Un leader évangélique pro-Israël fustige l’antisémitisme au Parti républicain
John Hagee a publié une tribune dénonçant la branche texane du parti qui a rejeté l'interdiction des associations avec les sympathisants néo-nazis
JTA — Aux États-Unis, le pasteur John Hagee, leader évangélique pro-israélien influent, a critiqué les Républicains pour leur tendance à promouvoir « un racisme à peine voilé », les accusant également d’être « une source virale et contagieuse de politiques anti-américaines, anti-chrétiennes et antisémites ».
Hagee est le fondateur du groupe Christians United for Israel, qui est depuis longtemps considéré comme proche de la droite israélienne et qui a salué et approuvé la candidature d’une série de candidats à la Maison Blanche, notamment la candidature de Donald Trump. Le pasteur avait procédé à une bénédiction lors de l’ouverture de l’ambassade américaine de Jérusalem en 2018 et, l’année suivante, cinq responsables de l’administration Trump – dont son vice-président Mike Pence – avaient pris la parole lors de la conférence annuelle de l’organisation CUFI.
Mais cette année, Hageee a pris ses distances face à Trump, faisant une prière lors du lancement de la campagne présidentielle de Nikki Haley. Et lundi, à la veille de la Primaire républicaine dans le New Hampshire, il a publié une tribune dans le Christian Post contenant des piques à l’égard de Trump, dont il ne prononce pas le nom dans la lettre ouverte.
« De multiples porte-drapeaux du Parti républicain font constamment appel à ce qu’il y a de pire dans leur auditoire en faisant le commerce d’un racisme à peine voilé, tout en piétinant cyniquement notre Constitution », écrit-il dans son texte. « De la même manière, la foi n’est pas une simple décoration et la parole de Dieu n’est pas un slogan politique. »
Il ajoute que « l’égarement d’un peuple, par des personnes qui jouent sur la nostalgie en promettant la vision irréaliste d’un passé révolu, n’est pas sans précédent et loin de là – mais quand cette nostalgie est ancrée dans l’insulte, dans le racisme et dans l’antisémitisme, elle est fondamentalement contraire à l’Amérique et elle est bien évidemment l’œuvre du démon ».
Pendant longtemps, Hagee s’en est pris avec force aux Démocrates et, dans son texte, l’auteur critique aussi très largement leur camp et notamment le président américain Joe Biden. « Les socialistes et les autoritaristes sont sur le point de se saisir des deux partis politiques de l’Amérique », note-t-il. Il ajoute être « fondamentalement en désaccord avec la majorité des politiques adoptées par les Démocrates ».
Mais même lorsqu’il nomme Biden qui, selon lui, « a échoué à sauver son parti des périls du socialisme », Hagee envoie une pique voilée à Trump, qui avait affirmé que le scrutin présidentiel de 2020 avait été truqué : « Le président Biden a été dûment élu », écrit-t-il ainsi.
Trump et ses alliés avaient défendu les émeutiers qui avaient cherché à renverser l’élection de Biden à la présidence. De plus, Trump a récemment estimé que les immigrants « empoisonnent le sang » du pays, un langage qui semblait trouver son origine dans la formulation du livre d’Adolf Hitler, Mein Kampf. Lors d’un rassemblement, au mois de décembre, Trump a démenti avoir plagié Hitler et a précisé qu’il n’avait jamais lu son livre.
Haley, ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ex-ambassadrice américaine aux Nations unies, est la dernière concurrente susceptible de faire de l’ombre à Trump dans ces Primaires. Elle a misé sa campagne sur sa bonne performance dans le New Hampshire. Elle est soutenue par les Juifs républicains de l’establishment qui veulent trouver une alternative à Trump et qui accordent leur préférence à sa politique étrangère interventionniste et à son fort soutien à Israël. Haley a pris la parole, l’année dernière, lors de la conférence annuelle du groupe CUFI à Washington.
Dans sa tribune, Hagee évoque la branche des Républicains dans son État du Texas, l’accusant de promouvoir l’antisémitisme après avoir rejeté une interdiction faite à ses membres de s’associer à des sympathisants néo-nazis ou à des négationnistes de la Shoah. Évoquant ce rejet, Hagee écrit : « Aggravant ce qui s’est passé, le vote sur cette résolution a été tenu secret, donnant , dans les faits, le droit au parti de collaborer avec des nazis. »
Le groupe CUFI est l’un des groupes de pression pro-Israël de droite les plus influents aux États-Unis. Il a pris la tête d’initiatives visant à faire approuver des lois, dans les États, qui condamnent le mouvement de boycott d’Israël. Au niveau fédéral, il a été l’une des premières organisations à faire pression – avec succès – en faveur d’un conditionnement du financement des institutions palestiniennes en réclamant l’arrêt du versement de financements mensuels aux terroristes palestiniens et à leurs familles.
En plus de diriger son groupe, Hagee est le fondateur de la Cornerstone Church and of Hagee Ministries, une organisation caritative qui fait parvenir des millions de dollars aux organismes israéliens de bienfaisance, sans exclure ceux des implantations de Cisjordanie.
Hagee avait approuvé la candidature de feu le sénateur John McCain au cours du scrutin présidentiel de 2008 – il lui avait ensuite retiré son appui lorsque certains propos passés de Hagee avaient retenu l’attention et que ce soutien était devenu encombrant pour le candidat républicain. Hagee avait notamment estimé qu’Adolf Hitler avait rempli les commandements de la Bible. Il avait aussi fait référence à l’église catholique en évoquant « une grande prostituée ». Il s’est ultérieurement excusé suite à ces déclarations. Il avait aussi prononcé des paroles islamophobes.
Ses propos ont continué à provoquer des controverses. Plusieurs groupes pacifistes pro-Israël se sont opposés à une éventuelle allocution de sa part lors du rassemblement pro-Israël massif qui a eu lieu au mois de novembre à Washington, partiellement en raison de sa rhétorique incendiaire à l’encontre des membres de la communauté LGBTQ.