Un « incroyable » trésor découvert à Hanoukka dans la vallée du Jourdain
Une équipe de l'Université de Haïfa a découvert 160 pièces hasmonéennes rares, datant de 80/79 avant notre ère, près de la forteresse d'Alexandrion, au nord de Jéricho
L’équipe de l’Université de Haïfa qui a fait la découverte, vendredi, de ce rarissime trésor – 160 pièces de monnaie datant de la période hasmonéenne -, à l’occasion de fouilles dans la vallée du Jourdain, parle de « miracle archéologique de Hanoukka », a annoncé dimanche l’université.
Ces pièces ont été découvertes dans ce qui aurait été une halte sur la route longeant la rivière Nahal Tirzah, vers la forteresse d’Alexandrion, plus connue sous le nom de Sarbata, au nord de Jéricho, dans ce qui est aujourd’hui la Cisjordanie.
Selon les experts, les pièces datent du règne du « roi Alexandre Jannaeus, dont le nom hébreu était Jonathan… qui régna entre 104 et 76 avant notre ère. Il était le fils de Johanan Hyrcanus, [et] le petit-fils de Simon le Hasmonéen (frère de Judas Maccabée) », peut-on lire dans le communiqué qui précise que la forteresse d’Alexandrion, non loin de l’endroit où les pièces ont été découvertes, est l’oeuvre de Jannaeus lui-même.
Judas Maccabée fut le chef de la fameuse révolte des Maccabées contre l’Empire séleucide et l’influence grecque : elle a éclaté en 167 avant notre ère et conduit à la purification du Temple de Jérusalem puis à l’établissement de la fête de Hanoukka, célébrée en ce moment-même par les communautés juives du monde entier.
« Les étudiants et bénévoles sont très heureux d’avoir découvert un pareil trésor hasmonéen, surtout au moment des fêtes de Hanoukka », expliquent les chercheurs.
Le Dr Yoav Farhi, lui-même membre de l’équipe de fouilles et expert en pièces de monnaie anciennes, était arrivé sur place vendredi avec un paquet de « Hannukah Gelt », ces pièces en chocolat recouvertes d’une feuille d’or, symboles de la fête, commente le Dr Shay Bar de l’Institut Zinman d’archéologie de l’Université de Haïfa.
Farhi en a offert à toute l’équipe en disant : « C’est pour nous aider à trouver des pièces aujourd’hui… et quatre à cinq heures plus tard, on découvrait ces pièces », expliquait Bar dimanche au Times of Israel.
Bar, Farhi et un troisième expert, le Dr Mechael Osband, tous membres de l’Université de Haïfa, sont les archéologues en charge des fouilles.
Dès le début, ils ont su que ces pièces étaient très spéciales : elles étaient quasiment toutes du même type, souligne Bar. Elles ont sans doute été dissimulées dans ou derrière un mur, enveloppées dans un sac fait de cuir ou d’un autre matériau organique qui s’est par la suite détérioré, poursuit-il.
Sur une de leur face, ces pièces sont revêtues d’ « une étoile à huit branches entourée de l’inscription : ‘Roi Alexandre an 25’ en araméen, et sur l’autre face figure une ancre entourée des mots grecs ‘[Pièce] du roi Alexandre’ », explique Farhi dans le communiqué.
Ce type de pièce date de 80/79 avant notre ère et est extrêmement rare, estiment les chercheurs, qui ajoutent qu’il s’agit là de l’une des plus importantes collections de pièces anciennes découvertes en Terre Sainte.
Selon Bar, d’autres pièces de monnaie de la période hasmonéenne ont également été découvertes lors de ces fouilles, qui portent le nombre total de pièces à plus de 200.
Les pièces vont désormais être nettoyées, photographiées, cataloguées et examinées et « il est évident qu’elles donneront lieu à la rédaction d’une publication », assure Bar.
Les spécialistes pensaient à l’origine que le lieu de la découverte datait de la période romaine et faisait partie des infrastructures impériales édifiées entre Beit Shean et Jéricho, mais il s’avère qu’il date d’une période antérieure, poursuit-il.
On y trouve un mikvé (bain rituel), une citerne pour stocker l’eau et d’autres bâtiments. Il est probable que la pièce à l’intérieur de laquelle les pièces ont été découvertes ait servi de cuisine, ou à tout le moins de lieu de préparation des aliments, explique Bar.
« Nous avons découvert un site hasmonéen, dans la montée vers Sarbata… C’est très juif. C’est important car ce site a été actif durant une courte période de temps. Avec ces pièces de monnaie qui datent de l’époque d’Alexandre Jannaeus, et tout ce que nous avons découvert d’autre là-bas,… nous avons une capsule temporelle très précise, ce qui n’est pas toujours le cas en archéologie », poursuit Bar.
La forteresse d’Alexandrion, appelée Sarbata dans la Mishna et le Talmud, a été mentionnée par Josèphe et restaurée par le roi Hérode, qui en avait fait une prison. La forteresse, qui surplombe la vallée du Jourdain, a été rasée pendant la révolte juive contre Rome (66-74 de notre ère).
« C’est réellement très rare » de découvrir autant de pièces importantes, estime Bar. Au moment d’excaver les pièces, il raconte s’être tourné vers Farhi, l’un des experts israéliens en pièces de monnaie anciennes, pour lui dire : « Yoav, je n’ai jamais vu une chose pareille. Il m’a regardé et a souri, et m’a dit : « Moi non plus… Nous étions tous les deux tellement heureux. »