Shaked accuse le commandant adjoint de l’armée de mépris pour la Shoah
La controverse sur la remarque de Yair Golan continue à enfler, même après que celui-ci soit revenu sur sa comparaison entre Israël et l'Allemagne nazie

La ministre de la Justice Ayelet Shaked a vivement critiqué jeudi le vice-chef d’état-major de l’armée, le qualifiant de « confus » et déclarant que celui-ci a fait preuve de « mépris de l’Holocauste », concernant les commentaires par lesquels il semblait comparer Israël à l’Allemagne nazie.
La controverse sur les commentaires du Maj. Gen. Yair Golan, à la principale cérémonie officielle du Jour du souvenir de l’Holocauste mercredi soir, a continué à faire boule de neige jeudi matin, même après que l’officiel ait semblé rétracter sa déclaration, après que certains hommes politiques aient exprimé leurs consternations face au contenu de la déclaration mais aussi face au moment choisi pour le faire, tandis que d’autres lui ont marqué leur soutien.
« Le commandant adjoint de Tsahal était, à mon avis, confus, » a déclaré Shaked (HaBayit HaYehudi) à la radio militaire depuis la Pologne, où elle participe jeudi à une cérémonie au camp de la mort d’Auschwitz. « Ses paroles indiquent surtout un manque de compréhension, sans parler de mépris pour l’Holocauste. »
« Rien au monde ne devrait être comparé à cet évènement [l’Holocauste], » a-t-elle ajouté.
Mercredi soir, Golan a déclaré au public lors de la cérémonie officielle principale au mémorial Yad Vashem que les tendances existant aujourd’hui en Israël sont semblables à celles de l’Europe avant la Shoah, mettant en garde contre l’augmentation de l’insensibilité et de l’indifférence envers ceux qui ne font pas partie de la majorité « mainstream » de la société israélienne.
« S’il y a quelque chose qui me fait peur dans la mémoire de l’Holocauste, c’est d’identifier les processus horribles qui se sont produits en Europe … il y a 70, 80 et 90 ans et de trouver des preuves de leur existence ici au milieu de nous, aujourd’hui, en 2016 », a déclaré Golan pendant l’événement.
Il a nié plus tard avoir comparé Israël à l’Allemagne nazie dans son discours, suite aux critiques.
« Je n’avais pas l’intention de faire cette comparaison », a indiqué Golan dans un communiqué transmis par l’armée israélienne.
Le ministre de l’Éducation Naftali Bennett (HaBayit HaYehudi), qui a appelé mercredi Golan à se rétracter, a salué l’officier pour avoir clarifié qu’il ne faisait pas de comparaison entre Israël et l’Allemagne nazie.
« C’est une réaction appropriée. Il a fait une erreur et il l’a corrigée », a-t-il écrit dans un message posté sur son compte Twitter. « Ce n’est pas le moment de se disputer. Respectons ce jour et soyons ensemble ».
Plusieurs autres politiciens ont dit qu’ils étaient d’accord avec les déclarations de Golan, mais que le moment était mal choisi.

« Je pense que le message était correct, l’heure et le lieu ne l’étaient pas », a déclaré le député Elazar Stern (Yesh Atid), un ancien général de Tsahal.
« Nous devons faire face à ces choses chaque jour [aux questions éthiques], mais le jour du Souvenir, nous devrions réduire le niveau de l’autocritique et au lieu de cela se pencher vers la mémoire et l’apprentissage des leçons. »
Le député Itzik Shmuli (Union sioniste) a écrit sur son compte Twitter qu’il comprenait ce que Golan voulait dire.
« Pourtant, la comparaison à l’Allemagne était sans fondement et hors de propos. Et certainement pas le jour du Souvenir de l’Holocauste », a-t-il tweeté.
La députée Tzipi Livni de l’Union sioniste a déploré la critique à laquelle Golan a dû faire face ce qui, a-t-elle indiqué, a fait de l’ombre au message important qu’il essayait de faire passer.
« Au lieu de traquer le chef-adjoint de Tsahal, dont la conscience est faite de valeurs et qui représente une armée morale qui s’auto-critique, il est plus important d’écouter les choses que son cœur a dit », dit-elle dans un communiqué.
Le député Issawi Frej du parti Meretz était plus énergique dans sa défense de Golan, en disant qu’il avait été critiqué pour avoir exprimé des vérités dures à entendre.
« Le Jour du souvenir de l’Holocauste, l’on peut appeler tout le monde à rendre des comptes, britanniques, français, suédois, l’ONU et toute autre personne. Une chose seulement est interdite ! De demander à ce que la société israélienne examine également sa conscience, sur son racisme et sa brutalité ».