Strasbourg 1944 : libération éclair pour une ville symbole
Si Paris a été libéré fin août 1944, l'Alsace annexée de fait par le Reich dès 1940, à la différence du reste de la France, qui n'était qu'occupée, a dû attendre novembre 1944 pour voir l'arrivée des Alliés
Strasbourg, dont Emmanuel Macron vient célébrer samedi les 80 ans de la libération, fut délivrée par une offensive éclair des troupes françaises, face à des Allemands bien décidés à défendre cette ville symbole.
« Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg ». Le 23 novembre 1944, la deuxième division blindée (2e DB) du général Leclerc tient parole en s’emparant en quelques heures de la capitale alsacienne, près de quatre ans après son serment passé dans le sable de Koufra en Libye.
Quatre-vingts ans plus tard, le serment orne toujours un monument situé place Broglie, esplanade qui sera au cœur des commémorations de samedi.
Si Paris a été libéré fin août 1944, l’Alsace doit encore attendre la mi-novembre pour que les Alliés lancent une attaque sur les Vosges et entrent en territoire considéré comme allemand par les nazis : l’Alsace et la Moselle ont été annexées de fait par le Reich dès 1940, à la différence du reste de la France, qui n’était qu’occupée.
Hitler ordonne une résistance acharnée, mais à l’aube du 23 novembre, les troupes françaises, qui ont pris Saverne, à 40 kilomètres à l’ouest de Strasbourg, se ruent sur la ville en quatre colonnes blindées.
Les Français se heurtent à la ligne de forts qui enserrent la ville, mais, bénéficiant de l’effet de surprise, l’une des colonnes de chars parvient à entrer à Strasbourg par le nord dès 09h00.
Les combats vont durer plusieurs jours, mais dès l’après-midi, le drapeau tricolore flotte à 140 mètres de haut, au sommet de la cathédrale. Pour le confectionner, il fallut découper du tissu rouge dans un drapeau nazi.
Le lendemain, le gouverneur militaire allemand se rend, avec des milliers d’hommes.
Les Français ont agi rapidement pour mettre les Américains devant le fait accompli : ces derniers entendaient laisser Strasbourg de côté pour foncer plus au nord vers la Ruhr, afin de s’emparer du coeur de l’industrie allemande. Mais pour le général de Gaulle, la cité la plus orientale de l’Hexagone méritait d’être libérée au plus vite.
« Habitants de Strasbourg, la flèche de votre cathédrale est demeurée notre obsession (…) L’envahisseur ne reviendra pas », assurait le général Leclerc dans une proclamation placardée sur les murs de la ville dès le 24 novembre.
Strasbourg a pourtant failli retomber sous le joug nazi lors d’une contre-offensive lancée à partir de la fin décembre. Il faudra encore attendre le 25 mars 1945 pour que toute l’Alsace soit libérée.