Un voleur d’antiquités arrêté dans le Négev
Un résident de Bir Hadaj muni d'un détecteur de métaux a été surpris sur le site du patrimoine mondial de Haluza, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

Après 13 ans de travail, trouver 150 pièces de l’époque byzantine est toujours aussi excitant pour Guy Fitoussi de l’Autorité israélienne de l’Antiquité (IAA). Mais ça le met aussi en colère.
En tant que chef de l’unité de prévention des vols de l’IAA du Négev, Fitoussi sait qu’avec la découverte de vestiges comme celle-ci – retrouvée par un résident de Bir Hadaj âgé de 50 ans alors qu’il cherchait des pièces de monnaie avec un détecteur de métaux – d’innombrables sites historiques sont détruits.
Dimanche après-midi, le résident de Bir Hadaj, un village bédouin près de Beer Sheva, qui jouxte la limite nord de la réserve naturelle de Holot Mashabim, a été arrêté en possession d’un détecteur de métaux sur le site du patrimoine mondial Haluza de l’UNESCO. Haluza a été reconnu en 2005 comme faisant partie de le Route de l’encens nabatéen. L’apogée de sa domination est probablement survenue plus tard, à l’époque byzantine.

L’utilisation d’un détecteur de métaux sur un site archéologique est une infraction criminelle au sein de l’État d’Israël. Selon Fitoussi, il est même illégal d’avoir un détecteur de métaux dans son véhicule sur les sites d’antiquités.
Posséder un détecteur de métaux n’est pas illégal, précise Fitoussi, mais il est illégal de rechercher des antiquités dans n’importe quelle partie du pays. Et dans un si petit pays rempli d’antiquités, « Même si vous ne voulez pas chercher des antiquités, vous en trouverez probablement. »
Selon le Dr Tali Erickson-Gini, une archéologue de l’IAA dans le district du sud, « Les pièces de monnaie n’ont pas encore été nettoyées et étudiées, mais on y trouve généralement des pièces de monnaie d’époque nabatéenne, romaine et byzantine.

Ces pièces de bronze particulières, maintenant sous scellées, pourraient remonter au 1er siècle de notre ère ou un peu plus tôt au 6e siècle de notre ère, a déclaré Erickson-Gini.
Leur âge impressionnant, cependant, ne veut pas dire qu’elles soient précieuses : Fitoussi estime que le butin ne vaut que quelques centaines de dollars. Leur valeur réside dans leur intérêt en tant qu’aides à la recherche – sur les sites de fouilles.
« Dès qu’on les trouve en dehors de leur contexte, on ne sait pas d’où elles viennent. Les pièces de monnaie peuvent donner beaucoup d’informations aux chercheurs. Il est possible d’en apprendre beaucoup sur les lieux, mais comme nous ne savons pas d’où elles viennent exactement, la valeur historique des pièces de monnaie est dévaluée », déclare Fitoussi.
Fitoussi déclare que l’équipe attrape beaucoup de personnes qui cherchent des pièces de monnaie dans la région du Négev. Dans le cas du résident de Bir Hadaj arrêté dimanche, ils ont été prévenus par un citoyen qui a appelé la police.

Ici en particulier, a-t-il précisé, la population majoritairement bédouine est influencée par une vision hollywoodienne de l’argent facile par la découverte de l’or.
« Cela semble très attirant, mais cela cause énormément de destructions – et cela ne fait qu’empirer », a-t-il dit.
« Dans leur course à l’argent, les voleurs d’antiquités nous volent notre histoire. L’Autorité israélienne des antiquités et la police israélienne considèrent sérieusement les dommages causés aux sites d’antiquités en Israël et travaillent ensemble pour traduire les auteurs en justice », a déclaré M. Fitoussi.
Pour lutter contre le problème, M. Fitoussi a déclaré qu’une équipe de bénévoles garde un œil sur les sites et, ce qui est peut-être plus important encore, il donne régulièrement des conférences d’information dans les écoles locales.
« Une partie du problème vient de l’ignorance », précise-t-il. Les élèves ont entendu des histoires extraordinaires sur les chasses au trésor et l’argent facile, alors quand ils grandissent, ils décident de tenter leur chance.
« Il semble peut-être un peu naïf de dire que si je vais dans une école et que je parle de l’aspect éducatif et informatif, cela aidera les jeunes à décider de ne pas aller fouiller quand ils seront grands », a dit Fitoussi.
Quant à ceux qui disent qu’ils ont un détecteur de métaux pour des raisons récréatives, Fitoussi a dit que dans un pays bourré d’antiquités comme Israël, il vaut probablement mieux ne pas prendre de risques. « Il y a beaucoup d’autres passe-temps dans le coin », dit-il.