Trump : Moins de 24 otages sont en vie ; nous ne savons pas si Edan Alexander va bien
Le président américain fait écho aux propos de Sara Netanyahu, qui ont indigné des familles d’otages, tenues à l’écart d’informations sensibles divulguées sans préavis
Le président américain Donald Trump a révélé jeudi qu’il avait récemment appris que moins de 24 otages étaient encore en vie à Gaza.
« Sur 59 otages, 24 étaient en vie, et désormais je comprends que ce n’est même plus le cas », a déclaré Donald Trump lors de la Journée nationale de prière à la Maison-Blanche.
Depuis plusieurs mois, Israël affirme que 24 des 59 otages seraient encore en vie. Mais au début de la semaine, Sara Netanyahu, l’épouse du Premier ministre, a interrompu publiquement ce dernier en affirmant que le chiffre réel était inférieur à celui avancé. Benjamin Netanyahu venait alors d’évoquer que « jusqu’à 24 » otages seraient encore vivants.
La remarque de Sara Netanyahu – qui a suscité la colère des familles d’otages – s’appuierait sur des informations partielles et classifiées récemment transmises aux membres du cabinet.
Au cours de sa récente campagne présidentielle et durant les premières semaines de son nouveau mandat, Trump a affirmé à plusieurs reprises que la majorité des otages à Gaza étaient morts. Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a raconté cette semaine avoir tenté de le convaincre du contraire. Le président Isaac Herzog aurait également tenté de le faire à la fin de l’année dernière.
On ignore si les propos de Trump et ceux de Sara Netanyahu, tenus quelques jours plus tôt, reposent sur les mêmes informations récentes.

Les propos de Trump ont été tenus alors qu’il saluait les parents d’Edan Alexander, le dernier otage présumé vivant ayant la double nationalité israélienne et américaine, qui étaient présents à l’événement organisé dans les jardins de la Maison Blanche.
« Nous ne savons pas comment il va, réellement… Nous pensons savoir, et nous espérons que c’est positif », a indiqué Trump en parlant du soldat seul, de 21 ans pris en otage lors de l’assaut transfrontalier lancé par le groupe palestinien du Hamas le 7 octobre 2023.
« Il y a deux mois, nous en étions pratiquement certains. Il semblait sur le point de sortir. Mais ils se sont un peu endurcis. Je sais que ce que vous traversez est terrible », a-t-il ajouté à l’adresse de Yael et Adi Alexander, les parents d’Edan.

L’objet précis de l’allusion de Trump reste incertain. Il y a environ deux mois, l’envoyé spécial américain pour les otages, Adam Boehler, avait engagé une série de réunions secrètes et inédites avec des responsables du Hamas, dans le but de négocier directement la libération d’Edan Alexander, ainsi que la restitution des dépouilles de quatre autres otages américains.
Israël n’a été informé de ces discussions qu’après coup et a vivement réagi à la décision d’Adam Boehler de négocier en son nom. Les États-Unis ont mis un terme aux pourparlers après qu’Israël en a révélé l’existence à la presse, exposant Boehler aux critiques de certains élus républicains du Congrès, selon un responsable américain et un responsable israélien cités à l’époque.
À la suite de cette fuite, le Hamas s’est ravisé et a fait savoir qu’il était prêt à accepter la proposition de Boehler. Mais entre-temps, Washington était revenu au cadre initial des négociations, via les médiateurs qatariens et égyptiens, et avait exigé du groupe terroriste qu’il accepte une proposition de prolongation du cessez-le-feu, que le Hamas a rejetée.

Les parents d’Alexander et les familles d’autres otages américains ont appelé Boehler à reprendre les négociations directes avec le Hamas, mais cela ne s’est pas encore produit.
Le 12 avril, le Hamas a diffusé une vidéo de propagande dans laquelle on voit Edan Alexander, amaigri et bouleversé, plaidant pour sa libération et implorant l’intervention de Trump.

Trois jours plus tard, alors que les négociations sur un nouveau cessez-le-feu et un accord d’échange d’otages étaient une nouvelle fois dans l’impasse, le Hamas a annoncé avoir perdu le contact avec les ravisseurs d’Alexander à la suite d’une frappe israélienne. Si le Hamas a déjà menti sur l’état de santé de certains otages, plusieurs d’entre eux ont effectivement été tués dans des bombardements de Tsahal. Le groupe n’a pas encore fourni de mise à jour sur le sort d’Alexander.
« Nous travaillons très, très dur pour sauver votre fils », a affirmé Trump jeudi.
« Nous avons des nouvelles… certaines bonnes, d’autres moins. »
טראמפ: לא יודעים מה מצבו של עידן אלכסנדר, חשבנו שישוחרר אך חמאס הקשיח עמדות@itamargalit pic.twitter.com/ue4bOZ4CLh
— כאן חדשות (@kann_news) May 1, 2025
« La situation s’aggrave là-bas », a-t-il ajouté.
Le président a ensuite réitéré des propos qu’il tient régulièrement au sujet de ses échanges avec d’anciens otages libérés, rapportant ce qu’ils lui ont confié sur les conditions de détention horribles qu’ils ont subies, et rappelant que les parents des otages tués sont tout aussi désespérés de récupérer les corps de leurs proches que ceux dont les enfants sont encore en vie.
Les parents d’Edan Alexander faisaient partie d’un groupe de familles d’otages américano-israéliens ayant tenu une conférence de presse mercredi à Washington. À cette occasion, ils ont exprimé l’espoir que le prochain déplacement de Trump au Moyen-Orient permette de faire avancer la libération de leurs proches.
Le président américain doit se rendre en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis du 13 au 16 mai. La Maison-Blanche ne prévoit aucune visite en Israël à ce stade pour ce premier déplacement au Proche-Orient depuis sa réélection.

Alexander est l’un des cinq Américains encore aux mains du Hamas, mais le seul qui serait encore en vie. Le groupe terroriste détient également les dépouilles d’Itay Chen, 19 ans, d’Omer Neutra, 21 ans, de Judith Weinstein Haggai, 70 ans, et de Gadi Haggai, 73 ans.
Trump a contribué à la libération de 33 otages, dont deux Américains, grâce à un accord conclu la veille de son entrée en fonction en janvier. Mais cet accord s’est effondré après sa première phase et Israël a repris la guerre le 18 mars, le Hamas ayant refusé de revoir ses conditions.
Si Washington a soutenu cette reprise des hostilités, Trump a toutefois déclaré la semaine dernière avoir exhorté Netanyahu à permettre l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, signe d’un malaise croissant de l’administration américaine face à la poursuite du conflit.
Gaza ne semble d’ailleurs plus être une priorité immédiate pour la Maison-Blanche. L’émissaire pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et d’autres hauts responsables sont désormais concentrés sur les efforts diplomatiques visant à freiner le programme nucléaire iranien et à mettre fin à la guerre en Ukraine, entre autres.
Les négociations sont au point mort depuis deux mois. Israël n’envisage pour l’instant qu’un accord provisoire prévoyant la libération partielle des otages, en échange d’un cessez-le-feu temporaire qui lui permettrait ensuite de reprendre les combats. Le Hamas, à l’inverse, propose de libérer les 59 otages restants en une seule fois, à condition qu’un cessez-le-feu permanent soit instauré, mettant un terme définitif à la guerre.
Benjamin Netanyahu a rejeté cette proposition, arguant qu’elle maintiendrait le Hamas au pouvoir et rendrait possible une nouvelle attaque contre Israël depuis Gaza. Ce faisant, il semble toutefois se démarquer de la majorité des Israéliens, dont les sondages successifs montrent qu’ils soutiendraient la fin du conflit en échange de la libération de tous les otages.