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Un ministre du Likud ne craint pas de siéger dans l’opposition

Ce cadre du parti, considéré comme proche de Netanyahu, affirme qu'un gouvernement dirigé par Gantz s'effondrera d'ici un an du fait de discordes internes et d'attaques constantes

Shalom Yerushalmi est analyste politique pour Zman Israël, le site en hébreu du Times of Israël sur l'actualité israélienne.

Des bénévoles trient des affiches électorales à l'effigie du Premier ministre Benjamin Netanyahu, au siège de la campagne électorale du parti Likud à Tel Aviv, le 2 mars 2020. (Jack GUEZ / AFP)
Des bénévoles trient des affiches électorales à l'effigie du Premier ministre Benjamin Netanyahu, au siège de la campagne électorale du parti Likud à Tel Aviv, le 2 mars 2020. (Jack GUEZ / AFP)

Le leader du Likud Benjamin Netanyahu ne peut pas former de gouvernement, et son bloc religieux de droite dirigé par le Likud pourrait se retrouver dans l’opposition, selon un ministre proche du Premier ministre.

Bien que le Likud ait remporté 36 sièges, son meilleur résultat ces dernières années, le bloc de Netanyahu composé du Likud, de Yamina, du Shas et de Yahadout HaTorah n’a obtenu que 58 sièges lors des élections de lundi, soit trois de moins que la majorité, et les efforts pour amener un parti ou des députés individuels à déserter leur camp et à rejoindre le bloc semblent être dans une impasse.

Dans le même temps, son principal rival, Benny Gantz de Kakhol lavan, semble prêt à échafauder un gouvernement technocratique dans le but de faire passer une loi qui interdirait à un Premier ministre de rester en fonction pendant qu’il est jugé par la justice. Le procès de Netanyahu dans trois affaires de corruption doit débuter le 17 mars.

Un tel gouvernement nécessite de réunir des ennemis acharnés : Yisrael Beytenu et la Liste arabe unie. Jeudi, le leader d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, aurait signalé qu’il serait prêt à soutenir un tel gouvernement, mettant ainsi fin à tout espoir que Netanyahu aurait pu avoir de s’attirer le soutien du dirigeant laïc. Pour la première fois depuis plus d’une décennie, des membres importants du Likud parlent de se retrouver dans l’opposition.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (au centre) rencontre les chefs des partis de droite, après les élections israéliennes qui, une fois encore, semblent le laisser sans majorité claire, le 4 mars 2020. (Yonatan Sindel/FLASH90)

« Netanyahu ne peut pas redevenir Premier ministre », estime le ministre du Likud, s’exprimant sous couvert d’anonymat, car il contredit la ligne officielle du parti.

« Nous espérions obtenir 60 députés dans le bloc de droite à l’issue des élections. Nous savions que 61 n’était pas réaliste, mais avec 60 nous avions quelque chose sur quoi travailler, nous aurions pu faire une vente aux enchères pour voir qui sauterait le premier du bateau. Un député aurait fini par franchir la ligne. Mais aujourd’hui, nous avons 58 députés. Nous ne pouvons donc rien faire. Nous allons siéger dans l’opposition. »

Le ministre soutient qu’au lieu de s’entêter et de retarder l’inévitable, Benjamin Netanyahu devrait renoncer à toute discussion sur l’obtention d’un mandat du président Reuven Rivlin pour former un gouvernement.

Je dirais au président : « Je n’ai pas la majorité nécessaire, je n’ai pas de gouvernement. Passez à autre chose », a-t-il ainsi indiqué.

Ahmad Tibi vote à Taibe, le 2 mars 2020. (Crédit : Adam Rasgon/Times of Israel)

Officiellement, le parti continue de soutenir qu’il essaie de rallier les transfuges à sa cause. Il a également qualifié d’illégitime la tentative de faire passer une loi contre le chef du Likud. Mercredi, Benjamin Netanyahu a déclaré lors d’une conférence de presse que Gantz avait moins de soutiens que lui en ce qui concerne la « majorité juive », un terme considéré comme raciste qui écarte les votes pour la Liste arabe unie, qui a remporté 15 sièges lundi. Le ministre a également utilisé ce terme à plusieurs reprises.

Benny Gantz et d’autres membres de son parti avaient également évoqué cette idée dans les dernières semaines de sa campagne, mais il a fini par s’en excuser. La Liste arabe unie a officiellement fait savoir que l’ancien chef d’état-major « devrait faire des changements » pour qu’elle le soutienne.

« Gantz disposerait de 62 sièges si les députés arabes sont prêts à oublier ce qu’il a dit avant les élections à propos de la ‘majorité juive' », a commenté le ministre.

Le leader du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, s’exprime après la révélation des résultats des sondages de sortie des urnes au siège de son parti, à Tel Aviv, le 3 mars 2020. (Crédit : AP/Sebastian Scheiner)

« Le problème est que les Arabes ont trop de députés. Ce n’est pas comme les cinq députés qui ont aidé Yitzhak Rabin à former une coalition en 1992. Aujourd’hui, ils sont 15, et ils décident de tout. Mais nous comprenons maintenant qu’il n’y a rien que nous puissions faire contre cela », a-t-il ajouté, faisant référence à un gouvernement de 1992 soutenu par Hadash et le Parti démocrate arabe.

Le ministre, considéré comme proche de Netanyahu, ne semble pas déçu par la perspective d’être rétrogradé au rang de membre de l’opposition à la Knesset.

« Nous allons donc nous rendre dans l’opposition, et le chef de l’opposition sera Benjamin Netanyahu », estime le ministre. « Je ne crois pas que nous pourrons renverser leur gouvernement par un vote de défiance. Il faut 61 députés pour soutenir cela et présenter un autre candidat pour le poste de Premier ministre. »

Mais il explique que le Likud va utiliser son temps dans l’opposition pour pilonner une coalition arabe de centre-gauche, prédisant qu’elle s’effondrera facilement.

« Vous pouvez être sûrs que cette coalition va s’auto-désagréger », prédit-il.

Le ministre prétend que l’opposition « embarrassera » le gouvernement quotidiennement avec des projets de loi étendant la souveraineté à la Cisjordanie, ainsi qu’à Jérusalem-Est et au Golan déjà annexé.

« Et ils ne dureront pas longtemps à cause de leur politique concernant Gaza. Et imaginez ce qui se passera s’ils abolissent la loi Kaminitz – Liberman deviendra fou », dit-il, faisant référence à une loi proposée par le dirigeant de Yisrael Beytenu qui prévoit des peines sévères pour ceux qui construisent des structures illégales, à laquelle s’oppose avec véhémence la communauté arabe qui se dit ainsi visée.

Le dirigeant du parti Yisrael Beytenu Avidgor Liberman s’exprime au siège de son parti à Modiin, le soir des élections, le 2 mars 2020. (Crédit : Sraya Diamant/ Flash90)

« Dans un an, il y aura une autre élection », anticipe le ministre. « Netanyahu dirigera le Likud et le bloc de droite. Il n’ira nulle part. Kakhol lavan atteindra ces élections après avoir formé un gouvernement sans majorité juive, en s’appuyant sur la Liste arabe unie, et après un échec qui est aussi attendu qu’une vague de chaleur à la mi-août. »

« Ils vont former une coalition d’opposants et faire face à une grave crise budgétaire, et au coronavirus qui tue les marchés. Ils vont former une coalition, mais ils vont aussi connaître un chaos national, et nous allons finir par reprendre le pouvoir en main. C’est un fait accompli. »

Interrogé sur la possibilité que des partenaires de droite se détachent pour rejoindre Gantz, ou sur une mutinerie interne du Likud qui fait couler beaucoup d’encre, le ministre écarte d’emblée ces deux possibilités.

« Netanyahu est le chef du Likud. Il a été élu pour quatre ans. Sa performance lors de la dernière élection est stupéfiante. Il nous a obtenu 36 sièges alors qu’il était sous le coup d’une inculpation, avec trois témoins d’État, contre trois anciens chefs d’état-major de l’armée et d’autres généraux, et avec Liberman qui a pris des parts des votes de droite. Alors, qui va se dresser contre lui au Likud ? Qui va être suicidaire ? Regardez Gideon Sa’ar [adversaire manqué]. Il a fini avec nous. Pourquoi s’est-il présenté au départ ? »

En fait, dit-il, aller dans l’opposition remettra à zéro toute bataille de succession éventuelle à la présidence de Netanyahu.

« Beaucoup d’entre nous sont en fait heureux d’aller dans l’opposition, ne serait-ce que parce que cela nous met tous sur le même plan : pas de ministre de premier plan et de ministre de second rang », dit-il. « Nous serons tous sur la ligne de départ dans la course à l’héritage post-Netanyahu. Tous les avantages dont certains ministres ont pu bénéficier seront effacés. Ce sera un tout nouveau match. »

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