Turquie : un bateau israélien expulsé hors des eaux territoriales chypriotes
Selon un reportage télévisé, le navire turc a intercepté le bateau israélien et lui a ordonné de quitter les eaux territoriales chypriotes
Il y a deux semaines, des navires de la marine turque ont intercepté dans les eaux territoriales chypriotes un navire israélien de recherche et l’ont expulsé de ces eaux, a rapporté samedi la Treizième chaîne, citant des officiels israéliens.
Le navire Bat Galim, de l’institution de Recherches israéliennes océanographiques et limnologiques, a été approché par des navires turcs alors qu’il effectuait une recherche en coordination avec des officiels chypriotes ainsi que le gouvernement chypriote, a expliqué le reportage.
Des officiels anonymes ont déclaré que les navires ont contacté par radio le navire israélien, en exigeant de savoir ce qu’il faisait dans la zone – alors que les navires turcs n’ont aucun droit de juridiction dans ces eaux territoriales – et lui ont ensuite donné l’ordre de quitter la zone. Le navire israélien n’avait pas d’autre choix que d’obtempérer et de partir.
La Turquie a récemment pris des mesures pour renforcer son influence dans l’est de la Méditerranée.
En novembre, le pays a ainsi signé un accord de frontières maritimes avec la Libye, ce qui a alimenté des tensions régionales avec la Grèce, Chypre et l’Egypte au sujet de droits de forage pour le pétrole et le gaz dans la région.
Les trois pays, qui se trouvent entre la Turquie et la Libye, ont fustigé l’accord, déclarant qu’il ne respectait pas le droit international. La Grèce a expulsé l’ambassadeur libyen suite à cet accord.
Dans le même temps, Ankara a prévenu qu’il ferait usage de la force militaire si nécessaire pour mettre un terme à tout forage de recherche de gaz dans les eaux autour de la zone de Chypre que la Turquie revendique.
Le reportage de la Treizième chaîne a noté que les tensions pourraient avoir un effet négatif sur les projets israéliens de gazoduc sous-marin, réalisé dans le but de transporter le gaz de ses réserves off-shore vers l’Europe, et qui doit passer par les eaux territoriales de Chypre et de la Grèce.
Le reportage a noté qu’un officiel de l’ambassade israélienne à Ankara avait été convoqué la semaine dernière pour une discussion, au cours de laquelle des officiels turcs ont prévenu que le projet de gazoduc devrait être approuvé par la Turquie.
« Les Turcs essaient de se positionner comme ceux qui tirent les ficelles [dans la région], et c’est quelque chose de très inquiétant », a déclaré un officiel.
La Grèce et la Turquie, deux pays voisins, s’opposent sur une série de questions depuis des décennies, dont des conflits territoriaux en mer Égée. Les alliés de l’OTAN ont été sur le point d’entrer en conflit à trois reprises depuis 1970.
La Grèce a insisté pour dire que l’accord avec la Libye – qui n’a aucun gouvernement en fonction pour contrôler tout son territoire – n’est pas applicable. La Grèce a souligné qu’elle défendra ses droits souverains.
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a dit qu’il avait demandé aux autres membres de l’OTAN lors du dernier sommet de l’alliance à Londres, qui s’est tenu la première semaine de décembre, de soutenir Athènes, face aux tentatives d’un autre membre de l’alliance d’empiéter sur sa souveraineté.
La Turquie ne reconnaît pas Chypre comme un État – mais reconnaît l’entité séparatiste turque chypriote, c’est le seul pays à le faire – et conduit des explorations de gaz dans les eaux où l’île-nation divisée ethniquement a des droits économiques exclusifs.
Ankara dit qu’il défendra ses droits et ceux des Turcs chypriotes à avoir accès aux ressources énergétiques régionales.