Une légende de HBO dévoile ses 5 meilleurs documentaires juifs
Pour la publication de ses “mémoires éclectiques” de productrice exécutive aux plus de 1 000 films, Sheila Nevins donne son avis sur les meilleurs films qui ont fait ressortir la juive new-yorkaise qui est en elle
JTA – Le nom de Sheila Nevins ne vous dit probablement rien, mais elle est bien une légende mondiale du documentaire.
Depuis qu’elle a repris le département des documentaires de HBO en 1979, ce département a remporté 25 Oscars. Sur la même période, en tant que productrice, elle a remporté 32 Primetime Emmy Awards et 34 Emmy Awards pour l’information et le documentaire.
Pendant cette période, Nevins a travaillé sur de très nombreux projets concernant des thèmes juifs, sur des sujets allant de Daniel Pearl à l’Holocauste. Certaines thématiques, a déclaré Nevins à JTA, l’ont influencée au-delà du domaine professionnel, en l’aidant à se connecter à son identité juive, que son éducation très laïque ne lui avait pas permise.
« Je me sens juive et j’en suis fière, et je me sens séparée de ma judéité en même temps, a déclaré Nevins, qui a grandi à New York. J’aimerais pouvoir y retourner et aller à l’école du dimanche avec tous ces petits garçons mignons que ma mère ne me laissait pas fréquenter. »
Nevins est la productrice exécutive et la productrice de plus de 1 000 films, et en mai, elle a publié son premier livre, Vous ne faites pas votre âge… et autres contes de fées. (Elle a 78 ans, mais on ne pourrait jamais le deviner – elle a l’air beaucoup plus jeune, et cela, en partie, grâce à de nombreux liftings du visage.
« J’ai assez de Botox en moi pour faire sauter l’Iran », a déclaré la réalisatrice ironique au Hollywood Report en avril.)
Nevins parle de tout cela avec franchise et plus encore dans ce qu’elle appelle ses « mémoires éclectiques ». Le livre se compose d’histoires, certaines vraies (dont une au sujet d’un petit copain dont la mère ne l’aimait pas parce qu’elle était juive), certaines légèrement transformées (une, basée sur des gens qu’elle avait rencontrés, au sujet d’un couple de personnes âgées qui dorment dans des chambres séparées) et d’autres qui sont de la fiction complète (celles-là, « c’est au lecteur de les comprendre », a-t-elle déclaré).
Ecrire le livre, a-t-elle déclaré, c’était comme créer un documentaire.
« Dans un documentaire, vous filmez en général 100 [minutes de film] pour une [minute de produit final]. Alors je ne dirais pas que vous l’inventez, mais vous déterminez ce qu’il faut inclure, et c’est une sorte de découpage, a déclaré Nevins. Mais c’est toujours fidèle au personnage. »
En parlant de personnages, grâce à son carnet d’adresses rempli de célébrités, des amis comme Meryl Streep, Glen Close et Lena Dunham ont prêté leurs voix à la version audio du livre.
Pourtant, le cinéma est seulement le gagne-pain de Nevins. Voici certains des films abordant la thématique juive et sur lesquels elle est le plus fière d’avoir travaillé – au moins en partie parce qu’ils ont fait ressortir en elle la new-yorkaise juive qui est en elle.
“Schmatta: Rags to Riches to Rags” (2009)
« Schmatta » (De la fripe aux riches puis des riches à la fripe) traite de la grandeur et de la décadence de l’industrie des vêtements à New York. Nevins a eu une expérience directe avec cette industrie : certaines personnes de sa famille travaillaient dans ce secteur, et l’été, après avoir fini le lycée, elle a eu un travail de modèle pour un magasin de vêtements.
« Ce n’est pas ce que vous vous imaginez pour du mannequinat, a-t-elle expliqué. Vous mettez un châle, et on vous dit ‘Sheila, viens !’ et il y avait quelque chose de Neiman Marcus ou d’un grand magasin. Ensuite on vous disait, ‘Maintenant tourne-toi, retourne là-bas et prends celui en laine de Perse’. »
Travailler sur le film a également inspiré Nevins pour mener des recherches sur sa grande tante, qui est morte dans l’incendie de l’usine du Triangle Shirtwaist en 1911.
« Tout d’un coup, j’ai eu l’impression d’avoir été une immigrée jadis, l’impression que je faisais partie de cette culture juive ethnique à New York, a-t-elle déclaré.
“One Survivor Remembers” (1995)
https://youtu.be/ww_UaigBQkI
Ce film, dans lequel la survivante de l’Holocauste Gerda Weissman explique comment les nazis ont déchiré sa famille pendant la Deuxième Guerre mondiale, a remporté un Oscar pour le meilleur documentaire court.
Nevins a été particulièrement émue du fait que Klein ne pouvait pas parler des horreurs de son expérience de l’Holocauste dans sa langue natale, le polonais – elle pouvait seulement les décrire en anglais, puisque la langue « la séparait de l’expérience », a déclaré Nevins.
“Larry Kramer: In Love & Anger” (2015)
https://youtu.be/9ve7koHxPP8
Nevins est devenue une bonne amie de Larry Kramer, le dramaturge juif qui a été l’un des plus farouches défenseurs des droits des gays au 20e siècle, alors qu’ils travaillaient ensemble sur ce documentaire, qui parle des vies publiques et privées tumultueuses de Kramer. Ils sont devenus proches en partie à cause de leur judéité, a-t-elle déclaré.
« Nous avons une sorte de lien ethnique historique étrange, comme si on était une famille, il est comme mon frère, a-t-elle déclaré. Je ne peux pas l’expliquer. »
Un des chapitres de Vous ne faites pas votre âge est un poème intitulé « Le Larry Kramer », et il est dédié à sa source d’inspiration éponyme.
“Heil Hitler! Confessions of a Hitler Youth” (1991)
Ce film court se focalise sur Alfons Hecks, un ancien nazi qui décrit son ascension pour devenir un membre haut placé du mouvement des Jeunesses hitlériennes.
L’Anti-Defamation League l’a qualifié de « récit d’avertissement qui doit être vu et dont les jeunes doivent parler partout ».
Nevins est également devenue amie avec Heck qu’elle a invité à la bar mitzvah de son fils il y a plusieurs années.
“Grandpa, What’s That Number on Your Arm?” (2018)
A la projection du documentaire d’HBO sur l’Holocauste « Night Will Fall » au Musée de l’Héritage juif de New York en 2015, Nevins a trouvé un livre dans la bibliothèque du musée sur des grands-parents qui parlent avec leurs petits enfants des numéros tatoués sur leurs bras.
Elle a pensé que l’idée ferait un grand film, tout particulièrement à une époque où les enfants sont exposés aux tragédies dans le monde entier par les réseaux sociaux, sans contexte ni explication.
Nevins apprécie beaucoup la version actuelle du film, déclarant qu’il est à la limite entre donner une information et être trop dérangeant pour les enfants.
« Il est important que [les enfants d’aujourd’hui] sachent qu’ils font aussi partie de cette histoire de violence et de déni », a-t-elle déclaré.