Israël en guerre - Jour 368

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Trouver l’apaisement malgré le confinement

Un expert en méditation, un professeur de yoga, un coach parental juif et un artiste de mandalas donnent des pistes pour trouver le calme malgré le chaos causé par la pandémie

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Les habitants de Tel Aviv sur leurs balcons, applaudissent les soignants mobilisés pour la lutte contre le coronavirus, le 19 mars 2020. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Les habitants de Tel Aviv sur leurs balcons, applaudissent les soignants mobilisés pour la lutte contre le coronavirus, le 19 mars 2020. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Les écoles sont fermées depuis le 13 mars et des centaines de milliers d’Israéliens sont en quarantaine, ou suivent les directives officielles de confinement. Bref, Israël tente, à l’instar du reste du monde, de survivre à la pandémie de coronavirus.

« Même si les gens plaisantent énormément sur le fait de n’avoir rien à faire d’autre que de rester chez soi, les gens souffrent du stress », a déclaré Shalom Or, qui gère un atelier de yoga à Jérusalem, avec sa femme Desi Or.

Ce n’est pas évident de trouver un semblant d’équilibre quand on jongle entre l’enseignement à distance et le télétravail, la myriade de conf-calls sur l’application Zoom, les repas qui s’enchaînent, les craintes pour la santé de nos proches, entre autres facteurs de stress.

Et pourtant, il est crucial de relâcher la pression du confinement et de la quarantaine, affirme James Jacobson-Maisels, expert en méditation et fondateur du Centre Or HaLev de spiritualité et de méditation juives.

James Jacobson-Maisels, expert en médiation et fondateur de Or HaLev. (Autorisation)

« La méditation peut être un outil puissant et utile pour retrouver un sentiment de sécurité et de stabilité, retrouver le calme et nos sentiments », a expliqué Jacobson-Maisels, rabbin titulaire d’un doctorat en mystique juive, qui pratique la méditation depuis 24 ans.

La semaine dernière, Or HaLev, qui organise des retraites de méditation dans le monde entier, a transformé une retraite prévue en un programme en ligne, et a réuni de nombreux participants du monde entier. L’organisation met désormais en place des pratiques de méditation sur son site web, notamment des chants (en hébreu et en anglais), ainsi qu’une section avec des cours en ligne.

« Ce sont différents outils qui permettent de gérer la quarantaine, les angoisses, la solitude et notre façon de vivre ce qui se passe dans le monde », a expliqué Jacobson-Maisels.

Laissez-vous tenter par la méditation

Il est possible, pour un novice total, d’emprunter en ces temps incertains quelques pratiques de méditation, a assuré Jacobson-Maisels.

Il y a la pratique magistrale, qui implique de s’asseoir et de méditer, quotidiennement et à heures fixes, généralement le matin, dit-il. Mais il y a aussi la pratique informelle, qui peut-être instaurée en ces temps de pandémie, pour trouver le calme et la stabilité.

Un groupe pratiquant la médiation à Or HaLev. (Crédit : Or HaLev)

« Ce qui est facile à mettre en place, c’est de s’arrêter un moment et de passer en revue nos besoins physiques », a expliqué Jacobson-Maisels. « Demandez-vous si à cet instant précis, dans votre corps, vous vous sentez physiquement en sécurité. Pendant les cinq prochaines minutes, quelles sont les chances que vous soyez physiquement mal ? À cet instant, vous êtes en sécurité. À cet instant, avez-vous de quoi vous habiller, de quoi boire et manger ? Prenez ces instants pour vous rendre compte que vous êtes réellement en sécurité et que tout va bien, et que c’est le cas la plupart du temps. »

« En faisant cela, nous remarquons que notre esprit excelle quand il est question de projeter l’angoisse et l’incertitude, et il est facile de laisser notre esprit gamberger » a-t-il dit. « Nous nous laissons piéger, mais si nous nous arrêtons, si nous reconnaissons qu’à ce moment précis, tout va bien, cela permet de changer le ressenti, dans notre corps et notre esprit. »

Lorsque vous cherchez des infos sur la méditation, que ce soit via un podcast, un site ou une vidéo YouTube, il est utile d’avoir quelqu’un qui est enraciné dans une véritable tradition de méditation, a conseillé Jacobson-Maisels.

« Restez vigilants face aux exagérations et aux affirmations ridicules », a-t-il dit. « Ce n’est pas comme cela que ça marche. Ça peut changer votre vie, mais ça ne se fera pas en cinq minutes. Il faut de la pratique et du temps. »

Shavasana, pour mieux respirer

On peut aussi opter pour le yoga, qui réunit des éléments de méditation et de spiritualité.

C’est le moment parfait pour s’essayer au yoga, selon Shalom Or, dont l’atelier OR Yoga est situé à Kiryat Shmuel, un quartier de Jérusalem.

« J’ai un enseignant qui pratique depuis 20 ans, et peut-être que ces 20 ans n’étaient que de l’entrainement, et que c’est maintenant que tout se joue », a dit Or, qui propose en ce moment ses cours réguliers de yoga en ligne, par le biais de la plateforme Zoom. « C’est maintenant, face à l’inconfort et aux défis, que commence le yoga. »

« Je dis à mes étudiants que le yoga commence quand on veut changer de place, pas quand on se met en position. »

Hi Friends, We are ready to start online classes from tomorrow morning!!!????Please note changes in some class times.????As…

Posted by OR Yoga & Massage Therapy on Sunday, March 15, 2020

« Le yoga comprend tellement d’aspects qui n’ont rien à voir avec le mouvement », a déclaré Or. « Ne pas voler est l’un d’entre eux, tout comme l’un des Dix Commandements, et nous nous volons du temps, de l’énergie, ou quand nous ne nous écoutons pas suffisamment, et désormais, c’est le moment parfait pour pratiquer l’écoute. »

VINYASA classes with ShalomSee you on the mat!

Posted by OR Yoga & Massage Therapy on Wednesday, August 29, 2018

Le coronavirus s’attaque aux poumons et simule une forme de noyade, en s’infiltrant dans les alvéoles où l’oxygène se loge, a expliqué Or. La pratique du yoga comprend des techniques de respirations, Pranayama, qui, combinées avec l’Asana, les positions elles-mêmes, visent à élargir certaines zones des poumons.

« Quand vous faites entrer tout cet oxygène, que vous tordez votre corps, l’oxygène se déplace, ouvre, guérit et permet à cet zone du corps de rester plus saine et de mieux se défendre », dit-il.

Le yoga aide à maintenir le rythme cardiaque, cible certains aspects du stress et aide à se recentrer. Il permet également de réduire le stress.

« Quand on se recentre, votre attention se réoriente et vous découvrez les raisons des choses qui vous dérangent », a expliqué Or. « En temps de crise, il y a un sentiment de devoir s’accrocher à ce qui vous exaspère. Pour certains, c’est le papier toilette, pour d’autres, c’est s’accrocher à quelque chose et essayer de lâcher prise. Et ce lâcher prise est incroyable et la pratique physique aide vraiment. »

Good health is my divine right. I am open and receptive to all the healing energies in the universe. I know that every…

Posted by OR Yoga & Massage Therapy on Friday, March 13, 2020

OR Yoga propose des cours de yoga sur Zoom en anglais, en hébreu ou en espagnol pour 150 shekels et 30 jours de yoga illimité en ligne. Le studio propose également des cours particuliers.

L’avantage d’un cours par rapport à une vidéo YouTube, c’est d’avoir un instructeur qui regarde ce que fait chaque étudiant, et notamment ceux qui n’ont jamais tenté le yoga auparavant, a précisé Or.

« Votre corps est votre meilleur enseignant », a-t-il dit. « Si votre corps se sent bien, c’est généralement une bonne réponse. On connait tous la différence entre une bonne et une mauvaise douleur. La mauvaise douleur est une sensation vive, comme un éclair, et la bonne douleur, c’est celle du ‘ah oui, cette sensation d’être positivement endolori’. Faites ce qui fonctionne pour vous. »

Tirer profit de tout ce temps passé devant les écrans

Maya Ophir Magnat. (Autorisation)

Cette période de distanciation sociale s’accompagne d’une stimulation digitale constante, a décrit Maya Ophir Magnat, une artiste spécialiste des performances numériques, éducatrice et conférencière qui explique les défis que représente l’utilisation d’Internet pour créer toutes formes d’intimité et de relations.

« Nous le savions tous, même avant le coronavirus », a admis Ophir Magnat.

« Nous sommes connectés, nous parlons sur un groupe de chat, c’est une discussion vivante, mais nous sommes seuls chez nous. Ou au lit avec notre conjoint, mais chacun sur son téléphone. Nous nous sentons peut-être très connectés, mais nous sommes seuls et c’est troublant. »

Pour Ophir Magnat, la quarantaine est l’occasion de passer plus de temps ensemble. Elle regarde des séries télévisées avec ses amis, et joue à des jeux avec eux.

On a plus de temps pour parler au téléphone, partager des recettes, etc… et davantage d’opportunités de se regarder en parlant, que ce soit par FaceTime, Skype ou Zoom, dit-elle.

Mais si tout cela est utile, les gens ont besoin de savoir quel type de technologie leur permet de créer de l’intimité, a déclaré Ophir Magnat.

Elle a quelques idées, notamment rédiger de long e-mails informatifs plutôt que des messages WhatsApp expéditifs, écrire des publications sur ce que chacun fera une fois la crise terminée. Elle a parlé d’un couple qu’elle connaît, qui vit une relation à distance, qui allume Skype et dort ensemble.

« Votre version de l’intimité digitale dépend de vous », dit-elle. « Je pense que la plupart des gens ont quand même besoin de contact humain pour survivre. Mais ce qui se passera, c’est que les gens vont comprendre qu’ils peuvent être connectés autrement. Le contenu ne change pas, seulement la plateforme. Nous aurons toujours besoin de câlins. »

Le calme avec les enfants dans les parages

Parenting on a Prayer, le livre d’Amy Grossblatt Pessah sur la parentalité. (Crédit : Amy Grossblatt Pessah)

La crise sanitaire a frappé au moment ou la rabbin Amy Grossblatt Pessah publiait son premier livre, Parenting on a Prayer: Ancient Jewish Secrets for Raising Modern Children.

Ce livre a germé dans l’esprit de Grossblatt Pessah pendant la vingtaine d’années qu’elle a consacré à élever ses enfants et à tenir des journaux chroniquant leurs exploits, et ses réflexions sur sa propre expérience de parent, pensant qu’elle leur transmettrait ces carnets quand elle serait grand-mère.

Ce livre ne pouvait mieux tomber.

« Si vous paniquez, vos enfants vont paniquer », affirme Grossblatt Pessah. « Si vous êtes calme, ils seront calmes. »

Il y a des années, elle s’est aperçu que les mots de la prière du Shabbat étaient de véritables conseils en parentalité. Elle a commencé à tenter de trouver des mots qui résonnaient en elles, comme le Shéma, qui enjoint à l’écoute et à l’amour, ou l’Ashrei, une ode au bonheur.

Gossblatt Pessah a commencé  à tisser les éléments qu’elle piochait dans les livres de prière avec les passages de ses journaux, ce qui lui a permis de créer une tapisserie représentant une décennie de parentalité. Elle a souhaité partager cette sagesse avec d’autres parents, ses succès et ses « échecs cuisants ».

En 2018, son fils aîné Yossi a été diagnostiqué d’une tumeur au cerveau, et est décédé l’année suivante. Il a toujours représenté un défi en matière d’éducation, et Grossblatt Pessah cherchait toujours à améliorer son rôle de parent face à lui.

« C’est profond de voir comment nos expériences de vie contribuent à notre expérience actuelle », a-t-elle déclaré.

Amy Grossblatt Pessah, auteure de Parenting on a Prayer, sur la parentalité. (Autorisation)

Le travail sur le livre était déjà en cours, et Grossblatt Pessah a continué à s’y atteler, malgré le deuil qui l’habitait, aux côtés de son mari, chef de clinique urgentiste.

Pour le moment, Grossblatt Pessah affirme proposer des solutions qui peuvent aider toute personne qui élève des enfants, quelque soit leur situation.

Ses conseils en parentalité proviennent de la liturgie juive, mais ses enseignements sont universels, dit-elle.

« Quand les gens sont confinés dans un espace restreint, il y a des principes généraux », souligne-t-elle.

Grossblatt Pessah s’est penchée sur le Kaddish, une prière récitée par les personnes en deuil, pour réfléchir à la nécessité de créer des limites pour chacun dans la maison.

« Avez-vous un endroit où tout le monde peut se retrouver autour d’un jeu ? », demande Grossblatt Pessah. « Souhaitons-nous créer des temps où chacun regagne son espace privé pour faire des choses qui lui sont propres ? Ce n’est ni sain ni recommandable de passer 100 % du temps en famille, il faut placer des limites spatio-temporelles. »

Il est également important de se pencher sur la notion de gratitude, a souligné Grossblatt Pessah.

« Oui, nous faisons face à une situation inédite, et pour nombre d’entre nous, il y a assez à manger, nous avons un toit, une couverture, un réfrigérateur et l’eau courante, et il peut être judicieux de prendre le temps d’apprécier ce qu’on l’on considère trop souvent comme acquis », a-t-elle dit.

Créez un tableau de bénédictions, suggère Grossblatt Pessah. Prenez un paquet de Post-it ou un carnet, et faites écrire, chaque jour, par chaque membre de la famille, la date et quelque chose pour lesquelles ils éprouvent de la gratitude.

« Cela devient un point central de la famille », a-t-elle dit. « Placez-le sur le frigo, ou en route vers la cuisine, pour que les membres de la famille intègrent la réalité de cette expérience. »

Finalement, suggère-t-elle, penchez-vous sur la prière de Asher Yatzar, qui exprime la gratitude pour les corps physiques dans lesquels nous vivons, et profitons-en pour repenser notre alimentation.

« Les choix que nous faisons impacteront notre expérience de la situation », a-t-elle dit.

Se recentrer grâce aux mandalas

Dessiner un mandala, une création artistique circulaire Sanksrit, peut procurer calme et se révéler propice à la méditation.

« Pas besoin de savoir comment dessiner, ni d’avoir des talents artistiques, prenez simplement le temps de le faire », a déclaré Annmari Diamant, un éducateur avec 25 ans d’expérience qui donne des cours et des ateliers sur l’art du mandala dans tout le pays. « Être dans le mandala nous stabilise et nous centre, et nous offre la paix et le calme. »

Le mot sanskrit signifie « création en cercles », et cette forme d’art part d’un point central et s’étend. Le cercle, a expliqué Diamant, représente la première forme dans la nature, le cercle de la planète Terre, le tronc d’un arbre, la forme des fleurs.

« Nous sommes heureux et à l’aise dans les cercles », a déclaré M. Diamant. « Nous sommes assis en cercle, nous donnons et recevons des câlins, qui sont des cercles, et un cercle a aussi des limites. »

La seule règle pour dessiner des mandalas est de partir du centre. Et s’il est facile de trouver des mandalas à télécharger et à imprimer, il est tout aussi facile d’en faire soi-même, a déclaré Diamant.

« Prenez une page, faites un point au milieu et un cercle autour, et allez-y », dit-elle.

Annmari Diamant enseigne l’art du mandala dans des classes et des ateliers. (Autorisation)

Si cela semble trop flou, Diamant propose de prendre des images rondes dans la maison, le couvercle d’un bocal, des assiettes, n’importe quoi de circulaire.

Puis prenez un morceau de papier – carré de préférence – faites un point au milieu et tracez les images circulaires autour du point, en passant des objets plus petits aux plus grands. Faites trois à cinq cercles et remplissez-les comme vous le souhaitez, avec des points, des lignes ou tout autre motif.

Créer un mandala à partir d’éléments du quotidien, en partant du centre. (Crédit : Annmari Diamant)

« Tout est permis, il n’y a pas de règles », dit-elle, ajoutant qu’il est préférable de dessiner un mandala dans un environnement calme. « Il suffit de sentir le flux de la conscience, de ressentir le calme et d’y entrer. »

Une autre façon de fabriquer un mandala est de prendre n’importe quoi dans la maison, comme des haricots ou des épices, des cartes, des boutons, des dés ou tout autre type d’objet, et de les disposer au centre, que tout parte du centre.

« C’est une sorte de thérapie », a déclaré Diamant. « Cela nous rend plus patients. Et quand vous avez fini, placez-le à distance et concentrez-vous sur lui. La concentration apporte un équilibre à l’âme. Ça fait du bien. »

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