Un Israélien veut dynamiser le tourisme avec des dirigeables eco-friendly
La société Atlas LTA cherche à construire des dirigeables de luxe pour les touristes en visant une empreinte carbone nulle
Les dirigeables, ces aéronefs non rigides qui volent grâce à la pression d’un gaz de sustentation, sont associés à de nombreuses choses.
Pour certains, ils rappellent la catastrophe du Hindenburg en 1937, lorsque le dirigeable allemand transportant des passagers a pris feu pendant l’atterrissage ; d’autres se souviennent peut-être de la scène où des officiers allemands poursuivent Indiana Jones et son père sur un zeppelin commercial D-138 dans « Indiana Jones et la dernière croisade », le film de Steven Spielberg de 1989 avec Harrison Ford. D’autres connaissent le dirigeable à travers les événements sportifs, un ovale tridimensionnel planant au-dessus des joueurs, à l’origine du terme « blimp cam », tandis que pour d’autres encore, l’engin évoque romantisme et nostalgie.
Gennadiy Verba, PDG et fondateur de la société Atlas LTA, basée en Israël, s’est toujours passionné pour ce type d’engins. Sa société veut mettre à profit les dernières technologies pour concevoir et produire ce qu’elle appelle des véhicules « plus légers que l’air » : dirigeables, ballons à gaz et autres engins aériens flottants.
« J’aime les dirigeables depuis que je suis enfant », dit Verba. « J’ai toujours pensé que cette technologie oubliée méritait vraiment un avenir bien meilleur. Aujourd’hui, nous disposons de matériaux beaucoup plus adaptés, de moyens plus avancés pour les concevoir et la demande est croissante. »
Né en Ukraine, Verba s’est installé en Israël en 2016 peu après y avoir créé Atlas avec quelques autres partenaires attirés par l’écosystème technologique en plein essor et l’esprit d’innovation d’Israël.
Verba veut créer ce qu’il espère être le dirigeable le plus écologique du monde à partir duquel les touristes pourront contempler les sites depuis le luxe d’un appareil doté d’un intérieur spacieux, de grands fauteuils, d’immenses fenêtres et de ponts d’observation dont pourront profiter environ 17 passagers. Le dirigeable Atlas-11 est un modèle actualisé et modernisé des dirigeables traditionnels AU-30, qui ont été utilisés ces dernières années pour la surveillance et la photographie.
Selon lui, ces dirigeables seraient aussi sûrs, voire plus, que les autres avions, car ils seraient tous certifiés et approuvés par les autorités aériennes.
Les vaisseaux utilisent un système de propulsion électrique qui ne laisse aucune empreinte carbone, a-t-il précisé, et le système de lancement est alimenté par un gaz d’hélium sûr, créant une portance sans consommer de carburant. Le gaz reste à l’intérieur du corps du vaisseau – confiné par son extérieur incurvé – et ne génère aucune pollution. Contrairement aux avions ou aux hélicoptères, il n’y a pas besoin de piste de décollage et d’atterrissage en asphalte ou en béton. Le dirigeable a juste besoin d’un espace ouvert d’environ 200 à 300 mètres de diamètre.
Verba espère lancer ce service au cours des deux prochaines années. Un vol de 30 minutes à bord de l’Atlas-11 devrait coûter environ 200 dollars.
Avec une altitude de 300 à 1 500 mètres, une vitesse de 60 à 90 km/h et un moteur électrique silencieux, l’Atlas-11 flotterait littéralement dans les airs, a-t-il expliqué.
« Le dirigeable peut offrir une expérience complètement différente aux voyageurs », a déclaré Verba. « Un vol très doux, de grandes fenêtres, pas de vibrations, peu de bruit, parce que nous flottons dans l’air, sans vraiment nous battre avec l’air. »
Atlas-11 n’a pas l’intention de concurrencer d’autres formes de transport, mais plutôt « d’être sa propre niche », a souligné Verba. Il souhaite développer l’industrie et peut-être ouvrir la voie à d’autres modes de transport pour qu’ils deviennent plus efficaces et durables.
« L’air nous retient »
Pour l’instant, Atlas travaille à la modification de la conception et est en discussion avec des investisseurs et des municipalités qui souhaitent attirer davantage de touristes dans leur région. Le projet actuel consiste à utiliser un système de propulsion électrique hybride, avant de passer à terme à un système entièrement électrique alimenté par des batteries. Il n’existe pas encore de prototype grandeur nature, mais la taille prévue est d’environ 72 mètres de long et d’un peu plus de 21 mètres de haut.
Selon Verba, Atlas suscite beaucoup d’intérêt au niveau international, avec des demandes en Asie, en Europe et en Israël. Il a également déclaré qu’ils sont en discussion avec des partenaires du Golfe qui sont intéressés par la technologie. Avec une base opérationnelle en dehors de Jérusalem, une fois le prototype construit, Atlas peut gérer le processus de certification, a-t-il ajouté.
Les destinations touristiques, pour l’instant, comprendraient des vols au-dessus de Jérusalem et de la mer Morte. Tous les vols seraient coordonnés avec le trafic aérien, et Verba a déclaré qu’à l’avenir, lorsque l’industrie du tourisme se remettra de la pandémie de coronavirus, il y aura plus de possibilités en ce qui concerne les destinations de vol. Il espère pouvoir déployer Atlas vers n’importe quelle destination attrayante dans le monde.
Le rêve de Verba est de créer un dirigeable suffisamment grand pour transporter des marchandises importantes, même s’il reconnaît que l’industrie du tourisme est un bon point de départ pour l’utilisation contemporaine des dirigeables.
Contrairement à Atlas, le dieu Titan de la mythologie grecque, qui a été puni en étant obligé de retenir le ciel pour toujours, Verba a déclaré que son Atlas faisait exactement le contraire.
« L’air nous retient », a-t-il déclaré. « Nous ne pouvons pas retenir le ciel ; c’est un peu la situation inverse. Le ciel nous tient. »