Smotrich sous le feu des critiques après avoir blâmé Halevi pour le 7 octobre
Le ministre des Finances a notamment déclaré que le chef d'état-major de l’armée et les hauts gradés ne "formeront pas la prochaine génération de Tsahal"

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, s’est attiré une avalanche de critiques dimanche après avoir accusé le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, d’avoir été incapable d’empêcher l’assaut barbare du groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre.
« Ce chef d’état-major de Tsahal nous a apporté l’un des plus grands désastres de l’histoire du pays », a déclaré Smotrich lors d’une interview accordée à la Douzième chaîne dimanche. « Il ne s’agit pas seulement d’un échec le 7 octobre, mais d’un échec de longue date », a-t-il ajouté.
Smotrich a déclaré que Halevi ne serait pas celui qui « façonnerait la prochaine génération de Tsahal ».
« Il ne nommera pas les commandants […] Il n’y a pas de confiance », a estimé le chef du parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit, qui fait partie de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu (droite, religieuse et extrême-droite). Les dirigeants politiques « les soutiennent pleinement en ce moment pour gérer la guerre et la gagner ».
Les responsables politiques examineront également leurs actions et leurs décisions au cours de la période qui a précédé l’assaut du Hamas, a-t-il ajouté, et « ils en tireront les leçons, cela arrivera, mais pour l’instant, nous sommes occupés à gérer la guerre et à gagner ».
« C’est le mandat du chef d’état-major de Tsahal et des hauts gradés, mais ce ne sont pas eux qui décideront de ce à quoi ressemblera l’armée israélienne réformée. »

Smotrich répétait des remarques faites la semaine dernière à l’attention de l’armée et de son chef d’état-major, qui, selon lui, n’a pas le mandat pour concevoir une « armée nouvelle et réformée » en temps de guerre, dans le contexte de la récente série de nominations à des postes de haut niveau par le chef de l’armée. Smotrich a déclaré qu’Halevi n’avait pas été chargé de réformer l’armée et a demandé « de stopper la série de nominations », arguant que ce n’était « pas le moment ».
Au début du mois, Halevi a annoncé la première liste de nominations de hauts gradés de l’armée depuis l’assaut du 7 octobre, dont trois nouveaux généraux de brigade et onze nouveaux colonels, ainsi que vingt-six colonels qui changent de poste tout en conservant le même grade.
Les critiques de Smotrich sont survenues après que Tsahal a annoncé que le général de brigade Barak Hiram, commandant de la 99e division de l’armée israélienne, avait formellement reçu un blâme pour la démolition d’une université dans la bande de Gaza au début de l’année sans l’autorisation nécessaire.
Les propos du ministre d’extrême-droite ont suscité l’ire du député Chili Tropper (HaMahane HaMamlahti), qui a dénoncé « l’insolence » des déclarations de Smotrich dans un message publié sur Facebook. « M. Smotrich parle de la nécessité de faire confiance aux chefs de l’armée et affirme que cette confiance a été perdue. »

« Selon tous les indicateurs, l’armée jouit du plus haut niveau de confiance au sein de la société israélienne, alors que Smotrich et le gouvernement Netanyahu font l’objet d’une énorme crise de confiance du point de vue du peuple israélien », a-t-il écrit, dans une référence manifeste aux résultats d’un sondage publié la semaine dernière qui montrait que le soutien du peuple à Tsahal atteignait des sommets.
Aux premiers jours de la guerre, Halevi et le ministre de la Défense Yoav Gallant avaient pris leurs responsabilités et avaient évoqué leur incapacité à prévenir le massacre du 7 octobre, qui a fait près de 1 200 morts et 253 otages.
Presque six mois plus tard, Netanyahu évite clairement encore d’assumer la responsabilité directe de l’assaut du 7 octobre et, selon certains observateurs, il a cherché à rejeter la faute sur les agences de sécurité.
Smotrich a également pris ses responsabilités, déclarant lors d’une conférence de presse le 15 octobre 2023 que « nous devons admettre avec douleur et en baissant la tête que nous avons échoué. Les dirigeants du pays et le système de sécurité ont échoué dans le maintien de la sécurité de nos résidents ».
« J’assume la responsabilité de ce qui a été et de ce qui sera », avait déclaré Smotrich, ajoutant que « le massacre a été le plus horrible que nous ayons connu en Israël – une cruauté inimaginable que le monde n’a pas connue depuis la Shoah ».
En réponse aux commentaires de Smotrich dimanche, le député Matan Kahana (HaMahane HaMamlahti) a déclaré : « Un ministre de premier plan du pire et du plus terrible gouvernement que nous ayons jamais vu, le gouvernement qui est responsable de la plus terrible tragédie qui ait frappé le peuple juif depuis la Shoah, n’a même pas idée de ce que signifie le mot ‘responsabilité’. »
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a appelé à la démission du ministre des Finances. « Acceptez d’abord la responsabilité de votre échec en tant que gouvernement et démissionnez. Ce n’est qu’ensuite que vous aurez le droit de parler des autres », a écrit Lapid sur X.
Au début du mois, la Douzième chaîne a rapporté que le contrôleur de l’État Matanyahu Englman avait l’intention de publier des conclusions préliminaires sur les échecs de l’État et de l’establishment de la Défense dans la période précédant le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas, et ce, avant la première journée nationale de commémoration de l’assaut terroriste du 7 octobre et de la guerre subséquente à Gaza.

La Douzième chaîne a noté qu’en raison de la portée du rapport, le rôle du Premier ministre Netanyahu dans les erreurs commises ne serait pas au centre des conclusions initiales qui seront publiées.
Parmi les questions qui seront examinées par le bureau du contrôleur de l’État figurent la conduite du cabinet de sécurité du gouvernement, la conduite des décideurs politiques et des militaires le 7 octobre, la préparation des agences de renseignement avant le 7 octobre, le dispositif de défense à la frontière de Gaza avant l’invasion du Hamas, la préparation des escouades civiles de sécurité dans la région frontalière de Gaza avant la guerre, le financement du groupe terroriste palestinien et le manque d’équipement pour les soldats israéliens, avait indiqué Englman au mois de décembre.
Son bureau a également été chargé d’étudier les actions du gouvernement après le déclenchement de la guerre, notamment la manière dont les civils du sud et du nord ont été relogés, l’évacuation des blessés, la collecte et l’identification des corps des victimes, les droits des personnes blessées lors de l’attaque et leur capacité à accéder à ces droits, ainsi que les activités de diplomatie publique du gouvernement.
Tsahal mène une enquête interne sur la période allant de mars 2018, date des émeutes à la frontière de Gaza menées par le Hamas, au 10 octobre 2023, date à laquelle les troupes israéliennes ont repris le contrôle du sud d’Israël à la suite de l’assaut.
Les conclusions devraient être présentées à Halevi au début du mois de juin, a fait savoir l’armée au début du mois.