Une cargaison de bétail arrive en Israël depuis l’Australie, après plusieurs mois de transit
Des groupes de défense des animaux reprochent aux deux gouvernements d'avoir autorisé l'embarquement de 14 000 têtes de bétail après que le voyage initial a été détourné par les attaques houthies
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Plus de 14 000 têtes de bétail destinées à l’engraissement et à l’abattage en Israël sont arrivées samedi au port de Haïfa après plus de trois mois de transit – l’une des plus longues expéditions de ce type jamais réalisées depuis l’Australie – après que le voyage a été détourné par les attaques des Houthis contre le transport maritime en mer Rouge.
Les associations australiennes et israéliennes de défense des droits des animaux ont condamné l’arrivage de la cargaison et les retards subis et ont appelé le gouvernement à mettre fin au transport d’animaux vivants, notamment en raison des restrictions et des temps de trajet supplémentaires imposés par la guerre et les attaques du groupe terroriste basé en Iran.
Aucune information n’a encore été communiquée sur l’état des animaux à leur arrivée en Israël, mais des dizaines d’entre eux sont morts au cours de la première étape du voyage.
Deux associations israéliennes, Animals Now et Let the Animals Live, ont déclaré dans un communiqué commun que l’industrie du transport d’animaux vivants avait « battu un nouveau record de cruauté, sous le contrôle du ministère de l’Agriculture, qui est censé être responsable de la protection des animaux ».
Le ministère aurait dû geler ces expéditions pendant la guerre en cours, souligne la déclaration, ajoutant qu’il était temps que la Knesset mette fin à ces envois.
La Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA), la société australienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux, a qualifié leur épreuve de « l’un des épisodes les plus honteux de l’histoire de l’exportation d’animaux vivants en Australie ».
Commandés par l’entreprise israélienne de viande Bassem Dabbah Shipping, 14 000 agneaux et 2 000 veaux avaient quitté le port australien de Freemantle le 5 janvier, à bord du MV Bahijah.
Selon The Maritime Executive, le navire dispose de sept ponts, quatre couverts et trois ouverts, et est conçu pour transporter jusqu’à environ 8 000 têtes de bétail.
Le 16 janvier, le navire a été détourné de son itinéraire en mer Rouge par crainte d’une attaque de missiles par les Houthis, soutenus par l’Iran, et a reçu l’ordre de retourner en Australie.
Il a accosté à nouveau en Australie occidentale le 14 février et a déchargé le bétail dans divers parcs d’engraissement, en raison de craintes liées à la canicule et en dépit des lois locales sur la quarantaine.
Environ 13 700 moutons et 550 bovins ont ensuite été rechargés sur le navire, qui a repris la mer le 3 mars, malgré la décision initiale de l’Australie d’interrompre la cargaison.
Rebecca Tapp, porte-parole de l’association australienne Stop Live Exports, a déclaré que « plus de 80 décès ont été signalés, avant que les animaux jugés les plus aptes à survivre à un nouveau voyage ne soient exposés à 35 jours supplémentaires en mer, autour du périlleux cap de Bonne-Espérance ».
« Le commerce d’exportation d’animaux vivants a une longue et honteuse histoire de souffrance animale extrême, mais la saga du MV Bahijah a révélé les horreurs de l’industrie d’exportation de moutons vivants dans l’arrière-cour de l’Australie », a déclaré Suzie Fowler, responsable scientifique de RSPCA Australie.
Affirmant que ce scandale avait souligné « le manque de transparence, l’incapacité de nos réglementations à protéger les animaux et l’approche du profit à tout prix, qui sont endémiques dans l’exportation d’animaux vivants », Fowler a appelé le gouvernement fédéral australien à fixer une date pour mettre fin aux expéditions d’animaux vivants, conformément à une promesse électorale.
En novembre 2018, la Knesset avait adopté en lecture préliminaire un projet de loi visant à réduire progressivement le nombre d’animaux importés en Israël et à y mettre fin complètement dans les trois ans, en passant entièrement à l’importation de viande réfrigérée. Cependant, la législation n’est jamais allée plus loin.