Un projet philatélique sur la Shoah et 9,2 M de timbres oblitérés
Pendant 8 ans, les étudiants d’une école privée du Massachusetts ont récolté des timbres afin de s’instruire au sujet de la Shoah – et de combattre le harcèlement
Pour les professeurs ayant la tâche d’enseigner la Shoah aux enfants, une question souvent entendue est : « Combien six millions représentent-ils de personnes ? »
Depuis 2009, une école privée du sud-ouest de Boston a mis en place un projet afin de répondre à cette question. Du jardin d’enfants au lycée, les élèves de la Foxboro Regional Charter School travaillent à récolter 11 millions de timbres oblitérés provenant du monde entier – un pour chaque victime de la politique génocidaire nazie, incluant les six millions de victimes juives de la Shoah.
Au cours de sa commémoration annuelle de Yom HaShoah [la Journée de souvenir dédiée à la mémoire de la Shoah], le Conseil des Relations de la Communauté juive de Boston a décerné un prix d’enseignement de la Shoah à deux des professeurs de l’école. Se tenant dans l’historique Faneuil Hall, la cérémonie a réuni des survivants locaux et des diplomates israéliens et allemands, ainsi que les enseignants à l’origine du projet philatélique sur la Shoah.
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Depuis 2011, une petite partie des 9,2 millions (la collecte n’est pas terminée) de timbres a été utilisée pour réaliser des collages liés à la Shoah, avec des sujets tels que « la musique comme résistance » et les kindertransport – le sauvetage des enfants Juifs. Les œuvres terminées sont exposées lors d’événements scolaires de la ville, garantissant ainsi que l’enseignement de la Shoah continue toute l’année à Foxboro, plus connu pour être la patrie de l’équipe de football américain des New England Patriots.
« La plupart de nos élèves de collège et de lycée ont découpé et trié les timbres avec nous à un moment ou à un autre », explique Jamie Droste, directrice du projet et coordinatrice des activités d’enseignement de l’école.
Au moment de recevoir la récompense, Droste a mentionné la capacité du projet à impliquer des élèves de tous âges, ainsi qu’une « petite armée de bénévoles adultes » qui aident à découper et trier. L’enseignante a également partagé la manière dont cette entreprise avait rempli d’autres aspects de sa vie, comme lorsque des membres de son église lui font suivre leurs timbres oblitérés chaque semaine.
Selon la fondatrice du projet, Charlotte Sheer, les salles de classe de l’école de Foxboro « sont diversifiées en termes d’appartenance raciale et de culture ». Certains des 1300 élèves de l’école apprennent l’anglais comme deuxième langue, et la Shoah n’est pas un sujet dont tous ont entendu parler, Sheer a-t-elle expliqué au moment de recevoir la récompense.
« Il s’agit du projet le plus important de ma carrière d’enseignante », a ajouté Sheer qui, en 2009, a présenté à ses élèves de CM2 le défi de récolter un timbre oblitéré pour chaque victime. Ayant, comme à son habitude, fait usage de fiction historique afin d’enseigner la Shoah à ses élèves, Sheer a conduit sa classe à récolter 25 000 très authentiques timbres au cours de la première année du projet.
Après avoir impliqué d’autres enseignants dans ce projet, Sheer a demandé aux élèves de créer un collage sur le thème de la Shoah en utilisant des groupes choisis de timbres. Bien qu’elle ait quitté l’école depuis, cette enseignante espère que le projet qu’elle a initié finira par abriter un espace d’exposition permanente pour les 18 collages, ainsi que pour des documents liés au projet, dont des lettres de donateurs, des photographies et – bien entendu – les 11 millions de timbres à la mémoire des victimes de Hitler.
Dans l’un des collages effectués par l’alliance gay-hétéro de l’école, les élèves se sont concentrés sur la lutte, parfois violente, pour les droits de l’homme, et ceci en utilisant des timbres à thématique militaire. Leur collage « Triangle rose » comprend des timbres avec des illustrations de boxe, d’escrime et de nombreuses armes. Pour un collage sur la Kristallnacht, le pogrom de 1938, les élèves ont découpé des timbres représentant les célèbres vitraux de Marc Chaggal afin de figurer une synagogue en feu et le chaos dans les rues.
L’un des buts déclarés du projet philatéliste est d’utiliser l’enseignement de la Shoah dans la lutte contre le harcèlement, notamment en étudiant d’autres cultures à travers leurs timbres. Des timbres israéliens et américains de Hanoukka ont été utilisés pour représenter un drapeau israélien dans un collage intitulé « Paix », et des timbres de pays européens figurent une partie du camp de partisans des frères Bielski dans « La forêt qui sauva des vies ». Afin de dessiner le drapeau danois dans un collage au sujet du sauvetage des Juifs au Danemark, ce sont des timbres rouges « Amour » qui ont été utilisés.
Avec un élan de huit ans derrière lui, le projet reçoit des enveloppes de timbres oblitérés de la part d’écoles en Israël, en Australie et en Europe. Plus près, un habitant du Massachusetts a fait don de 10 000 enveloppes qu’il avait entreposées dans son grenier depuis les années 80. Quelques rescapés de la Shoah et leurs descendants ont envoyé des timbres pour chacun des membres de leur famille décédés, tandis que des églises et des synagogues envoient à l’occasion des centaines de dons d’un coup.
« Durant huit ans, le projet philatélique sur la Shoah a servi de tremplin pour l’utilisation de l’histoire mondiale afin d’enseigner la tolérance, l’acceptation et le respect des différences », selon un communiqué du Conseil des Relations de la Communauté juive au sujet du projet.
« Les deux [enseignantes] Charlotte Sheer et Jamie Droste ont ouvert l’esprit et le cœur des élèves, des professeurs et des membres de la communauté, incitant leurs collègues à faire entrer leurs enseignements dans leurs propres salles de classe. »
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