Israël en guerre - Jour 423

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Analyse

Un enlèvement lié à l’accord Shalit

Si le Hamas est derrière l’enlèvement des trois adolescents israéliens, Israël n’est pas prêt de relâcher la pression

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

Gilad Shalit à sa libération, en octobre 2011. (Crédit : GPO/Flash90)
Gilad Shalit à sa libération, en octobre 2011. (Crédit : GPO/Flash90)

Au cours de sa conférence de presse de samedi soir, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’une organisation terroriste était responsable de l’enlèvement de Gil-ad Shaar, Naftali Frenkel et Eyal Yifrach jeudi soir. Il s’est ensuite particulièrement focalisé sur l’accord récent de réconciliation entre le Fatah et le Hamas.

C’est comme s’il considérait que ce pacte était le problème principal. Il a déclaré que le pacte de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas avec le Hamas aurait de graves conséquences et que leur gouvernement d’unité n’était « pas quelque chose qu’Israël pouvait accepter ».

Netanyahu a pourtant ignoré deux aspects centraux de l’enlèvement.

Tout d’abord, il n’a pas mentionné qu’avant la signature de l’accord entre le Fatah et le Hamas, il y a eu des dizaines de tentatives d’enlèvements d’Israéliens qui ont toutes été contrecarrées par le Shin Bet israélien ou par les services de renseignements de l’Autorité palestinienne.

Les prisons de l’Autorité palestinienne enferment des dizaines de membres du Hamas et du Jihad islamique arrêtés pour leur implication dans ces tentatives avortées. Le Shin Bet et les services de renseignement militaire savent tout cela très bien. Pas le Premier ministre apparemment.

Deuxièmement, Netanyahu a choisi d’ignorer son rôle dans cette terrible séquence d’événements. Comme l’ancien chef du Shin Bet l’a souligné samedi soir, Netanyahu a été le Premier ministre qui a approuvé la libération de 1 027 prisonniers palestiniens, dont de nombreux assassins, en échange du soldat Gilad Shalit en 2011 à Gaza. N’importe quelle personne proche de la nébuleuse palestinienne au moment de l’accord savait que le compte à rebours pour le prochain enlèvement avait commencé à cet instant même. Malheureusement, le résultat est arrivé jeudi soir à Gush Etzion, dans le sud de Jérusalem.

Entre temps, malgré des suspicions que les terroristes responsables de l’enlèvement se cachaient dans la région d’Hébron, tout semblait normal dans la partie palestinienne de la ville samedi matin.

Tout était pauvre, négligé, bondé. On ne voyait pas de soldats israéliens, ni de forces palestiniennes. Vendredi, il y avait eu des affrontements entre les troupes israéliennes et des soutiens du Hamas, ainsi que des feux d’artifices pour « célébrer » l’enlèvement. Pas samedi.

Dans la nuit de vendredi à samedi, 16 personnes, dont deux femmes, ont été arrêtées dans la ville. De nombreux personnes reconnaissent que cela ne constituait très probablement que les premières mesures dans l’effort israélien de retrouver les ravisseurs des adolescents. Le calme avant la tempête. Samedi soir, les forces israéliennes étaient visibles dans la ville.

Le soutien fort du Hamas à Hébron n’est un secret pour personne. La ville n’est pas décorée des drapeaux verts du Hamas ou des posters de ses dirigeants, mais elle a été le bastion des islamistes en Cisjordanie pendant des décennies. S’exprimant à un journaliste, Ahmad, un employé d’une station service locale, a maudit les Juifs pour l’arrestation d’une jeune fille de 18 ans qui venait de se marier.

A l’heure actuelle, il n’y a pas de preuve claire que le Hamas soit impliqué dans l’enlèvement. Des cadres du Hamas expriment leur grande joie pour le « succès » de l’opération et incitant à une confrontation avec les forces de sécurité israéliennes. Ils savent pourtant que les « réussites » d’aujourd’hui auront un prix demain. Peut-être un prix très élevé.

Si le Hamas est responsable d’un incident de cette gravité, Israël n’est pas prêt de réduire la pression. Israël pourrait viser des officiels du Hamas à Gaza et en arrêter en Cisjordanie. Cela entrainerait une réponse du Hamas, y compris des tirs de roquettes sur des villes israéliennes, voire sur Tel Aviv.

Israël pourrait facilement devoir faire face à une poussée stratégique d’hostilité qui remodèlerait le paysage sécuritaire pour plusieurs années. Cela, encore une fois, s’il apparaît clairement que le Hamas a enlevé les trois adolescents israéliens.

Quel que soit le responsable, il faut bien avouer que la cellule qui a réalisé l’enlèvement a fait preuve de beaucoup plus de professionnalisme que les autres groupes terroristes qui ont été confrontés à Israël dans les territoires. On peut imaginer que les ravisseurs se sont déguisés avec des vêtements juifs pour inciter les trois jeunes à monter dans leur voiture (ou voitures) sans leur faire craindre l’enlèvement.

Même si les Israéliens ont été forcés à monter dans la voiture sous la menace d’une arme, cela demande également de la préparation : la voiture, l’armement, une cache, de la nourriture… Les terroristes ont dû maîtriser les trois jeunes, ils les ont peut-être ensuite transférés dans un véhicule de fuite pour les conduire à la cachette sans laisser de traces ni de témoins qui pourraient les dénoncer.

De nombreux aspects de l’enlèvement sont encore passés sou silence, mais les officiels israéliens au courant du peu de détails qui ont été révélés reconnaissent que la cellule terroriste a sûrement préparé cette opération pendant des mois.

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