Un Yom HaAtsmaout « doux-amer » : Witkoff exhorte les Israéliens à « être unis »
L'envoyé de Donald Trump a exprimé son soutien aux "initiatives d'aide en cours" à Gaza et a déclaré que l'extension des Accords d'Abraham serait annoncée "très bientôt"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

L’envoyé spécial des États-Unis pour le Proche-Orient, Steve Witkoff, a exhorté les Israéliens à « choisir l’unité plutôt que la division » lors d’un événement organisé par l’ambassade d’Israël à Washington, lundi, à l’occasion de Yom HaAtsmaout – la fête de l’indépendance – qu’il a qualifié « de doux-amer », alors que 59 otages languissent dans les tunnels de la bande de Gaza.
« Israël est une nation extraordinaire depuis sa fondation. Il a fait face à des menaces extérieures avec créativité, résilience et triomphe, et [les États-Unis] seront toujours [son] plus grand allié. Pourtant, c’est dans son unité que réside la force d’Israël », a déclaré Witkoff.
« Au cours des vingt derniers mois, d’innombrables Israéliens ont fait de grands sacrifices. En leur honneur, j’exhorte le peuple israélien à choisir l’unité, la vision, l’espoir plutôt que la division, le désaccord et le désespoir. Lorsque vous le ferez, l’avenir d’Israël brillera plus que jamais », a-t-il ajouté.
Ce message était plus caractéristique d’un président israélien que d’un dignitaire étranger, et encore moins d’un représentant de l’administration Trump, qui a largement évité de se mêler des affaires internes d’Israël.
Mais cela témoigne d’une certaine familiarité avec le discours politique israélien actuel, qui s’est encore aggravé avec l’approbation par le gouvernement d’une extension de ses opérations militaires contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, ce qui pourrait accroître les risques pesant sur la vie des vingt-quatre otages présumés encore vivants.
Le gouvernement semble en désaccord avec la majorité de l’opinion publique qui, dans des sondages successifs, s’est déclarée favorable à la fin de la guerre en échange de la libération des otages restants.
Happy Independence Day to the State of Israel. I was honored to join tonight’s celebration with Amb @yechielleiter. Looking forward to our two countries working together over the coming year to resolve the many challenges we face, so that we may move closer to peace, prosperity,… pic.twitter.com/8D1fQbZNi0
— Office of the Special Envoy to the Middle East (@SE_MiddleEast) May 6, 2025
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses partenaires de la coalition ont fait valoir qu’un tel accord maintiendrait le Hamas au pouvoir. Ils espèrent au contraire que de nouvelles pressions militaires amèneront le groupe terroriste à accepter de relâcher les otages, sans garantie de fin de la guerre en échange.
Cette stratégie n’a pas porté ses fruits depuis le 18 mars, date à laquelle Israël a repris les combats, mettant fin au cessez-le-feu conclu avec le Hamas après une première phase de six semaines.
Dans l’espoir de sortir de l’impasse, le cabinet de sécurité a approuvé un plan ordonnant à l’armée israélienne de réoccuper progressivement l’ensemble de la bande de Gaza et d’y maintenir une présence indéfiniment. Alors que Netanyahu serait prêt à se retirer de l’enclave si le Hamas accepte de libérer les otages et de déposer les armes, ses partenaires d’extrême droite au sein de la coalition, avec lesquels il est lié pour se maintenir au pouvoir, ont affirmé que la prise de contrôle serait permanente et que le plan consistait à rétablir les implantations dans l’enclave.
Cette position ne correspond toutefois pas non plus à celle de la majorité des Israéliens, comme le révèlent les sondages.

Witkoff a démontré qu’il connaissait bien certaines de ces dynamiques lors d’une interview podcastée avec Tucker Carlson en mars.
Il a ensuite souligné que si Netanyahu se préoccupe du sort des otages, « on dit de lui qu’il se préoccupe davantage de la lutte ».
En effet, Netanyahu a déclaré la semaine dernière que la défaite du Hamas était plus urgente que la libération des otages.
Dans l’interview de mars, Witkoff avait déclaré que Netanyahu « veut récupérer les otages – s’il le peut – mais il pense que faire pression sur le Hamas est le seul moyen d’y parvenir ».
« Je pense que Bibi pense qu’il fait ce qu’il faut. [Mais] je pense qu’il se heurte à l’opinion publique… parce que l’opinion publique là-bas veut que ces otages rentrent chez eux », avait ajouté Witkoff.
L’envoyé de Trump a commencé son bref discours lundi en félicitant Israël au nom du président américain à l’occasion de son 77ᵉ Yom HaAtsmaout, qui a été célébré la semaine dernière.
« Cette année a été difficile, et notre célébration est douce-amère alors que 59 otages sont toujours cruellement détenus par le Hamas », a déclaré Witkoff.
« Je me souviens d’avoir été à l’hôpital en Israël lorsque nous avons fait sortir les soldates de Tsahal et que j’ai chanté Am Yisrael Chaï [Le peuple d’Israël vit] avec les familles. Je me suis dit que c’était sans doute le moment le plus joyeux de ma vie. »

« Au nom du président Trump, je m’engage à ce que nous travaillions sans relâche cette année, afin que la fête de l’indépendance de l’année prochaine soit non seulement un vœu de bonheur, mais une réalité de paix, de prospérité et, pour Israël, d’unité », a déclaré l’envoyé américain.
« De nombreux efforts sont en cours, notamment des initiatives d’aide humanitaire pour Gaza, que nous saluons », a ajouté Witkoff, semblant faire référence à un plan israélien visant à reprendre l’acheminement de l’aide vers Gaza après plus de deux mois de blocage.
Un responsable israélien et un diplomate arabe au fait de ce plan ont déclaré au Times of Israel qu’il prévoyait de concentrer les quelque 2 millions d’habitants de Gaza dans une zone représentant environ un quart de la taille de l’enclave, près de la ville déjà détruite de Rafah, dans le sud du pays. Bien à l’extérieur des campements de tentes, des enceintes seront installées à partir desquelles l’aide sera distribuée. Des représentants désignés et autorisés de chaque famille devront se rendre à pied jusqu’à l’enceinte afin de récupérer un grand carton de nourriture censé suffire à la subsistance de leur famille pendant une semaine ou deux. L’objectif d’Israël est que cette nouvelle procédure strictement contrôlée garantisse que l’aide ne soit pas détournée par le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Afin d’éviter l’implication directe de Tsahal dans la distribution de l’aide, le plan israélien prévoit que des sociétés de sécurité privées américaines ainsi que des organisations internationales en assurent la distribution et la sécurisation. Toutefois, les Nations unies ont déclaré dimanche qu’elles ne coopéreraient pas avec un plan qui, selon elles, ne répond pas de manière adéquate à la crise humanitaire et transforme au contraire l’aide en un outil politique pour Israël.

Le manque de coopération de la part de la communauté internationale complique encore davantage les efforts visant à financer l’initiative israélienne ou à garantir son succès.
Plus tôt dans la journée de lundi, Trump a déclaré que son administration aiderait à fournir de la nourriture aux Gazaouis « affamés » pendant le blocage de l’aide, mais il a ajouté que le Hamas avait rendu cela « impossible » en détournant l’aide humanitaire au profit de ses terroristes.
Au cours de son discours à l’ambassade, Witkoff a également déclaré que l’administration s’efforcerait d’élargir les Accords d’Abraham que les États-Unis avaient négociés entre Israël et ses voisins arabes au cours du premier mandat de Trump. « Nous pensons que nous aurons quelques annonces ou beaucoup d’annonces très, très prochainement. »
« L’année à venir sera également marquée par des discussions sur les défis régionaux au Moyen-Orient, comme la Syrie, le Liban et, bien sûr, l’Iran – et nous sommes d’accord sur le fait qu’ils ne disposeront jamais d’une arme nucléaire », a déclaré Witkoff sous les applaudissements.
Cette dernière question a constitué un point de discorde discret entre les États-Unis et Israël, Jérusalem craignant que Washington, dans ses pourparlers directs en cours avec Téhéran, n’accepte de permettre à l’Iran de maintenir son programme d’enrichissement de l’uranium.
Witkoff et d’autres responsables américains se sont exprimés dans ce sens, mais Trump lui-même a adopté une ligne plus ferme dimanche, affirmant qu’il n’accepterait que le « démantèlement total » du programme nucléaire iranien, tout en laissant ouverte la possibilité pour la République islamique de poursuivre l’exploitation de l’énergie nucléaire à des fins civiles.
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