Un député de la coalition qualifie les Palestiniens de « Palestinazis »
Alors que Otzma Yehudit a de nouveau fait part de sa déception à l'égard du gouvernement, Almog Cohen demande des mesures sévères et l'interdiction de TikTok à Jérusalem-Est
Le parti d’extrême-droite Otzma Yehudit, du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, a continué jeudi de fulminer contre la coalition – dont il est membre – pour sa politique envers les Palestiniens.
Un député du parti a mis en garde contre une menace réelle pour le gouvernement, a préconisé un « étouffoir » des quartiers de Jérusalem-Est et a comparé à plusieurs reprises les Palestiniens aux nazis.
Ben Gvir a fait part de sa déception mercredi à l’égard du gouvernement de droite radicale dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, après que celui-ci a autorisé, puis ordonné l’arrêt de l’opération de déracinement des arbres plantés illégalement par un résident d’implantations près de Shiloh en Cisjordanie. Il a déclaré que cette politique « ne peut pas continuer », tout en dénonçant un incident au cours duquel Limor Son Har Melech, députée de son parti, a déclaré avoir été agressée sexuellement par un officier de police.
La menace de Ben Gvir concernant le maintien de la cohésion de la coalition est « sérieuse », a déclaré le député Almog Cohen (Otzma Yehudit), à la radio 103FM jeudi. « Nous avons rejoint le gouvernement sur la base d’une promesse que ce sera un gouvernement entièrement de droite, et cette politique ne peut pas continuer en l’état. »
« Si nous n’obtenons pas les outils appropriés pour rétablir la sécurité, nous ne ferons plus partie du gouvernement », a-t-il ajouté. « Nous ne préférons pas le scénario d’un gouvernement de gauche, mais… nous ne sommes pas venus pour obtenir des emplois lucratifs, mais pour créer un réel changement. »
Mercredi, alors que Cohen était interviewé par la chaîne publique Kan au sujet de l’incident dans l’implantation de Shiloh, il a utilisé avec désinvolture le terme « villages palestinazis » pour désigner les villes palestiniennes de la région.
« Si j’avais su que le déracinement des arbres était en cours, je me serais rendu sur place et j’aurais protesté contre l’application sélective de la loi », a déclaré Cohen. « Il est important de comprendre qu’il s’agit d’une enclave entre de nombreux villages palestiniens, qui viennent là et s’emparent de la terre. »
Lorsque les journalistes lui ont demandé pourquoi il avait utilisé ce terme et s’il assimilait les résidents de ces villes à des nazis, Cohen a réitéré sa comparaison.
אותם פקחים שמפנים כעת את הכרם בשילה היו צריכים להשכים קום ולהגיע קודם לחאן אל אחמר עם כל הכלים הכבדים, להרוס את הבניה הלא חוקית ולפנות את הפולשים. לא ייתכן שבמדינת ישראל יהיה חוק אחד ליהודים וחוק אחר למוסלמים. pic.twitter.com/WlhMAFoheN
— Danny Danon ???????? דני דנון (@dannydanon) February 15, 2023
« En ce moment, les Palestiniens s’engagent dans le nazisme, dans le meurtre de Juifs. Il y a, là-bas, une culture nazie », a-t-il déclaré, citant l’attaque terroriste à la voiture-bélier de vendredi à Jérusalem, dans laquelle trois Israéliens juifs ont été tués, dont deux frères âgés de six et huit ans.
Lorsque l’un des intervieweurs a fait remarquer que dans le cas des nazis, le meurtre de millions de Juifs lors de la Shoah était systématique et organisé, Cohen a répondu que « c’est systématique et organisé ici aussi ».
« Donc, selon vous, tous les Palestiniens sont des nazis ? » a demandé l’intervieweur incrédule.
« Non, à Dieu ne plaise, ils ne sont pas tous nazis », a répondu Cohen. Mais il y a actuellement des incitations – ceux qui veulent les voir sur TikTok sont les bienvenus – des incitations nazies au meurtre de Juifs. Les adolescents de treize ans qui sortent pour assassiner des Juifs ne valent pas mieux que les nazis qui ont assassiné des Juifs. Il n’y a aucune différence. »
Dans une autre interview jeudi avec le site d’information Ynet, Cohen a préconisé de bloquer l’ensemble du réseau social TikTok pour tout Jérusalem-Est, le qualifiant de « zone d’incitation folle qui crée la prochaine génération de terroristes ».
En outre, Cohen a déclaré qu’Israël devrait imposer « un étouffoir autour des quartiers – une activité intensive chaque nuit et l’isolement des quartiers [susceptibles de produire des terroristes] ».
Il a déploré qu’avec la politique actuelle du gouvernement, « nous obtenions un résultat différent de celui qui nous avait été promis – une pluie de roquettes [en provenance de Gaza] et des attaques terroristes. La réponse aux attentats devrait être beaucoup plus écrasante et décisive ».
Mercredi, le chef du parti, Ben Gvir, a lancé une attaque contre le gouvernement Netanyahu. « Nous avons rejoint le gouvernement sur la base d’un engagement selon lequel ce serait un gouvernement pleinement de droite, et cette politique ne peut pas continuer », a-t-il déclaré.
https://twitter.com/hodayakh/status/1625771814403162113
« Il y a eu de graves incidents à Shiloh avec notamment une agression choquante à l’encontre de mon amie, Limor Son Har-Melech », a déclaré le ministre d’extrême-droite dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux (les forces de l’ordre ont, pour leur part, insisté sur le traitement respectueux qui a été réservé à la législatrice alors qu’elle tentait de les empêcher de mener à bien leur mission).
« Un gouvernement pleinement de droite n’est pas censé s’abstenir de démolir Khan al-Ahmar en raison de considérations diplomatiques ou éviter de toucher à des bâtiments [illégalement construits] à Jérusalem-Est en raison de telle ou telle considération politique. Un gouvernement pleinement de droite ne peut pas être un gouvernement qui n’est fort que contre les Juifs », a déclaré Ben Gvir.
La semaine dernière, le gouvernement a, pour la neuvième fois, retardé l’évacuation du village bédouin de Khan al-Ahmar, construit illégalement en Cisjordanie, malgré une décision de la Haute Cour de 2018 demandant au gouvernement d’appliquer sa propre politique et de raser le village.
L’évacuation du village a été repoussée à plusieurs reprises depuis quatre ans, en grande partie en raison de l’intérêt public important porté à cette affaire par les militants des droits de l’Homme, les groupes pro-palestiniens et l’Union européenne. De multiples organismes ont averti que son déplacement pourrait constituer un crime de guerre, le déplacement d’une population sous régime militaire étant interdit par le droit international.
Mardi, Ben Gvir se serait également heurté à Netanyahu et au chef de la police, Kobi Shabtaï, après que ces derniers ont refusé son souhait de démolir des structures construites illégalement par des Palestiniens à Jérusalem-Est.
Ash Obel et le personnel du Times of Israel ont contribué à cet article.