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Un processus de sélection conflictuel pour l’élection du grand rabbin ashkénaze

L'élection du grand rabbin ashkénaze d'Israël, longtemps retardée et source de divisions, aura lieu jeudi après plus d’un an de reports et de tensions politiques

Les membres de la commission aux élections des nouveaux grands rabbins d'Israël à Jérusalem, le 29 septembre 2024. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90)
Les membres de la commission aux élections des nouveaux grands rabbins d'Israël à Jérusalem, le 29 septembre 2024. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90)

Après un an de retards, dus à des conflits entre rabbins et juges de la Haute Cour sur la participation des femmes dans la commission électorale, et un vote invalide dû à un bulletin mal placé, 70 rabbins et 70 politiciens se réuniront pour la deuxième et, espérons-le, la dernière fois, jeudi, pour désigner le prochain grand rabbin ashkénaze de l’État d’Israël.

À moins d’un coup de théâtre de dernière minute, le choix se fera entre Micha Halevi, grand rabbin de Petah Tikva, et Kalman Ber, grand rabbin de Netanya. Bien que tous deux aient été formés dans des institutions sionistes religieuses et aient servi dans l’armée israélienne, les sionistes religieux restent amèrement divisés sur le choix du candidat.

« Un seul candidat sioniste religieux bénéficie du soutien de tous les rabbins », a déclaré Yaakov Ariel, grand rabbin de Ramat Gan, à propos de Halevi. « Il n’y a rien d’autre à dire. » Ariel, figure respectée du sionisme religieux, avait échoué à devenir grand rabbin ashkénaze en 2003 face à l’opposition des Haredim.

Soutiens partagés et accusations

Le président de Tzohar, une organisation influente du sionisme religieux, a soutenu Ber, affirmant que Halevi « manque de moralité » pour avoir rompu un engagement.

« Quelqu’un qui a trahi la Torah, la moralité et ce qui est juste ne peut pas devenir grand rabbin », a affirmé le rabbin David Stav, président de Tzohar. « Le rabbin Halévi a promis d’accepter la décision du conseil, puis il s’est rétracté. Ce n’est ni moral, ni halakhique, ni juste. »

Le candidat ashkénaze au poste de grand rabbin, Micha Halevi, assiste à une cérémonie de remise des diplômes à des enfants juifs ultra-orthodoxes du Talmud Tora « Moriah Ways », à Petah Tikva, le 17 mai 2023. (Crédit : Gershon Elinson/Flash90)

Stav faisait allusion à une décision d’un conseil de rabbins sionistes religieux dirigé par Ariel qui s’était réuni le 4 juin 2023 et avait choisi le rabbin Meir Kahana, 55 ans, chef du tribunal rabbinique d’Ashkelon, comme leur candidat consensuel pour se présenter en tant que grand rabbin ashkénaze.

Halevi, 60 ans, qui a perdu la course contre Kahana, avait alors signé un document dans lequel il promettait de respecter la décision du conseil. Mais peu de temps après, il est revenu sur sa promesse et a annoncé son intention de se présenter.

Ber, en revanche, qui a réussi à obtenir un large soutien de l’establishment rabbinique haredi, s’est abstenu de solliciter l’approbation du conseil d’Ariel, même s’il a également ses racines dans le camp sioniste religieux.

Le large soutien des Haredim pour Ber et son choix de ne pas se positionner expressément comme candidat sioniste religieux ont conduit Ariel et d’autres rabbins influents à soutenir Halevi.

Cependant, de nombreux sionistes religieux voient dans le changement de position de Halevi une atteinte au Grand Rabbinat.

Le candidat ashkénaze au poste de grand rabbin, Kalman Ber, pose pour un portrait après être devenu grand rabbin de Netanya, le 15 septembre 2014. (Crédit : Yaakov Naumi/Flash90)

La crédibilité du grand rabbinat en jeu

« En tant que sionistes religieux, nous avons déjà perdu la course, même si les deux candidats sont techniquement sionistes religieux », a déclaré la Rabbanit Dr. Tirza Kelman de Nishmat, un institut de formation en autorité halakhique pour femmes orthodoxes.

« Le processus entier a été assez laid, et l’incapacité à respecter les engagements a été très marquante », a-t-elle ajouté.

Kelman, universitaire spécialisée dans le droit juif et responsable du site web en hébreu de Nishmat, a ajouté que l’échec était double.

« Nous avons perdu un très bon candidat, un homme doté d’une grande expérience de juge rabbinique, qui a par ailleurs servi en tant que rabbin et qui est en outre lieutenant-colonel dans Tsahal », a souligné Kelman, en parlant de Kahana.

Rabbanit Dr. Tirza Kelman. (Crédit : Aviad Kelman)

« Mais c’est aussi une perte politique, un échec de l’idée d’un mouvement sioniste religieux uni, capable de coopérer et de parvenir à un consensus », a-t-elle poursuivi. « Cela soulève également des questions sur la nécessité d’un grand rabbinat tout court, sur l’honneur de la Torah, sur le fait de savoir si ce poste est juste un emploi ou s’il peut être quelque chose de plus significatif, s’il peut faire honneur à la Torah pour diverses personnes, ou non. »

Les grands rabbins reçoivent une grande attention médiatique et représentent officiellement l’État d’Israël, tant au niveau local qu’international, et commentent parfois l’actualité.

Les deux grands rabbins – l’un représentant les communautés séfarades et l’autre les communautés ashkénazes, dont les coutumes sont différentes – se partagent également la gestion d’un vaste et lucratif appareil de contrôle de la casheroute géré par l’État et d’un important système de tribunaux rabbiniques à l’échelle nationale, qui dispose de pouvoirs étendus en matière de mariage, de divorce, d’enterrement et d’autres événements marquants.

Les grands rabbins peuvent utiliser leur position pour cultiver leurs relations et faciliter la nomination de leurs amis politiques.

Cependant, le poste en lui-même n’est pas nécessairement représentatif d’une véritable autorité rabbinique, même si certains grands rabbins passés ont également été des autorités rabbiniques respectées.

Ni Halevi ni Ber ne sont considérés comme des autorités rabbiniques de premier plan, bien qu’ils soient tous deux respectés pour leur connaissance approfondie de la loi juive et qu’ils aient consacré leur vie entière à l’étude et à l’enseignement du judaïsme.

Un processus politique

Les élections des grands rabbins, qui ont lieu tous les dix ans, ont souvent donné lieu à des querelles politiques au cours desquelles un courant particulier du judaïsme orthodoxe ayant des affiliations politiques démontre son pouvoir de faire adopter une nomination.

Cette élection ne fait pas exception à la règle.

Des manifestants rassemblés pour les droits des femmes au rabbinat de Tel Aviv, le 18 juillet 2023. (Crédit : Yaël Gadot)

Shas, Yahadout HaTorah et HaTzionout HaDatit, tous membres de la coalition gouvernementale au pouvoir et représentant tous différents segments des populations orthodoxes en Israël, ont eu plus ou moins de succès à pousser leurs propres candidats.

Shas a réussi à obtenir le poste de grand rabbin séfarade pour David Yosef, un fils du fondateur du Shas, feu le rabbin Ovadia Yosef, et une autorité halakhique très estimée dans son propre droit. Le rabbin Yitzhak Yosef, frère de David, est le grand rabbin séfarade sortant.

En revanche, la candidature pour le poste de grand rabbin ashkénaze a suscité de nombreuses controverses.

Le consensus initial formé autour de la candidature de Kahana a commencé à s’effriter après que plusieurs rabbins influents ont exprimé leur crainte que le Shas et Yahadout HaTorah refusent de le soutenir.

Des rumeurs ont circulé contre Kahana, l’accusant d’être favorable à des courants orthodoxes plus libéraux.

À l’inverse, Halevi était perçu comme un choix plus sûr, avec de meilleures chances d’être élu.

Le candidat au poste de grand rabbin ashkénaze Meir Kahana, à Jérusalem, le 7 juin 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Bien que le ministre des Finances Bezalel Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, ait déclaré qu’il respecterait la décision du conseil en faveur de Kahana, il a fait marche arrière à la veille du premier tour des élections qui a eu lieu le 29 septembre et a transféré son soutien à Halevi, craignant semble-t-il que Kahana ne soit pas élu.

À l’approche du second et dernier tour de scrutin, plusieurs sionistes religieux influents ont apporté leur soutien à Halevi, sans forcément avoir de lien personnel avec le candidat.

« On m’a demandé de soutenir un candidat particulier et j’ai répondu que je ne savais même pas qui c’était », a déclaré le rabbin Shlomo Aviner, chef de la yeshiva Ateret Yerushalayim, considéré comme étant plus à droite sur l’échiquier du sionisme religieux et plus proche de la communauté haredi.

« J’ignore s’ils sont les plus vertueux, s’ils sont réellement des érudits en Torah ou s’ils ont le meilleur contact avec le peuple, soit les trois critères les plus importants pour le choix d’un rabbin », a-t-il ajouté.

Bezalel Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, et Yitzchak Goldknopf, chef de Yahadout HaTorah, à la Knesset, le 21 novembre 2022. Illustration. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Aviner a néanmoins accepté de soutenir Halevi.

« Tout d’abord, je le connais un peu. Et puis, des rabbins plus importants que moi m’ont dit de le soutenir. Je fais donc confiance à ces rabbins qui sont tous justes, érudits et proches du peuple », a expliqué Aviner.

Il s’est abstenu de révéler l’identité de ces rabbins.

Par ailleurs, le grand rabbin de Kiryat Motzkin David Meir Drukman, l’un des 70 rabbins ayant le droit de vote pour l’élection de jeudi, a indiqué qu’il n’avait toujours pas décidé pour qui voter.

« Les deux candidats sont dignes d’intérêt, mais je ne sais pas lequel des deux je choisirai », a indiqué Drukman.

Drukman, qui est affilié à Habad, a ajouté que personne n’avait tenté de faire pression sur lui pour qu’il soutienne l’un ou l’autre des candidats.

« C’est peut-être parce que tout le monde sait que je ne suis pas quelqu’un qui se laisse influencer », a-t-il fait remarquer.

Il a également précisé que Habad, en tant que mouvement, ne soutient aucun candidat en particulier.

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