Taglit Israël se lance dans une démarche éco-responsable
L’organisation ajoutera des contenus et activités environnementales à ses visites d'Israël, en hommage à l'un de ses fondateurs, Charles Bronfman.
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Depuis sa création en 1999, Taglit Israel a permis à plus de 800 000 jeunes adultes juifs de découvrir Israël.
Aujourd’hui, il a choisi de passer au vert.
L’initiative – qui sera annoncée lors d’une conférence du Jewish Funders Network à Phoenix (Arizona), qui débutera le 19 mars prochain – est possible grâce à ce que l’organisation décrit comme « un coup de pouce au changement » apporté par Stephen et Claudine Bronfman, Ellen Bronfman Hauptman et Andrew Hauptman, en hommage à Charles Bronfman, cofondateur de Birthright-Taglit.
Des entretiens ont lieu en ce moment-même pour désigner le chef du projet environnemental, chargé de piloter le projet aux côtés de Gia Arnstein, vice-présidente de l’éducation chez Taglit Israël.
Ce projet, dont le financement est assuré pour les cinq prochaines années, comporte trois niveaux.
Le premier niveau concerne l’intégration de contenus environnementaux à tous les programmes.
Il s’agit notamment des voyages classiques gratuits de 10 jours de Taglit, qui devraient concerner quelque 25 000 jeunes Juifs cette année, ainsi que des voyages Onward Israel et Excel, plus personnalisés, qui offrent tous deux des expériences immersives en Israël.
Selon Arnstein, il s’agit pour Taglit de définir au préalable le cadre et la pédagogie de cette nouvelle approche verte, avant de travailler avec les organisateurs de voyages et guides touristiques sous contrat sur le contenu des visites Birthright.
Les guides – plus de 700 ont été formés pour travailler avec Taglit au fil du temps – acquerraient des connaissances qu’ils pourraient transmettre à des collègues et des groupes non-Birthright, ajoute-t-elle.
Le programme Onward a déjà commencé à travailler avec une organisation israélienne, RenewIL, sur un projet pilote visant à compenser les émissions de carbone impliquées dans les voyages en Israël.
RenewIL collecte des fonds auprès des touristes qui se rendent en Israël désireux de réduire leur empreinte carbone, en allouant ces fonds à des initiatives certifiées positives pour le climat en Israël ou à des programmes en dehors d’Israël utilisant des produits et services israéliens.
La nouvelle décision de Taglit passe également par la création d’un petit nombre de programmes sur mesure, axés sur l’environnement en Israël, pour ceux qui souhaitent en faire plus.
Ceux-ci pourraient prendre la forme de visites Taglit axées en des lieux importants pour l’environnement ou de stages avec des entreprises israéliennes dans les domaines des technologies climatiques ou agricoles.
Le troisième niveau du projet consiste à définir la meilleure façon de rendre l’organisation plus durable, par exemple en utilisant des bus électriques ou en servant une alimentation végane.
Actif dans le domaine de l’environnement depuis des années, Stephen Bronfman explique : « Ma sœur Ellen et moi avons grandi avec Taglit Israël. Nous avons vu notre père y consacrer une grande partie de son temps, de son énergie, de sa passion et de ses ressources dès le début.»
« Nous avons conscience d’être les prochains maillons de cette chaîne. Ce sont nos enfants, et leur génération, qui grandissent dans un monde en butte à des problèmes environnementaux, en particulier la crise climatique.
« Aider Taglit Israël à relever ces défis vitaux est une manière évidente pour nous de rendre hommage à ce qu’a fait notre père et de nous engager envers la génération juive montante. »
Nigel Savage, fondateur et ex-directeur de l’organisation environnementale juive américaine Hazon (rebaptisée Adamah), conseille Stephen Bronfman et Ellen Bronfman Hauptman sur ce projet depuis janvier 2022 et continuera à le faire en qualité de consultant principal.
Au Times of Israel, il explique l’importance particulière de cette initiative, au sein d’une organisation éducative juive traditionnelle, alors que se multiplient les organisations environnementales juives, en Israël comme aux États-Unis.
« L’ADN de Birthright en la matière vient de l’éthique de nos pères », précise-t-il, évoquant le recueil d’enseignements rabbiniques moraux datant d’il y a environ deux millénaires.
« Elle nous dit que l’on n’est pas obligé de terminer une tâche (dans ce cas, stopper le changement climatique et réparer les dommages à l’environnement), mais on n’est pas davantage libre de nous en abstenir. Cette ligne de conduite s’avère extrêmement pertinente pour les crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui. Sur le plan émotionnel, comment abordez-vous le climat au 21e siècle ? La réponse est que nous ne sommes pas en mesure de terminer la tâche. C’est au-dessus du niveau de rémunération de n’importe quelle entreprise, pays ou milliardaire. Birthright dit que nous ne pouvons pas le réparer nous-mêmes, mais nous sommes déterminés à résoudre ce problème du mieux que nous pouvons. »
Arnstein ajoute : « Depuis le Tanach (Bible hébraïque) en passant par le Talmud et jusqu’au travail des premiers sionistes modernes, aux 19ème et 20ème siècles, le fil conducteur de la vie juive est triple: renforcer la vie juive, préserver et protéger la terre, et s’efforcer de créer un monde meilleur pour tous… Birthright Israël souhaite défendre et mettre ces valeurs juives profondément enracinées au service de la lutte contre le changement climatique, pour un réduction de notre empreinte carbone et la promotion d’initiatives vertes. »
« En tant que principal organisme éducatif juif de l’histoire moderne, Birthright est conscient de son importance cardinale et de sa responsabilité pour aider les nouvelles générations juives à apprendre ces connexions et comprendre ces valeurs. »
Arnstein estime qu’il ne s’agit pas d’un projet qui prendra fin dans cinq ans, mais bien plutôt d’un « changement de mentalité ».
La conférence du Jewish Funders Network comprend cette année une visite pré-conférence montrant comment Arizona Jews for Justice aide les réfugiés climatiques, notamment ceux d’Amérique centrale, ainsi que les sans-abri de Phoenix, dont la vie est toujours plus affectée par les températures extrêmes.
Organisée le matin du 19 mars, la visite du site est organisée par le Green Funders’ Forum, fondé par JFN Israël pour soutenir et mobiliser la communauté philanthropique juive afin qu’elle s’implique dans les questions liées au climat.
Au cours de la conférence, Alon Tal, militant israélien de l’environnement et ex-membre de la Knesset, prendra la parole lors d’un atelier sur le rôle de la philanthropie juive dans la réponse aux défis posés par le changement climatique.