Souccot: Échec des discussions après le retrait des autorisations de Rosh Yehudi
Selon Israël Zeira, le leader de Rosh Yehudi, la municipalité, n’aurait pas cherché à parvenir un compromis ; il dit qu’il pourrait porter l'affaire devant la Cour Suprême
L’arbitrage devant le tribunal de district de Tel Aviv entre la municipalité de Tel Aviv et l’organisation juive orthodoxe dont les permis d’organiser des événements à Souccot ont été révoqués s’est conclu sans succès.
La réunion d’aujourd’hui s’est tenue à huis clos, selon le site d’information Ynet, qui rapporte que des cris ont été entendus à l’extérieur de la salle.
Israël Zeira, le leader de Rosh Yehudi, a critiqué la municipalité pour n’avoir pas eu l’intention de trouver un compromis. Il assure qu’il respectera la décision du tribunal, mais a néanmoins déclaré qu’il pourrait faire appel à la Cour suprême contre la municipalité. Cette affaire est la dernière en date de ce qui ressemble à la répétition d’un conflit similaire sur le culte public qui s’est déroulé le jour de Yom Kippour et qui a provoqué un tollé dans la société israélienne fortement polarisée.
Au cours d’une audience qui s’est tenue mercredi au tribunal de district de Tel Aviv, les avocats représentant la municipalité ont défendu la décision du maire de retirer le permis pour l’événement de Simhat Torah que la ville avait accordé à Rosh Yehudi cette année, comme elle le fait depuis plusieurs années déjà.
La municipalité estime que Rosh Yehudi a violé les conditions du permis qui lui avait été accordé avant l’événement de Yom Kippour, le 24 septembre. La municipalité a donc déclaré qu’elle ne faisait plus confiance à Rosh Yehudi pour se conformer aux règlements de la ville lors de l’événement Simhat Torah, prévu pour samedi.
À l’occasion de Yom Kippour, Rosh Yehudi avait placé une cloison de bambou à laquelle étaient suspendus des drapeaux et l’avait utilisée comme mehitza, séparation entre les hommes et les femmes exigée par la loi juive orthodoxe pour les prières.
Rosh Yehudi, qui encourage ouvertement les Juifs à adopter un mode de vie plus orthodoxe, a déclaré que la cloison amovible n’enfreignait pas les conditions du permis, qui interdit toute séparation entre les sexes. La police a autorisé la cloison, mais la municipalité a estimé qu’elle enfreignait l’interdiction des séparations entre les sexes, qu’elle considère comme discriminatoire.
Le 24 septembre, des laïcs locaux avaient démonté la cloison et perturbé les offices. Rosh Yehudi organisait ces offices chaque année sur la place Dizengoff depuis 2020. C’était la première fois, cette année, que la ville avait introduit la disposition interdisant la séparation. Une deuxième prière organisée le 25 septembre avait elle aussi été interrompue par des laïcs, et ce même s’il n’y avait pas de cloisons.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et de nombreux autres hommes politiques avaient condamné les actions des laïcs. Le chef de l’opposition, Yair Lapid, avait justifié leurs actions, mais il avait déclaré que les scènes qui s’étaient déroulées sur la place Dizengoff « ne peuvent pas se répéter ».
Cette querelle est une manifestation sans précédent du sentiment antireligieux qui coïncide et correspond à la vague de protestations contre le gouvernement de droite de Netanyahu, composé de son parti, le Likud, et de cinq partis religieux.
De nombreux laïcs qui ont mené l’action de protestation sur la place Dizengoff ont déclaré que la question de la non-mixité faisait partie d’une politique gouvernementale plus large de coercition religieuse qui exclut et qui opprime les femmes. Ce point de vue est contesté par de nombreux Israéliens.
« C’est une injustice qui donne envie de crier vers le ciel », a déclaré Zeira aux journalistes.
La municipalité s’est bornée à rappeler qu’elle avait retiré les autorisations accordées à Rosh Yehudi en raison des infractions aux règles de délivrance, notamment celles concernant l’interdiction de la ségrégation sexuelle. Elle assure que l’organisation est libre de prendre part à d’autres événements publics organisés dans la ville à l’occasion de Souccot.
Après le retrait par la ville de son autorisation d’organiser des événements pour Souccot et Simhat Torah – une fête qui célèbre le lien du peuple juif avec la Torah – Rosh Yehudi avait demandé au tribunal de district de Tel Aviv d’émettre une injonction. Le juge avait refusé de le faire, déclarant qu’il n’était pas compétent, et avait invité les deux parties à se concerter « dans l’esprit des fêtes » pour trouver une solution acceptable à tous.