Sara Netanyahu inculpée pour « fraude »
Le Premier ministre israélien est lui-même visé directement par deux enquêtes pour corruption

L’épouse du Premier ministre israélien Sara Netanyahu a été mise en examen jeudi pour « fraude » et « abus de confiance », a annoncé le ministère de la Justice dans un communiqué.
Sous le coup d’une enquête de police depuis plus d’un an, la femme de Benjamin Netanyahu est soupçonnée d’avoir fait passer aux frais du contribuable des centaines de repas fins commandés entre 2009 et 2013 et représentant « plus de 350 000 shekels » (83 000 euros), selon le ministère de la Justice.
La justice lui reproche d’avoir menti en invoquant faussement l’absence de cuisinier à la résidence du Premier ministre pour faire livrer, jusqu’à des dizaines de fois un même mois, des repas de différents établissements de Jérusalem, italiens, asiatiques ou proche-orientaux.
Ezra Saidoff, ancien directeur général adjoint au bureau du Premier ministre, est lui aussi mis en examen.
« En falsifiant la réalité, les mis en cause sont parvenus à duper les agents compétents qui leur faisaient confiance, si bien que le cuisinier préparait les repas tandis que le (bureau du Premier ministre) finançait les repas préparés », dit le communiqué du ministère.
Le procès se tiendra à Jérusalem. L’accusation a demandé que la cour soit composée de trois juges et non d’un seul en raison du « caractère sensible » du sujet pour le public.
Cette mise en examen est « absurde et délirante », ont réagi les avocats de Sara Netanyahu dans un communiqué, « pour la première fois en Israël et dans le monde, l’épouse du dirigeant en place est poursuivie pour des plateaux repas ».
« Chasse aux sorcières »
Mme Netanyahu non seulement ne connaissait pas les procédures mais ce n’est pas elle qui a passé ces commandes et, dans la plupart des cas, ce n’est pas la famille qui a consommé les repas, mais des invités officiels et même des employés de la résidence, ont-ils dit.
M. Netanyahu est lui-même visé directement par deux enquêtes pour corruption.
Il est soupçonné d’avoir reçu pour un million de shekels (240 000 euros) de cadeaux de luxe de riches personnalités en échange de faveurs.
Dans une autre affaire, les enquêteurs cherchent à savoir s’il a tenté de conclure un accord secret avec un quotidien populaire pour une couverture favorable.
Il a été interrogé à plusieurs reprises par les policiers. Il dément les accusations, refusant de démissionner et invoquant une « chasse aux sorcières ».
M. Netanyahu et sa famille ont à plusieurs reprises été confrontés à des démêlés judiciaires.
En 2000, lui et son épouse Sara avaient fait l’objet d’une enquête dans une affaire de corruption alors qu’il était au pouvoir entre 1996 et 1999. La justice avait finalement renoncé à les inculper, faute de preuves.