Une cinquantaine de nouveaux cas de militaires néonazis révélés par Mediapart
Des messages sur les réseaux sociaux à la gloire de la Waffen-SS ou du franquisme et des photos devant des drapeaux barrés de la croix gammée ont notamment été repérés
Le site d’information Mediapart a publié ce mardi une enquête révélant « une cinquantaine de nouveaux cas de militaires néonazis », en particulier dans la Légion étrangère, après avoir collecté des informations sur Internet.
Ils ont ainsi découvert des messages sur les réseaux sociaux à la gloire de la Waffen-SS ou du franquisme, des photos devant des drapeaux barrés de la croix gammée, ou encore des vidéos d’enfants incités à accomplir le salut hitlérien.
« Les éléments soulevés par l’enquête de Mediapart sont très graves et ont fait l’objet d’une analyse minutieuse », a réagi le ministère des Armées, en soulignant que « toutes les idéologies néfastes, nauséabondes, révisionnistes, extrémistes, sont proscrites dans les armées » et qu’il n’existe « aucune tolérance » pour ces faits.
« Mais, comme la ministre des Armées (Florence Parly, NDLR) a eu l’occasion de le dire, il faut bien entendu rester humble car aucun dispositif de détection n’est infaillible », a ajouté le ministère, qui veut relativiser les dizaines de cas recensés par Mediapart dans les rangs des armées, qui comptent 210 000 militaires.
Les images révélées par MediaPart sont inacceptables et intolérables.
Ce ne sont pas des cas isolés. C’est une idéologie développée et assumée.
Des sanctions rapides et immédiates doivent être prises par @Armees_Gouv sous peine de valider une idéologie neonazie dans ses rangs. pic.twitter.com/tURYuT8V9c— Noemie Madar (@Noemiemad) March 17, 2021
Mediapart avait déjà révélé l’été dernier des photos de plusieurs militaires, qu’ils avaient postées sur les réseaux sociaux et dans lesquelles ils affichaient publiquement leur idéologie néo-nazie.
Le ministère affirme que ces cas ont été « lourdement sanctionnés » et qu’il en sera de même pour les « quelques profils révélés (par le journal) et qui sont toujours en activité ». Selon le ministère, une « douzaine » des militaires accusés par Mediapart dans son dernier article « ne sont plus liés aux armées ».
En juin 2019, la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la lutte contre les groupuscules d’extrême-droite en France avait placé au premier rang de ses 32 recommandations le « suivi des membres ou anciens membres des forces armées ou de sécurité intérieure impliqués dans des groupes d’ultra-droite », rappelle Mediapart.
Ne pas sanctionner, c’est tolérer.
Nous demandons @Armees_Gouv d’agir au plus vite et de sanctionner les militaires qui affichent officiellement et sans se cacher leur idéologie nazie,suite à l’enquête de MediaPart
La justice doit elle aussi poursuivre et condamner ces individus pic.twitter.com/PQr790lahL— UEJF (@uejf) March 17, 2021
Les mouvements d’extrême droite cherchent en effet à recruter au sein de l’armée et des forces de sécurité. En mai 2020, un ancien militaire de 36 ans et ancien gilet jaune soupçonné d’un projet d’attaque contre la communauté juive avait été arrêté à Limoges par la DGSI.
En 2017, la sous-direction antiterroriste (SDAT) et la DGSI avaient démantelé une cellule qui projetait des actions terroristes à laquelle appartenait un élève de l’école de formation des sous-officiers de l’armée de l’air.
Si les autorités françaises ne révèlent pas de chiffres à ce sujet, en Allemagne, 592 soldats ont été identifiés comme étant d’extrême droite en 2019, et la Bundeswehr n’hésite pas à faire le tri. La deuxième compagnie des KSK, considérée comme celle dans laquelle les dérapages d’extrême droite ont été les plus importants, a ainsi été dissoute il y a près d’un an.
???? Mediapart révèle une cinquantaine de nouveaux cas de militaires néonazis. Des hommes qui n’hésitent plus à afficher leurs convictions à l’intérieur de leurs casernes mais aussi au cours de missions menées par l’armée française.https://t.co/mll21HG1Vs pic.twitter.com/v2Vo0shYob
— Mediapart Vidéos (@MediapartVideos) March 16, 2021
Bien qu’inédits par leur ampleur, les cas de militaires français néonazis documentés par Mediapart ne sont pas les premiers. Même si le ministère des armées s’en défend, mis bout à bout, les «dérapages individuels» ressemblent à un problème récurrent. https://t.co/5tQuwHP5K3
— Mediapart (@Mediapart) March 17, 2021
[THREAD – Enquête @Mediapart] Cette vidéo, qui montre quatre jeunes enfants noirs effectuant des saluts nazis en répétant à tue-tête « Sieg Heil », a été filmée en Guyane par un soldat de l’armée française dans le cadre d’une opération militaire. ⬇️ pic.twitter.com/7bjmC5HIQP
— Sébastien Bourdon (@seb_bourdon) March 16, 2021
Si ce qu’écrit @Mediapart est confirmé c’est un véritable scandale ! Une filière néo-nazis dans notre armée 80 ans après Pétain et 126 ans après l’affaire Dreyfus. C’est insupportable et inacceptable. Une tâche sur le drapeau ???????? ! Des sanctions @EmmanuelMacron @florence_parly pic.twitter.com/48BM7GmUUT
— Ariel Goldmann (@GOLDMANNAriel) March 17, 2021