Un fonctionnaire belge accusé d’antisémitisme et de négationnisme
L’homme est accusé d’avoir envoyé un message antisémite à Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l’antisémitisme ; la commune d’Uccle a ouvert un dossier

Un fonctionnaire belge, fossoyeur du cimetière d’Uccle, dans la région de Bruxelles, est accusé d’avoir insulté et tenu des propos à caractère antisémite à l’encontre de Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l’antisémitisme, a rapporté vendredi dernier le journal La Dernière Heure.
L’individu, utilisant le pseudo « Marvin de Nazareth » sur Facebook, est accusé d’avoir écrit en message privé la phrase suivante au responsable associatif : « T’es qu’un saaaale yupyup ^^ [pour l’insulte antisémite « youpin », ndlr], et je prône haut et fort que bien des choses n’ont pas existées (sic). Vive monsieur Faurisson [figure du négationnisme]. Bisous. » Avant d’ajouter : « J’aime les fours et la nazis, mais pas toi. »
L’homme a envoyé son message fin février, au lendemain du carnaval controversé d’Alost, évènement accusé de faire la promotion de l’antisémitisme – alors que Joël Rubinfeld s’était exprimé dans les médias à ce sujet.
Le message a seulement été lu par le responsable associatif la semaine dernière. L’individu a ensuite été identifié par sa photo de profil, le montrant effectuant des doigts d’honneur avec l’uniforme et la casquette de fossoyeur communal dans un local municipal.

Joël Rubinfeld a indiqué par l’intermédiaire de son avocat qu’une plainte serait « certainement » déposée auprès du Parquet de Bruxelles.
« Je peux vous confirmer que la commune d’Uccle va instruire le dossier », a quant à lui réagi Boris Dilliès, bourgmestre d’Uccle.
Interrogé par La Dernière Heure, le responsable associatif estime que ce genre de propos s’explique en « partie par le climat d’impunité qui règne en matière d’antisémitisme », climat alimenté « par une série de mauvais signaux envoyés par le système juridique belge ». Il fait ainsi référence au classement sans suite du parquet de Liège l’an dernier dans l’affaire d’un cafetier accusé d’avoir interdit en 2014 l’entrée de son bar aux Juifs. Celui-ci avait, sur la porte de son bistrot, placardé une affichette en français et en turc, indiquant : « L’entrée est autorisée aux chiens mais aux sionistes en aucune façon ! (en français) Dans ce commerce, les chiens sont autorisés mais les Juifs en aucun cas ! (en turc) ».
« 1 000 actes antisémites ont été recensés en Belgique depuis la résurgence de l’antisémitisme observée depuis septembre 2000 », avait réagi Joël Rubinfeld au classement sans suite de la plainte. « Dans ce nombre, ceux qui ont été traduits en justice et ont amené une condamnation par les tribunaux se comptent sur les doigts de la main. Le parquet du procureur du Roi a donc classé un acte antisémite si évident que tous les médias belges l’avaient rapporté et ceux d’à peu près toute la planète avaient repris : Brésil, Chili, Argentine, Uruguay, Arabie saoudite, Israël, Grande-Bretagne, Turquie et des dizaines d’autres. Il y avait eu plus de 400 articles de presse. »