Un investissement parti en fumée
Une peinture de Chagall achetée à 100,000 £ en 1992, qui s'est avérée être une contrefaçon lors d'une émission télévisée, est sur le point d'être brûlée
Quand il a acheté un tableau de Marc Chagall il y a 20 ans pour la somme de 100 000 £, Martin Lang, originaire de Leeds, en Grande-Bretagne, pensait avoir rapporter à sa famille un véritable trésor. Cependant, son investissement s’est avéré être sans valeur, et est voué à être détruire.
M. Lang, âgé de 63 ans, avait acheté le Nu 1909-10, attribué à Chagall en 1992, sous les conseils d’un marchand d’art russe, employé par une importante maison de ventes aux enchères.
M. Lang avait récemment décidé de soumettre son tableau à l’avis des experts de Fake or Fortune? (Faux ou fortune ?), une émission britannique sur l’art diffusée par la BBC.
L’achat de la peinture s’est avérée alors être une terrible erreur.
Une analyse complexe de peinture a révélé que les pigments bleus et verts trouvés sur le tableau étaient trop modernes, car ils ont été développés seulement dans le courant des années 1930.
Après les analyses, l’œuvre a été présentée au comité Chagall à Paris, dirigé par les deux petites-filles de l’artiste. Il s’agit de la seule autorité qui peut déclarer une oeuvre de Chagall, authentique ou non.
Le comité a jugé que la peinture de M. Lang est une imitation du nu de 1911.
Pire encore, M. Lang avait signé un contrat stipulant que « les héritiers de Marc Chagall pouvaient saisir l’œuvre, et/ou avoir recours à toute autre procédure juridique ». Selon une vieille loi française, les faux peuvent être détruits devant un magistrat. Le comité, qui a été mis en place pour défendre le travail de Chagall, semble déterminé à mettre cette loi en oeuvre.
Philip Mould, un expert de l’émission Fake or Fortune? a condamné l’ordre de destruction, prévue cette semaine, le qualifiant de « barbare. » Il a ajouté que le comité est déterminé à faire détruire l’œuvre bien que les faux soient souvent conservés pour aider à déterminer le caractère authentique d’autres œuvres.
Selon les experts de l’émission, 90% du marché d’art russe est composé de faux, tandis que les contrefaçons des tableaux de Chagall sont monnaie courante.
Bien maigre consolation : la peinture aurait récupéré £ 500,000, s’il s’agissait d’une oeuvre originale, selon Mould.
Lang a précisé qu’il n’avait pas l’intention de demander un remboursement de son achat initial, en disant: «Je manque de confiance dans le système pour me atteindre les résultats que j’attends. »
Il a, toutefois, demandé à ce que le comité l’indemnise si des preuves d’authenticité de la peinture, remonteraient à la surface.
«Il n’y a rien de précis dans la vie, » pense t-il. «Il y a toujours une place à l’erreur. »
Marc Chagall était un peintre juif et un pionnier de l’art moderne franco-russe. Il est mort en 1985.