza, qui connait des conditions de vie difficiles. Le Hamas met en œuvre des actions violentes qui nuisent à la fois aux Israéliens et aux Palestiniens. Les Etats-Unis se sont engagés à priver le Hamas de sa capacité à générer et déplacer des fonds, et à le tenir responsable de la promotion et la perpétration de violences dans la région », a-t-elle ajouté dans un communiqué publié par son cabinet.
Le Hamas n’a pas fait de commentaire en réponse à l’annonce américaine.
La liste des personnes sanctionnées comprend Ahmed Sharif Abdallah Odeh, un ressortissant jordanien qui a dirigé le portefeuille d’investissement international du Hamas jusqu’en 2017 et demeure impliqué, même depuis sa démission.
Lui a succédé Usama Ali, qui en 2019 a été nommé au Conseil de la Choura du Hamas – une branche quasi législative – et a ensuite siégé au Comité exécutif du Hamas. Il est en contact direct avec le chef du Bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, l’adjoint du bureau, Saleh al-Arouri et d’autres personnalités influentes au sein de l’organisation.
Hisham Younis Yahia Qafisheh, un ressortissant jordanien basé en Turquie qui a été l’adjoint d’Oussama Ali et a été impliqué dans le transfert de fonds pour le compte de diverses sociétés liées au portefeuille d’investissement du Hamas, fait lui aussi l’objet de sanctions.
Qafisheh a été membre du conseil d’administration d’Agrogate Holding, basée au Soudan, vice-président du conseil d’administration de Trend GYO, basé en Turquie, président du conseil d’administration d’Al Rowad Real Estate Development, basé au Soudan, et directeur de la société immobilière saoudienne Anda Company. Les quatre entreprises ont également été désignées par le Trésor.
Le bureau d’investissement du Hamas détenait secrètement des actifs au sein des sociétés Sidar, en Algérie et Itqan Real Estate JSC, aux Émirats arabes unis, qui se présentent comme des entreprises légitimes mais sont en fait contrôlées par le Hamas. A ce titre, elles ont transféré de l’argent au groupe et à son aile militaire, a déclaré le Département du Trésor, justifiant sa décision de sanctionner les deux sociétés.
The U.S. has designated a Hamas financial official as well as a network of Hamas facilitators & companies across the Middle East and North Africa that generate revenue for the terrorist group through the management of an international investment portfolio. https://t.co/8aiHNS2HY5
— Matthew Miller (@StateDeptSpox) May 24, 2022
Les États-Unis ont également désigné Abdallah Yusuf Faisal Sabri, un comptable jordanien basé au Koweït œuvrant pour le compte du ministère des Finances du Hamas depuis plusieurs années.
« Depuis 2018, Sabri gère les dépenses opérationnelles du Hamas et supervise le transfert d’importantes sommes d’argent au nom du Hamas, dont les transferts venus d’Iran et d’Arabie saoudite, qu’il envoie ensuite aux membres, unités et industries du Hamas », a déclaré le Trésor.
En 2018, Sabri a été nommé président d’un comité financier clé qui l’a probablement informé des finances, des projets d’investissement et des sources de revenus du groupe terroriste, a ajouté le Trésor.