Israël en guerre - Jour 568

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Un an après, la tombe de Max Steinberg continue d’être visitée chaque jour

Evie Steinberg, qui est venue en terre sainte pour la première fois pour enterrer son fils, le sergent Max Steinberg, redoute maintenant "d’aller à la maison"

Mitch Ginsburg est le correspondant des questions militaires du Times of Israel

De gauche à droite: Stuart, Evie, Jake, et Paige Steinberg le 12 juillet avec un rouleau de la Torah, orné des couleurs et du symbole de Golani , écriten l'honneur du sergent Max Steinberg (Luke Tress / Times of Israel)
De gauche à droite: Stuart, Evie, Jake, et Paige Steinberg le 12 juillet avec un rouleau de la Torah, orné des couleurs et du symbole de Golani , écriten l'honneur du sergent Max Steinberg (Luke Tress / Times of Israel)

Il y a un an, il était minuit passé ce 20 juillet 2014 quand un tir de barrage de missiles anti-tanks a déchiré le blindage d’un véhicule de transport de troupe à l’arrêt, dans les environs de Chajaya à Gaza tuant sept soldats israéliens.

L’un d’entre eux était le sergent Max Steinberg, dont les parents, en apprenant la nouvelle le lendemain à Encino en Californie ont eu une réaction immédiate et claire : le ramener à la maison, en Californie, où il était né et avait grandi. Pour l’avoir près d’eux.

Mais cet après-midi, avant de montrer dans l’avion, avant de faire l’expérience d’une présence historique à un enterrement où 30 000 Israéliens sont venus rendre hommage au soldat qui avait traversé l’océan afin de combattre pour Israël, Evie et Stuart Steinberg se sont isolés dans leur chambre, ont consulté leurs enfants, et ont décidé d’enterrer Max à Jérusalem, au cimetière militaire national sur le mont Herzl.

« Il fallait qu’il soit enterré où il serait reconnu et apprécié pour le sacrifice de sa vie », a déclaré Stuart pour expliquer son choix.

Cette décision, prise par deux personnes qui n’avaient jamais mis le pied en Israël, qui pensaient qu’ils « pourraient un jour venir là-bas en vacances », a changé leur vie et continue de le faire, avec la tombe de leur fils servant non seulement d’aimant pour la jeunesse israélienne et américaine, mais aussi d’ancre dans un pays où les jeunes juifs américains ressentent de plus en plus de l’amour pour Israël.

La famille Steinberg, en Israël cette semaine, a marqué l’anniversaire du décès de leur fils et frère avec une série de cérémonieS, y compris un mémorial de l’armée sur la tombe de Max, la réalisation d’un rouleau de la Torah en son honneur, et la dédicace d’un site à sa mémoire par Taglit dans la réserve naturelle Arbel en Galilée. Stuart et Evie ont parlé au Times of Israel de leur épreuve, la douleur et le réconfort qui est venu de la communauté, et la manière dont cela a reformé leur famille.

Pas un caprice

En 2012, Max Steinberg avec son frère et sa sœur, Jake et Paige, sont venus en Israël pour un voyage organisé par Taglit. C’était leur premier voyage dans le pays. Quand le voyage s’est achevé, il a appelé ses parents. « Il a dit qu’il allait rejoindre l’armée », s’est souvenue Evie.

Elle a pensé que c’était « un petit caprice » et a acquiescé dans le style oui, tu peux aussi être un astronaute. Il est rentré en juillet et est reparti en Israël le 11 semptembre (lorsque les vols sont moins chers) pour se préparer à entrer dans l’armée.

En tant que juif, on lui a donné la citoyenneté et il pouvait faire son service, mais il ne connaissait pas un mot d’hébreu, Evie a décrit ses compétences languistiques comme « probablement les pires dans toute l’armée », il n’a pas été autorisé à rejoindre la Brigade Golani sur laquelle son attention était fixée.

L’armée l’a renvoyé à la maison, lui a dit d’améliorer son hébreu, et a dit que sa demande pour entrer dans la Brigade Golani serait à nouveau examinée.

Une personne que sa mère a décrite comme « extrêmement brillante » mais plus intéressée par la vie « en dehors d’une salle de classe », Steinberg est resté à la maison les mois suivants et « n’a pas ouvert un livre ».

En mars, toujours aussi peu à l’aise avec l’hébreu, il a fait un ultimatum à l’armée : il irait soit dans la Brigade Golani ou en prison pour son refus de se déployer où on lui demandait. L’armée a cédé, lui demandant de suivre plusieurs mois de cours intensif de langue à Michve Alon, la principale base d’éducation militaire, puis d’un accès au Golani, dans le bataillon 13.

Le lieutenant réserviste Ohad Roisblat, le commandant de peloton de Steinberg, qui l’a reçu pour l’entraînement de base en août 2013 après qu’il ait fini le cours de langue, a déclaré qu’il a connu de nombreux nouveaux venus immigrés.

Généralement, ils ont des difficultés à intégrer le groupe, l’âge et la langue représentent une barrière constante.

Pour un commandant de peloton, visant toujours à la cohésion de l’unité, cela peut poser un problème. Avec Steinberg, a-t-il déclaré, c’était tout le contraire. Même s’il ne connaissait pas l’hébreu et ne savait pas grand chose de l’armée, il était plus âgé que ses pairs et que tous ses commandants, Steinberg était le premier à plaisanter et cela l’a intégré dans le peloton « dès les premiers instants ».

Avec 1,60 mètre et 61 kg, il n’avait pas le physique type du soldat d’infanterie. Mais Roisblat a décrit un soldat affuté qui pouvait porter les équipements les plus lourds et que l’on n’a jamais entendu se plaindre en disant « c’est lourd » ou « c’est trop dur ».

Lors d’un exercice classique d’infanterie, l’hébreu de Steinberg était si mauvais qu’il a dû demander à un chef d’escadron d’écrire les ordres en hébreu avec des lettres latines dans un petit carnet pour qu’il puisse les mémoriser.

Les instructions qu’il donnait lors des exercices dans un hébreu déformé étaient une source constante de plaisanterie pour les autres, a déclaré Roisblat.

Evie Steinberg a déclaré que son fils l’appelait souvent, parfois trois fois par jour. Il appelait lorsqu’il n’était pas autorisé et Evie s’est souvenue au-dessus de sa tombe la semaine dernière, qu’il envoyait des photos, disons, d’un groupe de vaches et écrivait : « Voilà ce que je surveille aujourd’hui ».

Après plusieurs mois dans son unité de combat, il a achevé une marche de 70 kilomètres et il a reçu le béret marron des Golani, il a écrit à ses parents, « J’ai tellement avancé par rapport à ce que j’étais il y a un an ».
Roisblat était d’accord, notant qu’au début de la guerre à Gaza l’été dernier, l’hébreu de Steinberg s’était amélioré et il était devenu un tireur d’élite et un soldat très professionnel.

L’opération terrestre a commencé à Gaza le 17 juillet. Le vendredi 19, Roisblat a reçu l’ordre d’abandonner son véhicule Namer APC pour aller avec le peloton, qui attendait encore avec le reste de la bridage Golani d’entrer dans la bataille, dans un M-113.

Ils savaient que ce véhicule de transport de troupes datant de l’époque de la guerre du Vietnam était moins sûr et qu’ils y étaient moins habitués, mais Roisblat a dit à ses soldats, « Nous allons remporter la victoire avec ce que nous avons », et de ce qu’il peut se rappeler, il n’y a pas eu beaucoup de protestations.

Dans Gaza

Dans la nuit du 20, ils circulaient dans Gaza. Steinberg était dans l’APC de Roisblat. Le commandant avait sorti la tête en dehors de la tourelle pour guider le conducteur. Il a décrit le feu comme étant continu cette nuit là. Le sifflement et les explosions assourdissantes de tirs de mortiers étaient accompagnés de rafales de mitrailleuses. En dessous pourtant, Steinberg et les autres gars chantaient.

Et alors, a révélé Roisblat, il y a quelques mois dans l’émission Uvda de la Deuxième chaîne, après avoir surmonté plusieurs pépins mécaniques, le moteur du vehicule a émis un faible soupir et s’est tu. Les deux chars d’accompagnement, conduisant les VTT d’acier et d’aluminium dans la zone de combat, sont rentrés vers Chajaya, laissant la section seule.
 
Roisblat ordonna aux hommes de sortir du véhicule. Il courut vers l’arrière du blindé, qui ne répondait pas à ses appels radio. Comme il regardait en arrière, vers la maison isolée et la plantation d’agrumes, à leur position isolée dans les champs, il vit Steinberg sur le ventre, comme il se doit, regardant à travers le champ de vision de nuit sur son fusil.

Ce fut sa dernière image de lui. Quelques instants plus tard, lui et son opérateur radio sont retournés au véhicule immobilisé lorsque les missiles ont touché, blessant Roisblat et tuant sept autres, dont Steinberg et le sergent Oron Shaul, dont la dépouille est toujours détenue par le Hamas.

Des Israéliens se recueillent devant une tombe au cimetière militaire du mont Herzl à Jérusalem (Crédit photo: Miriam Alster / Flash90)
Des Israéliens se recueillent devant une tombe au cimetière militaire du mont Herzl à Jérusalem (Crédit photo: Miriam Alster / Flash90)

Une tombe constamment entretenue

Le cimetière militaire de Jérusalem, avec son vaste horizon et ses tombes identiques et de pins sombres, a joué un rôle crucial dans la liaison de la famille avec Israël.

Ce fut là que Max a pour la première fois découvert les sacrifices d’hommes comme le major Roee Klein, vice-commandant du bataillon de Golani qui a sauté sur une grenade lors d’un combat au Liban en 2006 pour épargner ses troupes, et c’est là que la famille a ressenti pour la première fois l’immensité de la reconnaissance d’Israël, quand plus de 30 000 personnes se sont rendues en hommage à l’enterrement de Max.
 
Depuis lors, la famille n’a jamais vu la tombe sans visiteurs. Il y a des mamans qui racontent à Evie qu’elles allument une bougie sur sa tombe à chaque fois qu’elles viennent. Une autre femme vient régulièrement pour maintenir la sépulture propre et bien rangée. « Mon fils est leur fils, » dit-elle.
 
Il y a des voyages scolaires israéliens et des groupes de Taglit. La semaine dernière, le commandant de la Brigade Golani, le colonel Ghassan Alian, s’exprimant devant la tombe de Max à l’occasion de l’anniversaire de sa mort selon le calendrier hébraïque, a dit qu’il n’avait pas de mots pour apaiser la douleur de la famille, mais ce qu’il pourrait néanmoins offrir était un vœu que « l’alliance signée entre nous dans le sang sera une alliance éternelle. »

Le  commandant de la brigade Golani, le colonel Ghassan Alian s'exprimant devant la tombe du sergent Max Steinberg  le 9 juillet 2015 (Mitch Ginsburg / Times of Israel)
Le commandant de la brigade Golani, le colonel Ghassan Alian s’exprimant devant la tombe du sergent Max Steinberg le 9 juillet 2015 (Mitch Ginsburg / Times of Israel)

Le choix des mots d’Alian n’était pas anodin. Généralement, cette phrase est l’une de celles que les leaders israéliens utilisent en parlant de la liaison entre l’Etat juif et la communauté druze en Israël, dont Alian est issu. Lui, cependant, a choisi d’utiliser l’expression pour parler du lien entre Israël et la Diaspora.
 
Pour sûr, il y a des Juifs américains qui ne soutiennent pas le lien de sang.

Une ancienne sioniste désabusée, Allison Benedikt, a écrit dans Slate magazine, avant même que les Steinberg aient enterré leur fils, que « Taglit porte dans une certaine mesure la responsabilité » de la mort de Max.

Vous dépensez des centaines de millions de dollars à convaincre les jeunes juifs à soutenir Israël, a-t-elle écrit, et « voici ce que vous obtenez. »
 
La famille a jugé méprisable l’accusation et a dit qu’elle représentait un point de vue minoritaire qu’ils ne rencontrent que très rarement.
 
Parlant au Times of Israel peu après Yom Hazikaron et à nouveau devant la tombe de son fils plus tôt ce mois, Stuart Steinberg a voulu être très clair au sujet de la délimitation entre Taglit et la décision de Max de s’engager dans l’armée : Taglit a presenté Max à Israël. Max est tombé amoureux d’Israël. Et il a compris, par la suite, qu’il ne pouvait pas faire d’Israël son domicile, Stuart dit, « sans le protéger. »

De gauche à droite: Stuart Steinberg, directeur général de Taglit / Birthright Israel Gidi Mark, Evelyn, Jake et Paige Steinberg devant la stelle pour Max Steinberg, le 16 juillet 2015 (Autorisation: Birthright Israel)
De gauche à droite: Stuart Steinberg, directeur général de Taglit / Birthright Israel Gidi Mark, Evelyn, Jake et Paige Steinberg devant la stelle pour Max Steinberg, le 16 juillet 2015 (Autorisation: Birthright Israel)

 
Depuis que Max est tombé pour la défense d’Israël, sa soeur, Paige, a émigré en Israël et étudie au Centre interdisciplinaire de Herzliya, tandis que ses parents ont visité le pays quatre fois et envisagent de passer plus de temps ici.

Evie dit « craindre de rentrer à la maison » après ses visites et par moment dans la journée, peut-être en faisant du shopping dans un magasin en Californie, en regardant un marchand elle se dit à elle-même, « Vous ne savez pas que mon fils est mort. Vous ne connaissez pas le sacrifice qu’il a fait. »
 
Ce sacrifice est bien exprimé sur la plaque de pierre au pied de la tombe fleurie de Max. « Vivez pour vous-même et vous vivrez en vain. Vivez pour les autres, et vous vivrez à nouveau. » Cette citation peut être la seule référence de Bob Marley sur ce lopin de terre profondément israélienne, et il représente, à côté des drapeaux israéliens et américains plantés près de sa tombe, la nature du lien que cette famille hors du commun a forgé avec cette terre rude.

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