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"Il vit beaucoup plus pour moi que je ne vis pour lui"

Simone et Antoine Veil : un couple « plus que complice – fusionnel »

Inhumée dimanche au Panthéon pour ses combats pour les femmes et l'Europe, Simone Veil a partagé 67 ans de vie conjugale avec Antoine Veil qui reposera à ses côtés

Antoine et Simone Veil, avec leurs fils Jean et Claud-Nicolas, et leur petite-fille, à l'entrée de Simone Veil à l'Académie française, le 18 mars 2010. (Crédit : AFP / FRANCOIS GUILLOT)
Antoine et Simone Veil, avec leurs fils Jean et Claud-Nicolas, et leur petite-fille, à l'entrée de Simone Veil à l'Académie française, le 18 mars 2010. (Crédit : AFP / FRANCOIS GUILLOT)

Antoine Veil a eu un rôle discret mais important dans la vie de sa femme, le couple ayant été, selon leur fils, Jean, « plus que complice : fusionnel ».

C’est en février 1946 que Simone Jacob, 18 ans, rencontre à Sciences-Po Antoine Veil, 19 ans. Ils se marient huit mois plus tard. « Ses yeux pers dans un visage éclatant réfléchissaient le vécu d’une tragédie indélébile », écrira Antoine.

Car, en ces années d’après-guerre, ils doivent apprendre à vivre avec la Shoah. La famille de Simone a été déportée en 1944, ses parents et son frère n’en sont pas revenus.

Antoine, lui, échappe par chance à la déportation. Ce n’est pas le cas de sa sœur. Homme pudique, il ne manquait pas d’humour : « Si Dieu était en Silésie à cette époque, dira-t-il, il devait être perdu dans un chemin de traverse ».

Leur vie se construit d’abord autour de la carrière d’Antoine, jeune conseiller d’ambassade. Elle l’accompagne à la fin des années 1940 à Wiesbaden puis à Stuttgart où il est nommé.

Simone Veil, le 26 octobre 2007. (Crédit : AFP PHOTO / Franck FIFE)

A des proches, qui s’indignent, elle explique qu’il faut distinguer les nazis des Allemands dans leur ensemble.

Sorti de l’ENA en 1955, Antoine entre à l’Inspection générale des finances. Longtemps, il tient, dans le couple, le haut de l’affiche. Pas spontanément enclin à pousser sa femme à travailler, il voit d’un mauvais œil son souhait d’être avocate.

Se souvenant que son père empêcha sa mère de poursuivre ses études après son mariage, Simone Veil décide alors d’être magistrate. Auparavant, elle a donné naissance à trois fils (Jean en 1947, Claude-Nicolas en 48, décédé en 2002, et Pierre-François en 54).

A la Chancellerie, cette bosseuse ne passe pas inaperçue. Elle devient en 1970 la première femme secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature.

Jacques Chirac la repère et, nommé Premier ministre en 1974, la propulse ministre de la Santé.

Simone Veil, alors ministre de la Santé, et Jacques Chirac, alors Premier ministre, inaugurent une crèche à Hyères, le 12 mars 1975; (Crédit : AFP)

Conseiller de sa femme

Cette féministe inflexible deviendra plus tard présidente du premier Parlement européen puis la première femme à être ministre d’État en France. Elle sera la sixième femme à être admise à l’Académie française.

Son combat pour faire adopter en 1975 la loi – contre une partie de la droite – sur l’interruption volontaire de grossesse fera d’elle la personnalité politique la plus populaire de France.

Simone Veil, ministre de la Santé, défend le projet de loi autorisant l’avortement à l’Assemblée nationale française, le 26 novembre 1974. (Crédit : AFP)

Dès lors, les rôles s’inversent. « Avec intelligence, modestie et humilité, Antoine comprend qu’il est désormais un peu en retrait. Loin d’en concevoir une once de jalousie, de regret ou d’aigreur, il va aider, conseiller et protéger sa femme », a raconté au Point l’écrivain et journaliste Philippe Labro.

Antoine va privilégier les affaires, au détriment de la politique, et enchaîne les hauts postes : directeur général de la compagnie aérienne (disparue) UTA, président du comité stratégique du groupe Bolloré, PDG de Manurhin, de Matra transport, d’Orlyval, administrateur d’Havas etc.

« Je pense avoir su l’écouter et avoir su la lire entre les lignes. Mais les déportés parlent surtout entre eux », disait celui qui fut conseiller régional centriste d’Ile-de-France, et conseiller municipal de Paris.

En 2010, après une visite au camp d’Auschwitz-Birkenau, où elle avait été déportée, Simone Veil avait dit de son inséparable « Tony », qui tenait à voir ce camp avant leur mort : « Il vit beaucoup plus pour moi que je ne vis pour lui ».

Grand Officier de la Légion d’honneur et Commandeur de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne, il décède en avril 2013.

« Je suis toute seule maintenant », lâche alors Simone, qui s’éteindra à son tour quatre ans plus tard, le 30 juin 2017.

Antoine et Simone Veil, devant l’Hôtel Matignon à Paris, le 27 septembre 2010. (Crédit : AFP PHOTO / Jacques DEMARTHON

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