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Trump reçoit un dur camouflet du Sénat sur le retrait de Syrie

C'est le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, qui évite d'ordinaire de critiquer publiquement Donald Trump, qui avait présenté cet amendement de critique

Le président élu Donald Trump avec le chef de la majorité au Sénat Mitch McConnell, à droite, au Capitole à Washington, le 10 novembre 2016. (Crédit AFP/Nicholas Kamm)
Le président élu Donald Trump avec le chef de la majorité au Sénat Mitch McConnell, à droite, au Capitole à Washington, le 10 novembre 2016. (Crédit AFP/Nicholas Kamm)

Le Sénat américain a infligé jeudi un camouflet à Donald Trump en votant à une large majorité sur un amendement critiquant sa décision de retirer les troupes de Syrie, signe du fort malaise dans les propres rangs républicains du président.

Cet amendement « exprime le sentiment du Sénat que les Etats-Unis font actuellement face à des menaces venant de groupes terroristes opérant en Syrie et en Afghanistan et qu’un retrait précipité des Etats-Unis pourrait mettre en danger les progrès obtenus à dure peine, ainsi que la sécurité nationale ».

Une large majorité de sénateurs (68 contre 23) a voté en faveur de mettre un terme aux débats sur cet amendement, qui devrait donc être ajouté à une loi sur la sécurité au Moyen-Orient.

Fait marquant, c’est le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, qui évite d’ordinaire de critiquer publiquement Donald Trump, qui avait présenté cet amendement.

Pour cet habile tacticien, il s’agissait de « permettre aux sénateurs de dire publiquement ce que les Etats-Unis devraient faire en Syrie et en Afghanistan », a-t-il expliqué jeudi.

Le groupe « Etat islamique (EI) et Al-Qaïda n’ont pas encore été vaincus », a-t-il souligné, en contradiction directe avec les propos du président républicain. « La sécurité nationale américaine nécessite un engagement continu dans nos missions là-bas ».

Donald Trump avait soudainement annoncé en décembre le retrait des soldats américains de Syrie, affirmant alors que les jihadistes de l’EI avaient été vaincus. Et il ne fait pas mystère de son intention de quitter dès que possible l’Afghanistan après 17 années de conflit.

Un soldat américain se déplace sur une position nouvellement installée, près de la ligne de front tendue entre le Conseil militaire syrien de Manbij soutenu par les États-Unis et les combattants soutenus par la Turquie, à Manbij, au nord de la Syrie, le 4 avril 2018. (AP/Hussein Malla)

Sa décision sur la Syrie a provoqué le départ de son ministre de la Défense, Jim Mattis, et semé le désarroi chez les alliés européens et kurdes des Etats-Unis.

« C’est une mauvaise idée », s’est indigné le sénateur républicain Marco Rubio lors d’un discours dans l’hémicycle avant le vote. « Cette simple annonce a sapé notre crédibilité aux yeux de nos alliés ».

Retournez « à l’école »

A part certains parlementaires non-interventionnistes, le malaise est profond dans les rangs républicains, qui ont en plus été outrés cette semaine par la sonnante critique de Donald Trump à l’encontre des chefs de ses propres services de renseignement.

Mardi, devant le Sénat, Gina Haspel, directrice de la CIA, et Dan Coats, directeur du renseignement, tous les deux nommés par Donald Trump, avaient dressé un tableau des grandes menaces mondiales reflétant un désaccord marqué avec l’analyse du locataire de la Maison Blanche sur la Syrie, la Corée du Nord ou encore l’Iran.

Une évaluation qui leur a valu le lendemain une volée de bois vert de la part du président: « Les membres des services de renseignement devraient peut-être retourner à l’école! », a-t-il tweeté, les qualifiant de « naïfs ».

« Je préfèrerais que le président reste à distance de Twitter, particulièrement lorsque qu’il s’agit de ces questions importantes de sécurité nationale, pour lesquelles nous avons des experts qui ont l’expérience et sont des professionnels », a tancé sur CNN le nouveau numéro deux de la majorité républicaine au Sénat, John Thune.

L’amendement de M. McConnell complète un projet de loi qui envisage notamment de nouvelles sanctions contre la Syrie et protégerait les autorités locales américaines décidant de ne pas travailler avec des entreprises boycottant Israël.

Ce projet doit être soumis à un premier vote de procédure au Sénat et, in fine, devra être examiné par la Chambre des représentants aux mains des démocrates.

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