Une nouvelle découverte montre que Jérusalem accueillait les réfugiés il y a 2 000 ans
Des empreintes d'argile sur des documents officiels indiquent qu'après la destruction du Royaume d'Israël, les réfugiés se sont rendus dans le Royaume de Judée, où ils ont gravi les échelons de l'administration
Il y a des millénaires, Jérusalem a peut-être ouvert ses portes à des milliers de réfugiés venus du nord du pays. Une nouvelle cachette des sceaux du premier Temple a été découverte lors de fouilles menées dans la Cité de David à Jérusalem. Elle montre un mélange de noms provenant des royaumes d’Israël et de Judée, utilisés pour les correspondances administratives officielles avant la chute d’Israël aux mains des Assyriens, en 720 avant l’ère commune.
Les dizaines d’empreintes d’argile ont été utilisées sur des lettres et des documents liés par des ficelles et scellés par l’impression de l’argile humide qui porte la marque ou le nom de l’expéditeur. Cet impressionnant trésor a été retrouvé lors de récentes fouilles, qui ont révélé trois constructions de la fin de l’Age de Fer, figées dans le temps à cause d’une destruction due au siège babylonien en 586 avant l’ère commune. La découverte a été faite par une équipe d’archéologues de l’Autorité israélienne des antiquités (IAA), dirigée par les docteurs Joe Uziel et Ortal Chalaf.
Parmi les dizaines de sceaux retrouvés, l’un d’eux porte le nom de « Ahiav ben (fils de Menachem) ». Ce nom évoque deux rois d’Israël mais le sceau a été retrouvé dans la capitale du Royaume de Judée, Jérusalem.
Uziel est originaire de Miami et a immigré en Israël il y a 25 ans, à l’âge de 18 ans. Après avoir obtenu son diplôme de l’université Bar Ilan, il a travaillé avec l’IAA ces 6 dernières années, sur des fouilles dans la Cité de David, et dans les tunnels du mur Occidental.
Uziel a déclaré lundi au Times of Israël que les sceaux ont été découverts ces derniers mois sur les versants orientaux de la Cité de David, à l’extérieur de l’entrée du Warren Shaft, durant ses fouilles des trois bâtiments « qui ont probablement été construits durant le 8e siècle avant l’ère commune, et détruits par les Babyloniens ».
Uziel a déclaré que les bâtiments ont révélé des trésors, notamment ces dizaines de sceaux, qui seront temporairement exposés cette semaine lors d’une conférence d’archéologie dans la Cité de David.
Des sceaux ont été découverts en grande quantité dans la Cité de David, ces quarante dernières années, a expliqué Uziel, évoquant les fouilles dirigées par Yigal Shilo, et plus récemment par Roni Riech et Eli Shukron. De manière générale, explique Uziel, ils « indiquent le système administratif bien développé du Royaume de Judée à l’époque de la fin du Premier temple ».
Les premiers sceaux sont caractérisés par la présence d’images plutôt que de mots. « Vers la fin de cette époque, à partir de l’époque du roi Ézéchias (autour de 700 avant l’ère commune) et jusqu’à la destruction de Jérusalem, en 586 avant l’ère commune, les sceaux portaient les noms des clercs en typographie de l’hébreu ancien », selon l’IAA.
Les archéologues de la Cité de David ont découvert davantage de nom sur les sceaux, ce qui leur permet de savoir qui étaient les responsables qui « estampillaient les lettres », analyse Uziel.
« Nous avons trouvé une multitude de noms de personnes importantes qui vivaient à Jérusalem à l’époque du Premier Temple », dit-il. Ils ont retrouvé notamment le nom « Pinhas », qui est toujours usité de nos jours.
Il est évident, a fait remarquer Uziel, que les sceaux étaient généralement cassés quand les documents étaient ouverts. Il a donné l’exemple d’une scène de Robin des Bois, dans laquelle Marian envoie une lettre scellée pour garantir sa confidentialité.
Mais le sceau intact portait le nom israélite de « Ahiav ben Menahem », une fusion, avec une petite modification orthographique, du nom de deux rois israélites, Ahav et Menahem.
Le nom du célèbre roi Ahav, dont l’épouse Jézabel aurait aidé le roi à sombrer dans l’idôlatrie, a été retrouvé sur un sceau, découvert dans l’implantation de La’hish, en Judée, écrit sous la forme d’Ahav. Ce nom est retrouvé sous différentes formes en assyrien, et dans les papyrus d’Eléphantine, on le retrouve sous la forme d’Ahiav.
En grec, dans les écrits grecs de Flavius Josèphe, on retrouve Ahiav, ainsi que dans les Septantes. Dans la traduction en grec de la Bible, le roi est nommé Ahaav, alors que dans le livre de Jérémie (Prophètes), on y lit Ahiav.
Selon Ortal Chalaf, co-directrice, ces noms israélites et ces autres découvertes indiquent qu’il est possible qu’après la destruction d’Israël, les réfugiés aient fui le Royaume d’Israël pour le Royaume de Judée, et se soient installés à Jérusalem. Après leur installation, l’usage de leurs noms sur la correspondance officielle montre que ces israélites ont pris de l’importance dans l’administration de Judée, a rapporté Uziel.
« Ces noms font partie de la preuve qu’après l’exil des Tribus d’Israël, les réfugiés sont arrivés à Jérusalem depuis le royaume septentrional, et ont réussi à obtenir des rôles importants dans l’administration de Jérusalem », selon les deux co-directeurs.
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