Le gouvernement demande un report de la démolition de Khan al-Ahmar
Le gouvernement a demandé un délai supplémentaire de quatre mois, le neuvième depuis que la Cour a initialement autorisé la démolition du village
Le gouvernement a demandé, mercredi, à la Cour Suprême de justice une prorogation du délai pour procéder à la destruction du hameau bédouin illégal de Khan al-Ahmar, en Cisjordanie.
Le gouvernement a demandé un délai supplémentaire de quatre mois, le neuvième depuis que la Cour a initialement autorisé la démolition du village.
Cette décision intervient alors que plusieurs membres d’extrême droite du gouvernement, parmi lesquels le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, ont critiqué les reports sollicités par les précédents gouvernements et demandé que l’évacuation soit menée à bien.
Selon les médias israéliens, les deux hommes auraient été déboutés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« La réponse du nouveau gouvernement à la Haute Cour, qui tente d’éviter l’évacuation de Khan al-Ahmar, est un dangereux précédent et soutient les constructions palestiniennes illégales », a déploré le député du Likud Danny Danon. « Nous avons été élus pour changer la politique défaillante du gouvernement précédent, pas pour la poursuivre », a-t-il ajouté.
Danon, ancien ambassadeur à l’ONU, est devenu un critique virulent de Netanyahu depuis qu’il a été écarté d’un poste de direction dans le nouveau gouvernement.
Des voix critiques de la manière dont les autorités gèrent cette affaire estiment que la démolition a été reportée à plusieurs reprises pour éviter un tollé international, le village ayant obtenu le soutien public des militants des droits de l’homme, des groupes pro-palestiniens et de l’Union européenne.
En 2018, la Cour suprême avait autorisé la démolition du village, situé non loin de Maale Adumim, qui abriterait quelque 200 habitants bédouins.
Depuis 2018, les gouvernements dirigés par Netanyahu, Naftali Bennett et Yair Lapid, ont tous demandé des reports en vue de la démolition.
L’État affirme que les structures, principalement des cabanes et tentes de fortune, ont été construites sans permis et constituent une menace pour les habitants du village en raison de leur proximité avec une autoroute.
Les habitants palestiniens de Khan al-Ahmar, membres de la tribu Jahalin, disent être arrivés dans la région dans les années 1950, alors qu’elle était sous domination jordanienne, après avoir déjà été déplacés pendant la guerre d’indépendance de 1948. Ils racontent avoir pratiqué un mode de vie nomade pendant des années avant de s’installer de manière permanente.
Les premières structures du hameau apparaissent sur des photographies aériennes à la fin des années 1970. À la fin des années 1980, la présence de la minuscule communauté dans la région est consignée dans des comptes rendus universitaires contemporains.
Le camp s’est lentement développé jusqu’aux années 1990, où il a semblé s’étendre beaucoup plus rapidement. Pourtant, la communauté reste aujourd’hui petite, avec moins de 200 résidents.
Regavim et d’autres groupes de droite affirment que les photos aériennes sont la preuve que le village n’a été construit que récemment, ce qui affaiblit les revendications des Bédouins sur le territoire, et prétendent en outre que l’Autorité palestinienne a délibérément envoyé les résidents là-bas pour s’emparer de terres stratégiques en Cisjordanie.