Tariq Ramadan va demander la nationalité française
Le petit-fils du fondateur des Frères musulmans en Egypte veut réagir au vif débat sur la déchéance de la nationalité en France
Le suisse Tariq Ramadan a déclaré vendredi qu’il entreprendrait rapidement les démarches pour obtenir la nationalité française et devenir ainsi franco-suisse, afin de contrecarrer, dit-il, les propos « nauséabonds » sur la déchéance de nationalité pour les seuls binationaux condamnés pour terrorisme.
« J’aspire à être binational, franco-suisse, avec un vrai discours, pour sortir des discours d’enfermement, de peur » sur la déchéance de nationalité, a-t-il déclaré à l’AFP, confirmant un message qu’il avait posté jeudi soir sur sa page Facebook.
« Après des années de réflexion, j’ai pris la décision de prendre la nationalité française », car « il est bon de donner un exemple concret et positif d’adhésion aux valeurs de la République », a écrit ce professeur d’études islamiques contemporaines qui enseigne à l’université d’Oxford.
« C’est donc officiel, je vais déposer ma demande et mon dossier ces prochains jours », a-t-il annoncé.
Marié à une Française convertie, avec qui il a eu quatre enfants « français », depuis « bien plus longtemps » que les quatre ans d’union requis par la loi pour prétendre à la naturalisation par mariage, Tariq Ramadan a une « activité permanente en France » et un bureau à Paris.
Autant de critères qui lui auraient permis de devenir Français bien avant, ce qu’il avait refusé pour « ne pas envoyer un faux message », celui d’ « avoir une sorte de représentation ».
Sa décision aujourd’hui est, selon lui, une « réponse sensée, raisonnable », une « démarche plutôt noble » face aux « propos nauséabonds » inclus dans le « discours sur la déchéance », a argumenté M. Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères musulmans en Egypte, Hassan el-Banna.
« La surdité qui accompagne mon propos en France est à l’image de ce qu’on voit aujourd’hui », s’est-il défendu, critiquant le « communautarisme de salon » de certains « cercles politiques ou intellectuels », qui « voient le ‘nous’ comme un cercle très restreint » et « parlent des banlieues comme si elles ne faisaient pas partie de la France ».