Séisme: Netanyahu affirme avoir approuvé une demande d’aide à la Syrie, Damas dément
Benjamin Netanyahu a approuvé la demande d'aide à la Syrie ; une équipe de secouristes part lundi pour la Turquie et une autre équipe avec de l'aide humanitaire suivra mardi
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé lundi avoir « approuvé » l’envoi d’aide à la Syrie, frappée par un séisme meurtrier, après une demande de Damas reçue via des canaux « diplomatiques », une information rapidement démentie par le régime syrien.
Israël « a reçu une requête provenant d’une source diplomatique pour de l’aide humanitaire en Syrie et je l’ai approuvée », a déclaré M. Netanyahu devant les députés de son parti, le Likud.
L’aide sera envoyée sous peu, a-t-il précisé. Son bureau a refusé de donner plus de détails concernant la « source diplomatique ».
Peu après l’annonce de M. Netanyahu, une source officielle syrienne a « nié et fait fi des allégations des responsables israéliens », concernant une demande d’aide.
« Comment la Syrie pourrait-elle demander l’aide d’une entité qui a tué et participé au meurtre de Syriens au cours des décennies et années passées ? », a ajouté la source.
La Syrie ne reconnaît pas l’existence d’Israël, et les deux pays sont toujours en état de guerre.
Plus de 800 personnes ont été tuées et 2 280 blessées en Syrie par un puissant séisme de magnitude 7,8 dans la nuit de dimanche à lundi, suivi dans la matinée par une très forte réplique de magnitude de 7,5.
Le tremblement de terre a également fait plus de 1 000 morts dans le sud-est de la Turquie et le bilan risque de s’alourdir, de nombreuses personnes restant piégées sous les décombres.
Israël a également proposé son aide à Ankara : une équipe de secouristes spécialisés part lundi pour la Turquie et une autre équipe avec de l’aide humanitaire suivra mardi, selon le ministère israélien des Affaires étrangères.
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a laissé entendre à la presse que le départ de l’aide attendait encore le feu vert des autorités turques.
Israël considère la Syrie comme un État hostile, et les deux pays n’ont pas de relations diplomatiques. Toutefois, pendant la guerre civile qui a ensanglanté le pays voisin, Tsahal a mené une opération humanitaire massive pour aider les civils syriens.
Plus de 1 500 personnes ont été tuées dans le sud de la Turquie et en Syrie voisine par un puissant séisme de magnitude 7.8, suivi quelques heures plus tard par une très forte réplique de magnitude de 7.5, des secousses enregistrées jusqu’au Groenland.
Environ 783 personnes ont été tuées et 2 280 blessées en Syrie par un puissant séisme de magnitude 7,8 dans la nuit de dimanche à lundi, suivi dans la matinée par une très forte réplique de magnitude de 7,5.
En Turquie, au moins 912 personnes ont été tuées et plus de 5 385 blessées, dans sept différentes provinces, d’après les données communiquées par le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a fait état de 2.818 immeubles effondrés.
Ce bilan, très provisoire, devrait s’alourdir, un très grand nombre de personnes restant piégées sous les décombres. La neige, qui tombe en abondance et la baisse des températures, attendue en soirée et demain, va rendre encore plus difficile la situation des personnes se retrouvant sans abri, ainsi que le travail des secours.
Netanyahu a également déclaré qu’il présentait ses condoléances aux citoyens turcs et que « à la demande du gouvernement turc, j’ai donné des instructions aux équipes d’extraction, de sauvetage et de secours médical ».
« C’est la façon dont nous opérons dans le monde entier, et aussi la façon dont nous opérons dans la région », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Au nom de l’État d’Israël, je tiens à exprimer ma profonde tristesse au peuple turc à la suite du violent tremblement de terre qui a frappé le sud de la Turquie cette nuit », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen. « Nos cœurs sont avec les victimes, et nous souhaitons un prompt rétablissement aux blessés. J’ai donné l’ordre au ministère des Affaires étrangères de mener un plan d’assistance rapide à la Turquie pour faire face à cette difficile catastrophe », a-t-il ajouté.
Cohen a tenu une « réunion d’urgence » au ministère des Affaires étrangères lundi matin avec le directeur-général du ministère, Ronen Levi, pour discuter de la situation.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré qu’il avait également donné l’ordre à Tsahal et au ministère de la Défense « de se préparer immédiatement à fournir une aide d’urgence » par l’intermédiaire des services de secours israéliens et du Commandement du Front intérieur de Tsahal.
« Les forces de sécurité sont prêtes à offrir toute l’assistance nécessaire », a déclaré Gallant dans un communiqué, notant que les équipes de secours israéliennes ont « accumulé une grande expérience au fil des ans dans la gestion des zones sinistrées et dans la mission de sauver des vies ».
Gallant a déclaré plus tard lundi qu’il avait parlé avec son homologue turc, le général Hulusi Akar, et « lui a dit que les forces de sécurité israéliennes sont en attente et prêtes à aider la nation turque dans tous les efforts nécessaires pour sauver des vies ».
Eynat Shlein, la directrice de MASHAV, l’agence nationale d’aide d’Israël, s’est envolée pour la Turquie lundi matin.
United Hatzalah of Israel a déclaré qu’elle se préparait à envoyer une délégation de secours en Turquie en coordination avec les ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de la Santé.
« Nous nous tenons prêts à envoyer une équipe de secouristes composée de médecins, d’auxiliaires médicaux, d’ambulanciers, de membres de l’unité de réponse aux psychotraumatismes et aux crises, et de membres des unités de recherche et de sauvetage, avec des fournitures médicales et de l’aide humanitaire afin d’apporter une assistance aux milliers de personnes dans le besoin en Turquie », a déclaré le PDG de United Hatzalah, Eli Pollack.
Le service de secours du Magen David Adom a indiqué dans un communiqué qu’il avait été en contact avec ses homologues turcs du Croissant-Rouge et qu’il avait « offert une aide humanitaire et médicale ».
« Magen David Adom a de l’expérience dans l’aide aux situations de catastrophe et les professionnels suivent de près la catastrophe du tremblement de terre en Turquie, et sont prêts à fournir toute assistance qui pourrait être nécessaire », a déclaré l’organisation.
Le président Isaac Herzog a envoyé ses condoléances au président Recep Tayyip Erdogan pour cette « énorme catastrophe », exprimant sa tristesse « pour les pertes de vies et la destruction des moyens de subsistance ».
« L’État d’Israël est toujours prêt à apporter son aide de toutes les manières possibles », a ajouté Herzog. « Nos cœurs sont avec les familles en deuil et le peuple turc en ce moment douloureux. »
L’ambassadrice d’Israël en Turquie, Irit Lillian, a écrit sur Twitter que « les pensées d’Israël sont avec la Turquie et son peuple alors que nous voyons la première image des résultats horribles du tremblement de terre ».
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a déclaré qu’il « envoie ses condoléances au peuple turc pour le grave tremblement de terre de la nuit dernière ». « Israël se tient à vos côtés. »
Le tremblement de terre a également été ressenti par certains habitants d’Israël. Aucun dommage n’ait été signalé. Ces dernières années, une série de secousses ont été ressenties à travers le pays, secouant les résidents mais sans causer de dommages ou de blessures à long-terme.
Les autorités ont déclaré qu’en cas de tremblement de terre, toute personne susceptible d’être en danger doit se diriger vers un espace ouvert. Les personnes qui ne peuvent pas quitter leur bâtiment doivent entrer dans leur pièce sécurisée à l’épreuve des bombes, en laissant les portes et les fenêtres ouvertes, ou se rendre dans la cage d’escalier et descendre. Si aucune de ces options n’est envisageable, elles doivent s’abriter dans le coin d’une pièce.
Le Commandement du Front intérieur de Tsahal est régulièrement envoyé dans le monde entier pour apporter son aide lors de catastrophes naturelles, notamment les tremblements de terre, les incendies de forêt, les inondations et les effondrements de bâtiments. Une équipe envoyée à Surfside, en Floride, en 2021, avait aidé à diriger les efforts de sauvetage lors de l’effondrement d’un immeuble mortel.
Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17 000 personnes, dont un millier à Istanbul.
Israël avait alors envoyé en Turquie trois avions contenant du matériel médical et une équipe de 150 sauveteurs ayant monté un hôpital de campagne.
En 2020, Israël avait proposé d’envoyer de l’aide à la Turquie après un tremblement de terre meurtrier dans le pays, mais Ankara n’avait pas accepté cette aide.
Israël et la Turquie ont parachevé en janvier la reprise complète de leurs relations diplomatiques, après plusieurs années de crise. De plus, le tremblement de terre de lundi semble beaucoup plus grave.
L’année dernière, Israël avait envoyé des avions pour lutter contre un incendie dans le nord de Chypre, soutenu par la Turquie, et a participé à des missions similaires en Grèce et à Chypre ces dernières années.
La Knesset doit discuter de la préparation d’Israël aux tremblements de terre la semaine prochaine.
Les experts avertissent depuis très longtemps qu’Israël devrait subir un tremblement de terre majeur qui pourrait causer d’importants dégâts dans le pays. Le dernier grand tremblement de terre centré sur la région a eu lieu en 1927 et avait tué des centaines de personnes.
Israël se trouve le long du rift syro-africain, une ligne de faille active qui longe la frontière séparant Israël et la Jordanie. Des experts en géologie ont récemment prévenu qu’environ un million de maisons en Israël risquaient de s’effondrer en cas de tremblement de terre.
Selon les estimations, un séisme majeur pourrait faire environ 7 000 morts et 145 000 blessés, 170 000 personnes se retrouveraient sans abri et 320 000 bâtiments seraient endommagés.
L’année dernière, Israël a organisé un exercice de tremblement de terre dans un certain nombre de villes du pays.
Lazar Berman, l’AFP et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.